Dyana Gaye s’est fait connaître avec un beau succès : une comédie musicale qui transposait l’univers de Jacques Demy dans un car rapide entre Dakar et Saint-Louis du Sénégal. Après Un transport en commun, cette réalisatrice, qui cartonne sans se la jouer, travaille sur un premier long-métrage : Des étoiles dont le scénario est sélectionné pour l’Atelier du festival de Cannes cette année.
À l’instar du titre de son prochain film Des étoiles, la rêveuse Dyana Gaye, 37 ans, a le regard qui brille dès qu’elle évoque le septième art. Cinéphile, férue de John Cassavetes, de David Lynch, des comédies musicales hollywoodiennes, ou encore de Djibril Diop Mambety, elle puise son inspiration dans ses racines sénégalaises. Si elle a grandi en France, c’est dans son pays d’origine qu’elle se sent le plus épanouie pour créer. Son univers est aux antipodes de certains films stéréotypés sur l’Afrique : « J’appelle ça des « films calebasse » ironise Dyana, avec un côté folklorique. Dakar est une ville moderne. On n’y égorge pas des poulets à chaque coin de rue ! » Chacun de ses films questionne sa double identité franco-sénégalaise : « J’ai toujours le sentiment d’être entre-deux ». Ils abordent aussi le thème de l’exil : « C’est au cur de ma démarche depuis mon premier film. Je me suis demandé ce que l’on emporte avec soi dans l’exil. L’espèce de solitude que cela implique. J’aime ce décalage entre ce qu’on vit et ce qu’on raconte. »
Après quatre courts-métrages ou moyens métrages avec comme point d’orgue le Sénégal, pays de la Téranga (« hospitalité » en langue wolof), Dyana s’est lancé un défi ambitieux avec Des étoiles : un long-métrage à tourner entre Turin, New York et Dakar. « Je voulais, explique la réalisatrice, travailler sur le thème de la correspondance entre un exilé et son pays d’origine. Suivre le parcours de migrants ayant tous un lien les uns avec les autres mais dans des villes séparées et à des stades différents. »
Ainsi la caméra de Dyana nous fera découvrir trois personnages aux destins croisés : « Une Sénégalaise primo-arrivante qui vient retrouver son mari en Italie. Le film observe sa reconstruction dans un territoire inconnu. Tandis qu’à New York, son mari Abdoulaye qui a dû passer par un réseau de passeurs, cherche du travail. Enfin la tante de la jeune fille quitte New York, après 35 ans de résidence, pour enterrer son mari à Dakar. Elle redécouvre son pays avec son fils
qui n’a jamais mis les pieds au Sénégal. »
Pour porter un tel projet, il faut des moyens ! Il y a dix ans, Dyana Gaye s’est associée avec deux amis cinéastes, Arnaud Dommerc et Marie Balmelle, pour fonder une société de production : Andolfi. S’ils ont obtenu l’avance sur recettes (1), le financement n’est pas encore finalisé. Mais le scénario est sélectionné par l’Atelier du Festival de Cannes (2) cette année. L’occasion d’obtenir un coup de pouce des professionnels avant le tournage, prévu à l’hiver prochain. Et la réalisatrice ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Sa comédie musicale Un transport en commun doit faire l’objet d’une adaptation au théâtre du Châtelet pour la saison 2013-2014.
1975 : Naissance à Paris / 2000 : Premier court-métrage Une femme pour Souleymane / 2007 : Deweneti reçoit le prix du jury du Festival international du film de Clermont-Ferrand / 2009 : Un transport en commun est nominé aux Césars du meilleur court-métrage / 2012 : Des étoiles est sélectionné à la Cinéfondation du festival de Cannes.
Un transport en commun Bande Annonce du film par LE-PETIT-BULLETIN
1. Aide attribuée par le Centre national de Cinéma pour soutenir des projets de long-métrage originaux.
2. Créé en 2005, l’atelier de la Cinéfondation encourage quinze projets de longs-métrages en mettant leurs réalisateurs en contact avec des professionnels dans le cadre du festival de Cannes.
Lire aussi [l’article 10793] et [l’article 10795]Cet article est également publié dans Afriscope n° 26, mai-juin-juillet 2012///Article N° : 10794