[Kaddu Jigeen]

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[Kaddu Jigeen] – Parole aux Femmes rassemble le travail des artistes Safaa Erruas (Maroc), Justine Gaga (Cameroun), Ayana Jackson (États-Unis), Fatou Kandé Senghor (Sénégal), Ato Malinda (Kenya), Pascale Obolo (Cameroun), Kara Walker (États-Unis) et Billie Zangewa (Malawi).

Présentée à la galerie Le Manège de l’Institut français de Dakar du 8 mars au 30 avril 2011, dans le cadre du Centenaire de la Journée Internationale de la Femme, cette exposition itinérante propose une série d’œuvres photographiques, vidéos et installations n’ayant jamais été exposées à Dakar.
Tiré de la langue wolof, « kaddu » (femme) et « jigeen » (prise de parole), ce projet est né d’une réflexion développée par la commissaire Christine Eyene suite à la publication de La virginité passée : femme, sexualité et art et Le Gynécée hors-les-murs.
[Kaddu Jigeen] se positionne comme une réponse à Femmes dans les Arts d’Afrique (Musée Dapper, Paris, 2008-2009) exposition de chefs-d’œuvre de sculptures traditionnelles africaines. La femme, issue d’un imaginaire masculin, y était représentée comme « figure allégorique incarnant fécondité et maternité, symbole ou effigie archétypale d’ancêtres ou figure royale ».
[Kaddu Jigeen] propose au contraire une image de la femme par elle-même, à travers une sélection d’œuvres créées par des plasticiennes situées à l’avant-plan de la scène contemporaine.
Déclinant un juste aperçu des préoccupations plastiques et thématiques de ces créatrices, leurs œuvres sont empreintes d’une esthétique que l’on pourrait qualifier de féminine. Elles témoignent d’une volonté de se réapproprier leur image et d’affirmer leur place dans la société – y compris dans le monde de l’art contemporain où la présence féminine est un phénomène relativement récent. En effet, dans son essai Providing a Space for Freedom : Women artists from Africa, N’Goné Fall indique que la présence de la femme dans l’art contemporain ne remonte qu’aux années 1990. Ces propos sont appuyés par Christiane Falguayrettes-Leveau lorsqu’elle écrit « qu’aujourd’hui, les plasticiennes d’origine africaine imposent peu à peu leur créativité ».
Par ailleurs, en regard de l’affirmation de Fall selon laquelle les vagues de revendications féministes de type occidental des années 1960-1970 auraient eu peu d’impact en Afrique, cette exposition s’attache à prendre pour prémices La Parole aux Négresses (1978), de la Sénégalaise Awa Thiam, un des premiers ouvrages féministes d’Afrique de l’Ouest et du continent tout entier.
La Parole aux Négresses invite le lecteur à être à l’écoute de ces femmes africaines partageant le récit de leur condition de vie, voire, de leur intimité. « Le grand mérite de ce livre – écrit Benoite Grout dans sa préface – est qu’il donne enfin la parole aux silencieuses de l’histoire ». De la même manière, [Kaddu Jigeen] entend se faire l’écho de la voix des plasticiennes d’Afrique et de la diaspora avec des œuvres mettant en image et en forme un vécu féminin à travers l’histoire, la société et l’art.
[Kaddu Jigeen] – Parole aux Femmes sera présentée dans plusieurs lieux d’exposition, dont la National Gallery of et la Fondation Blachère, de mai à octobre 2012. Elle donnera lieu à une série de conférences et d’ateliers en présence de la commissaire et des artistes.

///Article N° : 10385

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