Il y a dans les Siestes grenadines un terrible constat : celui d’une société qui ne cesse de se cacher son vrai visage. Ben Mahmoud ne pouvait le dresser qu’en se centrant sur un personnage partagé : une fille de mère française, de père tunisien, parlant arabe mais venant de Dakar et passionnée de danse africaine. Elle a la vitalité et la naïveté nécessaire pour faire bouger les convenances et révéler les hypochrisies, à commencer par les préjugés racistes et les corruptions manipulatrices. Son personnage a du corps, et ce n’est pas la moindre qualité de ce film attachant : elle nous touche et nous communique un peu de sa force de vie face à tous ces hommes qui passent leur temps à fuir.
Découvrant les rites du stambali de la communauté noire de Tunis (qui sont ici bien vivants et non folklorisés), elle perçoit que cet ailleurs qu’elle recherche dans son être partagé est déjà présent et que malgré son unité de façade, cette société est elle aussi plurielle. C’est là tout l’intérêt de ce film réussi : chacun des personnages grandira à le découvrir et saura ainsi nous en convaincre.
France-Tunisie-Belgique, 1999, 90 mn, avec Soufiya Haydar, Yasmine Bahri, Wahid Haydar, Hicham Rostom. Sortie France le 14 nov.///Article N° : 36