« Tous les jours de mai sont possibles ; nous agissons pour étendre ces réseaux de connaissance de liberté et libérer les imaginaires « , proclamait le poète Edouard Glissant. C’est sur ses empreintes que l’Institut du Tout Monde intervient dans les écoles pour partager la mémoire des esclavages. Rendez-vous tout le mois de mai.
Depuis le 10 mai 2001, grâce à un texte de loi proposé par Christiane Taubira, la France reconnait l’esclavage comme crime contre l’humanité. C’est en 2008 à Paris, que pour la première fois on commémore officiellement l’abolition de l’esclavage. Au-delà des discours et des temps institutionnels, cette histoire longtemps passée sous silence, ou mal-apprise, se transmet par différents biais, notamment artistique. Dans la droite ligne des oeuvres d’un Aimé Césaire en son temps. Aujourd’hui l’Institut du Tout Monde (ITM), dirigé par Sylvie Glissant accompagnée de son équipe (comédiens, écrivains, chercheurs), reprend le flambeau dans l’idée d’éveiller les consciences des lycéens et des collégiens. « Chacun avec ces mémoires multiples et différentes se connecte aux autres, pour créer cet espace poétique », expliquait Federica Matta, artiste, membre de l’ITM, lors d’un atelier de création de kakémonos au lycée Charles Baudelaire (Paris) en avril dernier. Tout comme elle, Sophie Bourel sensibilise des jeunes entre 12 et 16 ans à la mémoire des esclavages par le biais de la poésie. « En utilisant ce langage je touche le coeur des enfants bien mieux que ce qu’ils peuvent savoir par l’histoire ».
Mémorial virtuel
Depuis 2013, l’Institut du Tout Monde propose, du primaire au lycée, ce programme de sensibilisation aux questions des esclavages et de leurs abolitions ainsi qu’aux problématiques identitaires et culturelles liées à cette histoire de la traite négrière et du commerce triangulaire. Leurs outils ? Production de films, de pièces théâtrales, de recueils de textes, des conférences, de livrets pédagogiques
La plupart sont visibles sur le Mémorial virtuel, un site internet destiné aux élèves et à leurs professeurs.Ces outils de connaissance et de transmission qu’essaie de semer l’ITM, s’inspirent de la vision « antici-partive » qui fut celle d’Édouard Glissant : « partage des mémoires ». C’est dans cet ensemble à la fois historique, littéraire, politique, que l’ITM nous donne rendez-vous en ce fameux mois de mai. Durant lequel les mots d’Édouard Glissant résonnent : « Et voyez-vous, femmes et hommes de la mémoire partagée, diffractée, le monde se trouvera, de manière éclatante, en Nous et avec Vous ».
A savoir !
Les commémorations, à chacun sa date. Pour des raisons historiques, dans certaines collectivités d’Outre-mer, la date de la commémoration est différente de celle de la métropole :
– le 27 avril à Mayotte – le 22 mai en Martinique – le 27 mai en Guadeloupe – le 27 mai à Saint-Martin – le 10 juin en Guyane ; – le 9 octobre à Saint-Barthélemy – le 20 décembre à la Réunion
En métropole, à côté du 10 mai, le 23 mai rend hommage, depuis 2008, aux victimes de l’esclavage.
Les rendez-vous de l’ITM
26 mai : Hommage à Édouard Glissant. Avec Régis Debray – Edgar Morin – Edwy plenel – Patrice Vermeren. / 27 mai : Journée « Mémoires des esclavages » au Conseil régional Ile-de-France), avec 300 lycéens ayant participé aux ateliers artistiques de l’ITM. / 28 mai : Concours de poésie « Mémoires des esclavages » (ITM / Biennale des poètes du Val-de-Marne) Théâtre Antoine Vitez d’Ivry-sur- Marne, 10h-12h. / 28 mai : Prix Édouard Glissant- suivi d’une Soirée poétique à la Maison de l’Amérique latine (Paris).
Plus d’infos : www.tout-monde.com///Article N° : 12387