POM Films présente un cinquième programme de films courts tournant autour de l’opposition entre la tradition et une modernité importée.
Dans Le Retour d’un aventurier (34′), le Nigérien Mustapha Alassane ironisait dès 1966 sur la fascination qu’exerce l’Occident sur l’imaginaire africain. De retour d’un voyage aux Etats-Unis, un jeune offre aux amis de son village natal des panoplies de cow-boys. La petite bande transforme vite le village en cité du Far West ! Utilisant à merveille le décor africain pour des images de western, Alassane montrait dans ce film qui n’a pas pris une ride combien c’est en parodiant les valeurs importées que les jeunes développent de nouvelles formes de marginalité.
C’est avec Les Ecuelles (1983) et Ouaga deux roues (1984), des documentaires sans paroles, que le Burkinabè Idrissa Ouedraogo avait commencé le cinéma : » C’étaient des impressions, des plans, des images mues par une idée, parce qu’à l’époque, je voulais faire des films à caractère socio-éducatif destinés à une population à 90 % analphabète. Il fallait un cinéma imagé qu’un public parlant quarante-deux langues puisse comprendre facilement. » Issa le tisserand (1984, 20′) est comme Les Ecuelles une magnifique célébration du savoir-faire et du geste traditionnel. Idrissa Ouedraogo n’annonçait-il pas déjà la recherche actuelle d’un documentaire où l’absence de commentaire force à un effort de lecture ? Lire une image sans le relais du verbe incite paradoxalement à ne plus avoir les yeux collés à la réalité mais à respecter une distance qui force à la réflexion.
Le ton se fait grave. » On va disparaître « , constate tristement Mangala, Pygmée Babinga dans Le Dernier des Babingas du Congolais David Pierre Fila (1990, 20′). Depuis que la Société Centrafricaine de Déroulage a intensifié l’abattage, les petits hommes sont condamnés à quitter la forêt dont ils se sont toujours dits les « gardiens ». Les campements pygmées se sont multipliés en bordure des routes. Les gazelles et le gibier ont fui ; les champignons et les plantes médicinales ont disparu, emmenant avec eux la mémoire des guérisseurs traditionnels… Le constat documentaire appelle, question de survie, une autre pratique de la modernité.
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