Le Festival de Limoges présente cette année trois spectacles africains, deux créations d’auteurs contemporains : Fama et Tout bas… si bas, et Les Aventures de Dada 1er, un spectacle pour enfants accueilli en tournée.
Tout bas… si bas est une pièce de Koulsy Lamko, un auteur tchadien, que Paul Golub monte avec Le Théâtre du Volcan Bleu et des comédiens d’Afrique, du Maghreb et de France.
Ils habitent un bidonville, le » quartier des accroupis » : un père qui reste perché dans un arbre et refuse d’en descendre, une vieille qui chaque matin scrute son visage dans l’eau d’une calebasse et une gamine énergique prête à tout pour faire bouger les choses et annonce soudain intempestivement la naissance fabuleuse d’un enfant que la vieille met au monde, voilà la trinité symbolique sur laquelle repose l’histoire. Ce texte, écrit en résidence à Limoges en 1993, met en scène une nativité, une naissance miraculeuse, celle d’un enfant sauveur dont le bras porte de noires inscriptions et que bientôt toute une foule se dispute. Mais ce bébé n’est que l’affabulation d’une fillette qui a grandi trop vite. A côté d’une génération démissionnaire, celle du père qui, trop lucide, refuse l’espoir et d’une vieille qui incarne une Afrique passée toute raidie dans des principes qui n’ont plus cours et incapable d’enfanter l’avenir, la fillette incarne toute une génération de débrouillards, de jeunes gavroches qui vit d’expédients et de » démerdes « , la jeunesse d’une Afrique prête à tous les rêves, à tous les idéalismes pour remonter de tout bas… si bas.
Fama, que met en scène l’ivoirien Koffi Kwahulé avec l’Ymako Téatri de Côte d’Ivoire et une équipe artistique internationale, est une adaptation de l’univers romanesque d’Ahmadou Kourouma. Koffi Kwahulé a puisé dans les histoires des deux romans, Les Soleils des indépendances et Monnè, outrages et défis, pour les relier entre elles et inventer au personnage de Fama un parcours initiatique qui lui fasse traverser les trois époques de l’Afrique contemporaine : la colonisation, les indépendances et l’éveil à la démocratie. Fama est une épopée tragique qui nous entraîne de l’Afrique mythiques à l’Afrique moderne.
En dépit du mur monumental que fait édifier Djigui, le roi du Dougou, et comme l’avait annoncé la prophétie, la » Chose » fait irruption dans le Danfa. Le roi Djigui doit faire allégeance à la puissance colonisatrice. Son fils Fama, l’héritier légitime du Dougou, résiste et est bientôt contraint à l’exil tandis que son cousin Lacina est mis à sa place sur le trône.
Après les luttes d’indépendance, Fama est laissé pour compte et ne parvient pas à s’adapter à l’ordre nouveau. Il épouse Salimata et se retrouve à vivre d’aumônes et du travail de sa femme. Mais à la mort de son cousin, il reconquiert son trône et grâce à lui, le Dougou recouvre sa prospérité.
Tandis que sous la poussée d’un élan démocratique, les insurrections se multiplient dans le pays, le pouvoir central décide, pour briser la contestation, de fabriquer de toute pièce un leader d’opposition qui se révélerait être à la solde de l’étranger. Fama est » choisi « , il finit par être arrêté et contraint d’avouer devant les caméras de la télévision que c’est lui qui a fomenté l’agitation. Cet acte de contrition lui vaut la grâce présidentielle, mais Fama se jette dans la mer.
Les Aventures de Dada 1er est un spectacle de clowns mis en scène par la brésilienne Marcia de Castro avec une compagnie du Sénégal : Côté jardin. La troupe constituée de quatre comédiens d’origines diverses (manjak, wolof, peul, brésilienne) font un théâtre coloré, gestuel et musical où les techniques et les traditions se mélangent.
Burlesques et désopilantes, les tribulations amoureuses de Dada 1er, Roi du P.P. (Pays Propre) et ses démêlés avec le Roi du P.D.S.I. (Pays des Saletés Incontrôlées) ne sont pas pour autant dénuées d’enseignement.
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