Installé depuis sa création, en 1984, dans le verdoyant bassin du Limousin, le Festival International des Francophonies est une vraie pépinière de talents. Monique Blin, la jardinière de cette serre francophone qui, au moment du festival, prend la forme d’un vaste chapiteau, cultive avec passion les essences rares venues de tous les pays, créant les conditions favorables à la germination dans la Maison des auteurs qui fête ses 10 ans, provoquant avec malice les rencontres, les croisements, les hybridations dont naîtront parfois de magnifiques projets. Mais bien que francophones, les plantations du festival n’ont rien d’un jardin à la française. Hétéroclite, disparate et changeant, le festival refuse les sentiers battus.
Ainsi, loin des feux de la rampe où les papillons brûlent leurs ailes, poussent de drôles de spécimens, fleurs sauvages parfois, mais qui s’épanouissent et prennent de l’étoffe, et dont les noms d’abord jugés imprononçables finissent par résonner avec éclats : Tchicaya U’Tamsi, Jean-Luc Raharimanana, Gerty Dambury, Bernard Zadi Zaourou, Michèle Rakotoson, Sliman Benaïssa, Williams Sassine, M’hamed Benguettaf, Sony Labou Tansi, Abdourahman Wabéri, Emmanuel Boundzeki Dongala, Koulsy Lamko, Boubacar Boris Diop, Kossi Efoui, Tanella Boni… Le destin jaloux en a fauché quelques-unes prématurément, mais leur sève de mangrove continue de nourrir le terreau des francophonies et voilà bientôt 15 ans que prospère cette forêt dense de talents.
C’est pourquoi loin de faire un panégyrique ou une rétrospective des spectacles passés, nous avons préféré fêter l’anniversaire de cette 15e édition en offrant au Festival et à ses spectateurs un vrai bouquet de textes et de paroles où s’expriment ceux qui font et ont fait le festival, où les essences limousines se mêlent à celles des tropiques.
Articles, entretiens, poèmes, fictions, nouvelles, anecdotes, témoignages, souvenirs, cartes postales… Des auteurs africains qui ont résidé à Limoges aux organisateurs qui travaillent toute l’année sur le terrain, en passant par les spectateurs aguerris ou le jeune public néophyte, sans oublier les artistes, les éditeurs-partenaires, les journalistes, les enseignants et même les cafetiers passionnés de littérature, ce bouquet se veut le reflet en coulisses de cette fête des théâtres et des écritures contemporaines francophones de tous horizons qu’est devenu le Festival, espace d’écoute, d’échange et de rencontres artistiques internationales. Bouquet qui célèbre aussi bien sûr les amours africaines d’une région qui s’est mise sous le signe du zèbre pour mieux en prendre de toutes les couleurs dans les yeux et les oreilles comme le dit avec humour l’affiche de cette quinzième édition.
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