Après deux ans de fermeture, le Musée Dapper rouvre ses portes et propose un nouvel espace culturel aux activités diversifiées. L’exposition inaugurale présente un ensemble de pièces remarquables, venues du monde entier, offrant une vision synthétique de l’art africain.
« Dapper »*, c’était un rendez-vous. Et pendant des années, de saisons en saisons, on attendait la nouvelle exposition. Bien sûr, il y avait le lieu – magique-, son jardin au charme luxuriant qui vous plongeait d’un coup dans un ailleurs, et puis ce petit hôtel particulier avec ses salles intimes et précieuses où l’on découvrait des objets superbes. Pour beaucoup de gens, la Fondation Dapper a été la porte d’entrée sur l’art africain., traité avec rigueur et sans exotisme, simplement reconnu et respecté, répondant bien ainsi à la vocation qu’elle s’était donnée avec Michel Leveau, son président-fondateur : faire connaître et préserver le patrimoine artistique de l’Afrique subsaharienne. Les livres-catalogues qui accompagnaient chaque exposition, remarquables et à un prix abordable, y ont eux aussi largement contribué, fidélisant progressivement une clientèle cultivée, curieuse et respectueuse d’un esthétisme différent.
Aujourd’hui, les arts premiers sont aux Louvre ; le musée du quai Branly va être construit et l’art africain est confronté aux arts occidentaux dans les grandes manifestations artistiques (l’exposition Visions du futur, au Grand Palais, en est un exemple). Aussi, pour la réouverture dans le nouveau lieu de la rue Paul Valéry, à deux encablures de l’ancien musée, l’inquiétude et la curiosité étaient grandes de savoir ce que deviendrait ce petit coin d’Afrique à Paris.
A ce nouveau lieu, plus contemporain, avec de nouveaux projets et de nouveaux moyens, l’architecte Alain Moatti a réussi à conserver « l’esprit Dapper », malgré une surface multipliée par quatre et un bâtiment aux nombreuses contraintes (un ancien garage avec peu d’ouvertures sur l’extérieur). Le projet de l’architecte, bien que sophistiqué dans sa mise en uvre, apparaît avec simplicité dans le lieu et sait rendre sa technicité discrète. Il y parvient, avec la complicité de Madame Falgayrettes-Leveau, directrice du musée, en jouant sur les matériaux bois précieux, pierre sur les couleurs et l’éclairage, permettant ainsi à Eugène Betra de poursuivre son travail de mise en espace des collections. Particulièrement réussie, la passerelle du hall d’entrée, sous laquelle sont situés le café-restaurant et la librairie-boutique. Outre la salle de spectacles, lambrissée de bois sombre et qui peut recevoir près de deux cents personnes, le musée est composé de deux grandes salles parfaitement modulables précédées d’une petite salle qui sera consacrée à des expositions plus contemporaines : de la photographie, comme les uvres de Françoise Huguier présentées actuellement, de la peinture ou des lithographies, comme pour la prochaine exposition consacrée à Wilfredo Lam.
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