Konorofili est un beau début. Bien mené et monté, il prend à bras le corps une question difficile : l’anxiété (traduction de son titre). Anxiété de Félix, un Blanc déprimé à qui les expériences humanitaires en Afrique n’ont pas donné l’espoir ; anxiété de Dou, un Noir qui partage son appartement parisien et veut l’empêcher de commettre le pire. Le trouble de ce rapport intime se reporte sur la relation de Dou avec Sylvie qui ne comprend pas de se voir ainsi délaissée. Le film est au sommet quand il manie les métaphores : une ficelle reliant les orteils illustrera la protection, la tête coulée dans une baignoire symbolisera la désespérance, la geste des rapports intimes évoquera le rapport Europe-Afrique Car la force de Konorofili est de se situer sur le terrain du corps. Les relations se reflètent dans la mouvance des danses d’un soir de fête ou dans le métissage omniprésent, dans le trafic urbain ou lorsqu’embrasser signifie prendre dans les bras Mais le message reste le malentendu débouchant sur la mort, et Konorofili laisse le goût amer d’une irrésoluble ambiguïté. Et donne ainsi envie d’une suite, d’autres films en somme !
2000, 15 mn, 16 et 35 mm, VO français, avec Boris Hazoume, Judith Levasseur, Dominique Gras. Médiane Films (01 53 19 49 00). ///Article N° : 2299