Entre bossa, rara haïtien, calypso, jazz et gwoka, Dalva, sorti chez Heavenly Sweetness, est le deuxième album du percussionniste guadeloupéen Roger Raspail.
Roger Raspail n’est pas un homme pressé. Ce percussionniste au CV impressionnant, qui a notamment collaboré avec Sam Mangwana, Pierre Akendengué, Papa Wemba, ou encore Kassav, a mis vingt ans pour sortir son deuxième album Dalva. Le premier, Fanny’s dream, sur le label Blue Marge remonte à 1997. Si Wojé, comme on l’appelle en créole guadeloupéen, a peu enregistré, il n’en reste pas moins un musicien bien actif, transmettant son savoir, depuis son arrivée en métropole il y a quarante ans: « Je suis professeur de percussions et de fabrication d’instruments de musique. J’ai enseigné au conservatoire de la Courneuve. La musique c’est aussi la transmission. » Roger Raspail dispense également des ateliers proposés par le festival Banlieues bleues en lien avec des associations d’Aubervilliers, de la Courneuve, de Saint-Denis : « ça m’a permis d’aider des jeunes à être bien dans leur peau » raconte-t- il avec une pointe de fierté.
Un disque gwoka
Dalva, c’est le prénom de la petite-fille du musicien : « À la naissance elle avait un syndrome qui l’empêchait d’entendre. Suite à une opération elle a retrouvé l’ouïe. Je suis l’homme le plus heureux de la terre car elle peut enfin entendre mon travail ! » Ce nouveau projet musical, impulsé par Franck Descollonges du label Heavenly Sweetness, est un métissage d’influences dominé par la culture racine de la Guadeloupe, le gwoka. Depuis les années soixante-dix, Roger Raspail en est un des piliers, potomitan en créole, avec Guy Konket et Erick Cosaque : « Plus qu’un rythme, le gwoka est une philosophie avec laquelle je vis, explique-t-il . Je ne peux pas jouer la bossa-nova comme un Brésilien. (Référence au titre » Bossa de la plage » NDLR). C’est à partir de mon instrument, le ka, que je transpose, que j’assimile, que je compose. » Ce tambour omniprésent se conjugue aux influences jazz ou calypso (« Kalypso ka ») de ses invités, des amis de longue date comme le pianiste Alain Jean-Marie, Vincent Ségal mais aussi Anthony Joseph, dont il est le percussionniste depuis plusieurs années : « J’ai demandé à Jacob Desvarieux de chanter. Il est venu en studio avec une clé USB pleine de pistes instrumentales. C’est ça l’esprit de l’album : partage échange et musicalité ! » Pour apprécier cet esprit il ne vous reste plus qu’à voir Wojé sur scène. Il joue le 8 mars à la Maison du Peuple de Pierrefitte-sur-Seine dans le cadre du festival Banlieues bleues. /// Dalva, Heavenly Sweetness, mars 2017, 15 euros.