Nouveautés du disque

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Compilation Zulu House Club, Vol.1 : South Africa (Mélodie)
Quand on parle de mondialisation, la dance music ou house est l’argument musical incontournable. Qu’ils soient de Londres, de Paris ou de Johannesburg, les amateurs apprécieront cette compilation. Car les accents typiques des musiques zulu et shanganes influencent à peine l’omniprésente et assourdissante rythmique house. D’autant plus que certains groupes présents sur ce premier volume (tels que Black By Nature II ou Mahlatini & Mahotella Queens) ont cartonné dans les charts internationaux. Regroupant 13 titres composés entre 1990 et 1998, l’album démontre une incontestable maîtrise du genre et illustrent les aspirations musicales d’une grosse partie de la jeunesse sud-africaine. Cependant, la question demeure : faut-il s’en réjouir ou en pleurer ?
René Lacaille, Patanpo (Daqui)
Les retrouvailles de René Lacaille et de son accordéon se devaient d’être dignement célébrées. Le second album de l’artiste réunionnais, concocté entre la Réunion et Mérignac, est l’occasion de réunir quelques copains pour  » boeufer  » et ripailler comme il y est habitué. D’autant plus que Patanpo – pâté en pot – est un plat d’origine indienne dans lequel on garde tous les abats. Toutes les tripes. René Lacaille y a mis tous ses souvenirs de son enfance et de son adolescence passées à suivre son père musicien sur les routes de l’île pour y animer les soirées et les mariages. C’était dans les années cinquante, juste avant d’abandonner le ralé poussé au profit de la guitare et de sillonner avec les bars et les boites de Paris, de Marseille et de Niort sur fond de répertoire Flamenco, blues ou jazz. Seule la voix de Danyel Waro parviendra à le faire revenir à l’accordéon au début des années 90.
Elément incontournable de la tradition musicale de l’Océan indien, l’accordéon, ici, se fond aisément avec les saccades mélodiques du séga celles plus vives d’un maloya soutenus par les percussions de Bernard Marka et Joël Gonthier et le matalon de Danyel Waro. La cloche indienne, la conga et la trompette qui font leur apparition tour à tour, répandent tout au long de l’album une atmosphère chaleureuse, vraie et intime. On pourrait même regretter la trop courte durée des moments où l’accordéon lancé dans des solos aux allures de jazz semble se suffire à lui-même. Quinze titres donc, dont quatorze composés par René Lacaille, qui sont autant d’appels à la fête et la joie d’être ensemble. Le tout ne serait pas complet sans celui dédié à Kaya, le reggaeman mauricien récemment décédé après avoir été jeté en prison pour avoir évoqué la légalisation de la marijuana et Banm kalou Banm, composé par son compère Danyel Waro et qui, en conclusion, rappelle à ceux qui semblent l’oublier que  » lo san la kayé dési not pasé  » – que le sang à caillé sur notre passé – mais qu’aujourd’hui, l’esclavage se poursuit par l’exploitation, le départ forcé des jeunes et l’acculturation dont est victime l’île de la Réunion.
Compilation : 40ème anniversaire Syliphone, Vol. 2 (Syllart production/Mélodie)
Une compile en chasse une autre. Le volume 2 de celle-ci présente ce qui se fit de mieux dans la Guinée des années 70. Une rétrospective qui fait redécouvrir les groupes phares de l’époque et leurs influences. Celle de Cuba de la rumba et du boléro est incontestable. Plus discrète, celle du jazz et du rock américain, à défaut d’être omniprésente dans le rythme, est certaine dans la maîtrise instrumentale et dans l’harmonie. Bembeya Jazz, Tele Jazz ou encore l’Orchestre de la Paillote démontrent à travers un afro jazz rock ludique qu’à l’époque, les influences extérieures ne gênaient en rien l’interprétation moderne des musiques traditionnelles. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Le moment fort de cette compilation reste l’interprétation en live et en langue nationale de Djiguinira – chanson populaire – par Miryam Makeba, à qui d’ailleurs, Sékou Touré offrit la nationalité guinéenne. Une sélection de 12 titres, pas forcément réservée aux nostalgiques mais à tous ceux désireux d’en savoir plus sur l’histoire et l’évolution musicale d’une partie du continent.
Cheikh Lô, Bambay Gueej (Night and Days/ World Circuit)
Trois années après Ne la Thiass, Cheikh Lô revient avec Bambay Gueej co-produit par Youssou N’dour et Nick Gold. L’album, enregistré entre Dakar et La Havane, regroupe une pléthore de pointures dont Pee-Wee, ex-membre du groupe de James Brown, la Malienne Oumou Sangaré, Richard Egües, le flûtiste de l’Orchestra Aragón et Bigga Morrison, sociétaire de Aswad. Difficile de passer à côté du succès avec un tel casting. D’entrée, écoutez M’beddemi. L’artiste propose un son fédérateur, entre l’Afrique, l’Amérique et les Caraïbes. Sa voix tient lieu de fil conducteur. Dans Bambay Gueej, le chanteur dévoile son côté funk, high life et soucouss. Il reprend Lady, cher à Fela, sur fond de talking drums. Un peu plus de punch aurait donné plus de caractère à l’album.

///Article N° : 2023

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