« Roger habite à Paris depuis 27 ans. C’est un vrai parisien ; au-delà du périphérique il est perdu. Il a vécu dans le quartier latin, à Montparnasse puis à Bastille. Il admire Camus et cite Pascal dans le texte ». Pourtant, Roger Yoba, né à Yaoundé au Cameroun, n’a pas le droit de vote aux élections locales. C’est ce paradoxe que dénonce l’exposition « Parisiens d’ailleurs, citoyens d’ici », à l’aide d’une mise en scène convaincante.
Collées sur des panneaux électoraux à l’extérieur de la mairie, des affiches représentant de vrais-faux candidats à une élection semblent attirer le spectateur-citoyen à se rendre aux urnes. Celui-ci entre à l’intérieur de la mairie et, dans l’isoloir, découvre l’histoire de Roger, d’Ahmad ou de Nassima. De vrais parisiens, des habitants du 20e, l’une travaille au Louvre, l’autre tient une librairie. Leur point commun ? Ils n’ont pas le droit de vote. Et sont membres du Conseil de la citoyenneté des habitant-e-s non communautaires du 20e arrondissement (CCHNC).
Organe consultatif créé en 2002 par la mairie, le CCHNC a pour mission de favoriser la participation des résidents étrangers à la vie municipale. À l’initiative du projet, le Conseil a voulu interpeller les Parisiens sur la question du droit de vote et initier un travail de mémoire avec les populations étrangères ou immigrées du quartier.
Selon Danielle Simonnet, adjointe au maire du 20e, cette instance, créée en parallèle au Conseil de la citoyenneté des parisiens non-communautaires de la Ville de Paris, est « une nécessité républicaine »qui vise à solliciter la municipalité sur des questions parfois peu traitées.
Réalisée avec une grande finesse par l’association Regarde Ailleurs, soutenue par la Mairie d’arrondissement et par la Ville de Paris, cette exposition a pour ambition de s’afficher un peu partout dans la capitale.
Si on considère que 170 000 parisiens n’ont pas le droit de vote, nul doute que cette initiative aura l’écho qu’elle mérite.
