La BD en Tunisie : introduction

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La bande dessinée tunisienne fait habituellement peu parler d’elle. Rares sont les auteurs à avoir été publiés dans le pays ou à l’étranger, à l’exception de Sabri Kasbri qui fait carrière en Belgique. Elle s’appuie sur une tradition assez ancienne puisque la première revue de 9ème art, Irfane, est née en 1965 avec les dessinateurs Moncef Zariaf, Hassanin Ben Ammou et Brahim Dridi et le personnage dodu et attachant, Aboutortoura, toujours recouvert d’un capuchon rouge. 1968 voit la naissance de Chahloui, mensuel produit par la même équipe qu’Irfane et destiné à un public plus jeune, qui cessera de paraître après 17 numéros et d’une éphémère revue en français, Casco. On y trouve les débuts d’un jeune inconnu, Habib Bouhaoual, dont quelques planches avaient déjà été publiées dans Irfane. Il faudra attendre 1975 pour que surgisse Ech-Chef de Mahmoud Rebaï, dans Dialogue. L’année suivante, une BD hebdomadaire, Si Tahar et les gens, dessiné par Habib Bouhaoual, fait son apparition dans le quotidien Le Temps. On retrouve Bouhaoual en 1979 dans l’hebdomadaire Réalités avec Reflets et Miss Champ, et Le Poulet au pied, première BD politique du pays. En 1978 naît la revue enfantine Anis, qui durera deux ans. Dans les années 1980, les parutions se multiplient : Les Arrivistes et les Bla-bla-blases de Slaheddine Triki et Tahar El Fazaâ, Fahman de Taoufik Omrane, Les Tunisiennes d’El Fazaâ et Imed Ben Hmida, Les Zuns et les Zautres de Jean Michel Caparos, Zef Errih de Chelbi et Mahomed Galbi, L’Histoire à dormir debout de Ben Hmida et El Fazaâ, Oummi Sissi d’Habib Bouhaoual, En été, fais ce qu’il te plaît de Chedly Blekhamsa et Na Kacem et surtout la revue BD Kaous Kouzah dirigé par Tjani Haddad, animé par Chedly Blekhamsa, Taoufik Kouki, Moncef El Kateb qui tira jusqu’à 70 000 exemplaires. Depuis 1997, le Salon de la BD de Tazarka (le plus ancien du continent – 14 éditions) sert de plateforme de promotion et vulgarisation. Au cours des années 1990 et 2000, le rythme de parution des revues ne faiblit pas en Tunisie : Alaâ-Eddine, Chaïma et Faracha. A partir de 2001, l’éditeur Apollonia propose une collection spécialisée en BD qui a compté une dizaine de titres, Les arrivistes, Avec ou sans visa de Lofti Ben Sassi, Les petites choses de la vie de Slaheddine Triki et Tahar Fazaâ (ancien chroniqueur de Tunis Hebdo), en 1998, Hannibal, le défi de Carthage, de Abdelaziz Belkhodja (scén.) et Seïffalah Darghouth, Heythem Darghouth et Omar Bey (dess.), les deux tomes de L’affaire Carthage de Belkhodja et Riahi (2000 et 2003) et en 2004, Elyssa, un album en arabe sur la fondation de Carthage de Abdelwahed Brahem. On peut rajouter Habbib Bouhaoual qui se fait remarquer avec Le Voyage merveilleux de Tounès, qui retrace l’histoire du pays et en 2003, l’original De Victor à Hugo scénarisé par Yves Mézières (les deux aux Editions Bouahoual). 2008 voit la création d’une grande exposition tournante « 40 ans de bande dessinée tunisienne » par le collectif de l’association du livre de Tazarka, la sortie d’un album féminin : La revanche du Phénix de Gihèn Ben Mahmoud, interviewée ici, et le lancement de plusieurs blogs-BD : celui de Seïf Eddine Nechi [http://seifnechi.blogspot.com/] et Le blog de Z sur Nawaat [http://nawaat.org/portail/author/blogdez/]. La production de ces deux dernières années témoigne cependant d’un certain renouveau. Tout d’abord l’année 2009 voit l’arrivée de deux titres : Les Tunisiens de Seif Eddine Nechi et Tahar Fazaâ mais aussi Le magnifique voyage à Kairouan édité en langue arabe par la Cité des sciences de Tunis. Puis en 2010, Appolonia revient à la bande dessinée, après un arrêt en 2003, avec la publication en janvier du deuxième album de Lofti Ben Sassi, Les BokBok sont foot, suivi en 2010 par Les Tunisiens de Seïf Eddine Nechi.

///Article N° : 10176

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