Diénéba Seck, la sagesse populaire à l’honneur

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Lauréate des Tamani d’Or 2006, la Malienne Diénéba Seck est entrée en musique à tout juste onze ans. Depuis, elle enchaîne tubes radiophoniques et albums à succès qui s’inspirent des proverbes traditionnels. Portrait d’une autodidacte.

Née à Bamako de parents d’origine sénégalaise, Diénéba Seck intègre la troupe théâtrale du quartier Mali dès le début des années 80. Elle a tout au plus 11 ans quand elle participe aux premières compétitions artistiques inter-quartier de la Commune 5 de Bamako. Elle se révèle une comédienne et une danseuse dotée d’une voix de rossignol. Dès 1984, elle remporte le prix de la meilleure chanteuse soliste de la biennale artistique et culturelle de son district. Cette distinction sera le déclic. L’enseignement général cède le pas à ses envies artistiques. Contrairement à bon nombre de familles qui ne voient pas les métiers des arts d’un bon œil, le père infirmier et la mère sage-femme de Diénéba encouragent sa préférence artistique.
Parmi les admirateurs de l’artiste en devenir, un nommé Sékou Kouyaté, guitariste, compositeur, arrangeur, chanteur, déjà connu sur la scène musicale malienne. En 1986, il invite la jeune lauréate à joindre sa formation pour compléter son chœur féminin avec Ama Cissoko et Mariam Doum Diakité. La pureté de la voix de Diénéba et le choix avant-gardiste des arrangements de Sékou seront remarqués sur la scène malienne.  » Sékou vient de Bélédougou. Il est de l’ethnie bamanan. Il m’a appris beaucoup de choses. La culture musicale de sa tribu, sa poésie, la diversité des thèmes sociaux. De fait, les Maliens pensent que je suis originaire de Ségou à cause de la teneur de mes chansons d’inspiration bamanan – alors que je suis une authentique urbaine de Bamako !  » raconte Diénéba Seck.
Inspiration traditionnelle
La notoriété de la formation de Sékou Kouyaté va grandissant et la jeune télévision malienne l’enregistre pour ses programmes de variété.  » N’Kadignon « , leur premier tube tourne en boucle sur la radio et à la télé. Mais ce succès national ne fera pas long feu : à la fin des années 80, Sékou veut tenter sa chance en France et la formation ne résistera pas à son départ.
Diénéba revient alors à ses premières amours. Elle réintègre son poste de danseuse dans la troupe permanente du district de Bamako tout en continuant à chanter dans l’orchestre de Bamba Sama. C’est là qu’elle fera la connaissance du chanteur Abdoulaye Traoré, dit Waren. Ce dernier présente Diénéba à Saïbou Assirou, un producteur ivoirien d’origine nigériane. De cette rencontre naîtra, en 1991, Kankélétigui (L’homme de parole), le premier album de Diénéba Seck enregistré à Abidjan. Il puise dans les proverbes populaires pour exhorter les couples, conseiller la jeunesse ou consoler l’indigent. Après la chute de la dictature militaire de Moussa Traoré et l’avènement de la démocratie au Mali, Kankélétigui sera adopté comme un hymne et installera Diénéba Seck sur un piédestal.
 » Mes chansons parlent à tout le monde. Quand j’aborde le sujet du couple par exemple, je rappelle que chacun a sa part de responsabilité pour son équilibre. Quant aux jeunes, on remarque que le respect des anciens fout le camp. Je leur demande de se ressaisir et d’écouter les conseils de leurs parents. Leur avenir sera ce qu’ils en feront…  »
Cinq ans après ce premier disque à succès, Diénéba rejoint l’écurie de Camara Production à Paris pour son deuxième album, Kogankou Kononi. Le troisième, Djourou, paraîtra en 1999 chez Syllart Production. En 1999-2000, Seck accompagnera en choriste son compatriote Toumani Diabaté et l’Américain Taj Mahal lors de leur tournée mondiale pour la promotion de Kulanjan leur album en duo.
À l’époque, le Mali est en pleine effervescence à cause des préparatifs de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN 2002). Seck marque le coup et enregistre deux singles pour soutenir l’équipe nationale du pays, les Aigles du Mali. En 2005, ce sera la sortie de Truth, produit par le Camerounais Yves Ndjok chez Stern Music.
Diénéba Seck chante essentiellement en bamanan (ou bambara) et accessoirement en peulh ou en songhai. Ses textes se nourrissent du vécu quotidien, de la poésie et de la sagesse populaire malienne. Son orchestration réunit instruments acoustiques et électriques. Le sokou (violon traditionnel) et la guitare dialoguent. Le n’goni (luth à quatre cordes) et la basse s’interpellent. Le doudoumba (gros tambour) accentue la batterie, l’ensemble offrant une musique foisonnante, moderne tout en restant d’inspiration traditionnelle.

///Article N° : 4312

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