La Faute à Voltaire

D'Abdel Kechiche

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Le Tunisien Abdel Kechiche, dont c’est le premier long métrage, vient du théâtre où il a signé de nombreuses mises en scène. Est-ce pourquoi il construit son film sur une série de coups de théâtre ? C’est d’abord la fausse identité de Jalel, immigré clandestin tunisien qui se fait passer pour réfugié politique algérien pour demander le droit d’asile. C’est ensuite un mariage avorté à la dernière minute qui semblait pourtant bien parti. C’est enfin sa rencontre avec une fille perdue dans l’hôpital psychiatrique où l’a mené la dureté de la vie. A chaque fois, un monde nouveau s’ouvre à lui, qui ne le sort pas de sa condition mais lui ouvre les possibles de la solidarité dans le Paris des exclus. Les copains du foyer et les femmes en seront les gagnantes car Jalel est le bon Samaritain, prêt à la rencontre et à la relation. Cela sonne mièvreux, ça ne l’est jamais ! Ce film ose beaucoup, souvent à la crête de la sensiblerie, mais sans jamais faire de faux-pas. S’il émeut de bout en bout, sans doute est-ce parce qu’il étonne à chaque image en laissant ses acteurs, tous excellents, la faculté d’exprimer avec une rare chaleur intérieure les cassures de leur identité. Profondément, une connivence s’installe qui ne fait du spectateur ni le témoin compassionné ni celui qui s’identifie, mais le frère ou la sœur : une compréhension physique de la condition immigrée qui nous ouvre nos propres manques, nos propres pertes d’identité. Du jamais-vu malgré l’avalanche de films sur le sujet : un film qui fait avancer.

2 h 08, 2000, Prod. Flach Film, avec Sami Bouajila, Elodie Bouchez, Bruno Lochet, Aure Atika, Virginie Darmon. Sortie France le 14 février.///Article N° : 1754

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