Kinshasa : le festival Fula Ngenge de Papa Wemba

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C’est chez lui à Kinshasa que Papa Wemba a fêté du 9 au 15 août dernier ses 50 ans (dont 30 consacrés à la musique). Pendant six jours d’affilée, Kinshasa a porté ce monument africain dans un festival reprenant le titre de son dernier album.

Fixé à Paris, celui que tout le monde appelle  » papa  » ne fait pas son demi-siècle. Car l’homme est debout, et c’est 18 ans qui lui pètent dans l’âme ! Son festival était pluriel, réunissant peinture, sculpture, danse et musique. On pouvait ainsi voir des toiles de masques congolais et la statue baptisée Okoningana (générique de l’album Fula Ngenge), œuvre d’un jeune artiste kinois représentant  » papa  » debout, les bras en croix et les jambes jointes, comme dans le clip !
Jules Shungu Wembadio Pene Kitumba dit Papa Wemba a eu sa fête à la maison dans un stade de Kinshasa, le stade des Martyrs. Il était entouré de Zaïko Langa Langa (sa toute première expérience véritable dans la carrière musicale), du T.P.OK Jazz de Luambo Makiadi, de Reddy Amisi, etc. Il a également fêté avec la jeune génération sa  » Nouvelle écriture  » signée de sa griffe ainsi que ses  » Fiotti-fiotti « , le ballet de ce groupe, jeunes danseuses ayant le ndombolo dans le sang et dont l’âge varie entre 14 et 19 ans.
Fula Ngenge a donné un air de fête à la capitale congolaise, cette mégapole désarticulée. L’ambiance des six jours était calquée sur celle du quartier le plus fou et le plus chaud de toute l’Afrique : Matonge, le fief de Papa Wemba qui y a grandi et commencé à  » pousser dans la chansonnette  » ! C’était un énorme village à la fois convivial et rieur, dur et délivré, inventif et frénétique où florissait une 0Au stade des Martyrs, derrière la tribune d’honneur, une trentaine de huttes et de cases érigées pour la circonstance symbolisait le village Molokaï cher à Wemba ! (il s’agit en fait des initiales des cinq avenues les plus fréquentées par l’artiste depuis sa jeunesse : Madimba, Oshue, Lokolama, Kanda-kanda et Inzia). Le cadre y était typiquement villageois. Les visages se découvraient grâce à des lanternes. On n’y offrait que des boissons locales comme le tsamba (vin de palme), le lotoko (whisky congolais) ou le tangawisi (jus de gingembre). C’était le coin de prédilection des chanteurs et danseurs traditionnels, éternellement vêtus de raphia.
A Kinshasa, Papa Wemba est un phénomène : son public regroupe des plus nantis aux plus démunis. Mais il fait surtout l’unanimité chez les shégués, les marginalisés. Tous ont bougé au rythme du ndombolo en suivant la danse des Fiotti-fiotti. C’est à Kinshasa, avec ses six millions d’habitants au feeling incroyable, que se mitonne une culture truculente, imprévue, débridée et rebelle – cette ville dévoreuse qui ne pardonne rien aux faibles et vit aux dépends de ceux qui l’acceptent. Les Koffi Olomidé, Abeti Masikini ou Pépé Kallé l’ont bien compris, eux qui ont bravé Kinshasa qui les adule aujourd’hui sans limite.
Wemba, depuis le festival, est en tournée de consécration dans une dizaine de pays africains : RCA, Gabon, Cameroun, Ghana, Togo, Mali, Sénégal, Gambie, Guinée et Côte d’Ivoire.
Correspondance Kinshasa

///Article N° : 1124

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