La réalisatrice a passé trois années sur le sujet avec une méthode éprouvée : d’abord interviewer les aides et conseillers avant d’aller voir les ministres et présidents cela permet d’avoir déjà une idée précise de la situation, plusieurs éclairages, et de poser les questions qui gênent. Le résultat est d’une grande qualité de contenus : c’est une véritable chronique des années 1994-2000 qui nous est proposée par les acteurs de la tragédie guerrière qui a ensanglanté la région. Arguments, récits, trahisons
le tout est passionnant, mis à part quelques effets d’image. La primauté accordée aux faits permet à chacun de développer son analyse. Marquante, l’absence d’officiels français, qui ont refusé de répondre. Seul l’horrible Robert Bourgi, avocat de Mobutu et bras droit de Focquart donne un petit air de Françafrique
Le film pourrait s’appeler « grandeur et décadence de l’AFDL » : la conquête éclair du Zaïre par les troupes de Kabila, essentiellement rwandaises et ougandaises ; la prise du pouvoir par Kabila sans autre consultation ; le manque de soutien populaire ; les jeux d’intérêt et trahisons des anciens alliés.
Anecdote croustillante : James Kabarebe, Rwandais menant les troupes qui prendront Kinshasa, ne savait même pas de quel côté du fleuve était la ville
C’est par ce genre de détails que le film prend toute sa couleur. Mais l’anecdote ne peut masquer le fond : une rébellion a fait tomber une dictature de trente années, la politique est l’affaire de tous, un avenir est possible !
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