Makishi : danses de mort pour les vivants

Exposition au MAAO

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Tandis qu’entrent au Louvre (cf. notre prochain numéro) quelques superbes masques « occidentalisés » (c’est-à-dire dépouillés de leur contexte : costumes, danses, musiques – mais promus œuvres d’art en raison de leur réelle beauté esthétique), le Musée national des Arts africains et océaniens propose une très intéressante exposition sur les masques makishi qui se veut, elle, une initiation aux rituels des populations (Chokwe, Luvale et Mbunda, Luchazi) aujourd’hui installées le long du fleuve Zambèze.

Les cérémonies makishi ont depuis longtemps intéressé les explorateurs, les géographes et les ethnologues de l’Afrique australe. Dapper les signalait déjà en 1658. Mais elles étaient peu connues en France et c’est par le spectacle présenté par François Gründ en 1999, dans le cadre du Festival de l’Imaginaire, que nous les avons découverts – spectacle total mettant en scène toutes sortes d’entités (la cosmologie makishi en compte plus d’une centaine) à la fois esprits de la nature et avatars des ancêtres, participation aux énergies cosmiques et protection sociale.
L’exposition présentée cette année en est le prolongement (une vidéo permet d’ailleurs d’y revoir ce spectacle). Elle se veut une initiation à ces rituels par des photos anciennes des jeunes circoncis et de leurs parrains masqués dans l’enclos d’initiation (mukanda) mais surtout par les masques, superbes, gigantesques, mettant en scène le monde des morts, qui nous introduisent finalement à une statuaire dépouillée, celle des Chokwe – sculptures sur bois que l’on retrouve en Angola, extrêmement minutieuse et à forte signification symbolique.
La présence du facteur de masques du village de Chezya au Zimbabwe, qui fait la démonstration de leur fabrication, prouve que cet art est en pleine évolution : cet artiste invente de nouvelles formes venant enrichir l’art traditionnel. Les matériaux évoluent aussi, les fils de fer venant remplacer la fibre végétale. Et progressivement, le caractère sacré des masques se perd au profit du spectacle, même si dans les villages et loin des grandes villes, les rituels makishi conservent leur rôle initiatique et sacré.

Jusqu’au 26 juin. MAAO, 293 av. Daumesnil, 75012 Paris, tlj (sf mardi) de 10 à 17 h 30.
à lire : Makishi, danses de mort pour les vivants, texte de François Gründ, commissaire de l’exposition, photographies de Marie-Noëlle Robert (éd. Noésis, 64 p., 100 F).///Article N° : 1392

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Les images de l'article
Likulukulenge, l'homme au corps tordu, maître de la transe © M.N. Robert
Liathindumuka, l'homme gras © M.N. Robert





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