Afro swing

De Momo Wandel

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Momo Wandel a rejoint le paradis des musiciens en 2003 à Conakry. Il avait 75 ans, et pétait toujours le feu, comme tous ces papys à qui la musique donne une fringante vieillesse : il venait de participer à un festival africain au théâtre de la Monnaie à Bruxelles.
Doyen de la musique guinéenne, Momo Wandel Soumah avait été le saxophoniste des grands orchestres nationaux sous le régime de Sékou Touré. « J’ai été dans toutes les formations musicales du pays. Après l’Indépendance, on a déserté tous ces orchestres-là pour former un orchestre national. Pendant 26 ans, on a pataugé là-dedans. On faisait la musique pour chanter les louanges de « qui vous savez ». On avait rejeté toutes les musiques étrangères. On a tout foutu au panier pour s’atteler au folklore guinéen selon les vœux de notre président ! Après la mort de Sékou, chacun a pu faire reparaître son petit savoir. », dit-il dans le livret qui accompagne la réédition de son dernier disque paru en 1999, et enregistré en deux jours, dans l’allégresse, en dépit des difficultés.
Son savoir n’était pas « petit » comme il le disait modestement : c’était un joueur de saxo magnifique, aussi grand que l’Ornette Coleman qu’il vénérait. Il a voulu mettre en valeur les instruments qui accompagnaient les cérémonies traditionnelles, en les intégrant dans ses compositions de jazz. Il ponctue ces musiques traditionnelles d’éblouissantes envolées de sax. Sa somptueuse voix rauque (genre Amstrong) s’ajoute au balafon, à la flûte, au djembé, aux chœurs, aux percussions, pour des improvisations pleines de fraîcheur, d’une virtuosité virevoltante et d’une joie contagieuse. Un métissage d’une rare élégance.
Il se voulait une passerelle entre les musiques d’avant-hier, d’hier, d’aujourd’hui, et peut-être de demain. C’est lui qui le disait. Si, si.

Afro swing, de Momo Wandel (Fonti Musicali)///Article N° : 4252

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