Cinéma/TV

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Dansons !

Grand prix de la deuxième édition du festival Dakar court qui s’est déroulé du 9 au 14 décembre 2019 à Dakar, Tabaski est un plaisir de cinéma mais aussi un film éminemment politique. Ce 26 minutes ébouriffant est librement inspiré de la série d’Iba Ndiaye (1928-2008), « La ronde de Tabaski, à qui le tour ? », réalisée dans les années 60 et 70. Déjà, en représentant sous tous ses angles le sacrifice rituel du mouton lors de la Tabaski (équivalent de l’Aïd el-Kebir), le grand peintre sénégalais voulait évoquer les assassinats des grandes figures africaines autant que les victimes de la…

Les papy font de la résistance

En sortie le 18 décembre 2019 dans les salles françaises, le premier film du Soudanais Suhaib Gasmelbari, à la fois drôle et tragique. Un film magnifique et nécessaire sur des pionniers du cinéma qui n’ont jamais cessé de se battre. Sa réussite tient à son dispositif documentaire. On n’oubliera pas de sitôt Ibrahim, Suleiman, Manar et Altayeb. Dans les années 60 et 70, ils sont allés étudier le cinéma à l’étranger et ont fondé le Sudanese Film Group en 1989, une sorte de cinéclub militant pour montrer des films avec une camionnette poussive et ramener ainsi, contre vents et marées,…

De l'importance d'assumer ses choix

Le sixième long métrage du cinéaste franco-algérien Amor Hakkar, en sortie le 11 décembre 2019 dans les salles françaises, confirme la qualité de son approche malgré la faiblesse de ses budgets. Dans une conférence de presse le 3 décembre 2019, le ministre de l’Intérieur algérien, Salah Eddine Dahmoune, s’est attaqué aux manifestants du Hirak en les traitant de « traîtres », de « pervers » ou encore « d’homosexuels. » On comprend dans ce contexte la pertinence du nouveau film d’Amor Hakkar qui prend un homosexuel comme personnage principal sans en faire un pervers ! Ali apprend que sa mère est à l’hôpital. Cela fait cinq…

La 2e édition du Online African Film Festival bat son plein, après des séances de lancement à Paris, Bruxelles, Abidjan, Accra et Dakar. La plateforme OAFF offre depuis le 15 novembre et jusqu’au 15 décembre 2019 plus de 30 films d’Afrique et de ses diasporas à voir via internet en illimité, à un tarif global très abordable de 8 € ou 8 $ US / Canada (1500 Fcfa en Afrique francophone). Une expérience à soutenir, d’autant que la programmation est d’une grande qualité, autour du thème « le rêve africain ». Divertissement avant tout, le cinéma a été créé pour faire rêver. Il mobilise l’imaginaire,…

Entretien d'Anne Crémieux avec Jérôme Baron

Jérôme Baron est Directeur artistique du festival Les 3 Continents, qui s’est tenu à Nantes les 19-26 novembre, avec une impressionnante rétrospective d’une quarantaine de films (fictions, documentaires, courts-métrages) du cinéma noir-américain comme autant de références à l’histoire afro-américaine des 70 dernières années. Il enseigne l’histoire du cinéma en classe préparatoire Ciné-Sup au lycée Gabriel Guist’hau à Nantes, est Président du cinéma associatif Le Cinématographe, la salle répertoire de Nantes et un des lieux du festival. Il a dirigé le collectif D’autres continents : Mouvances du cinéma présent à l’occasion du 40e anniversaire du festival, portrait à plusieurs voix du cinéma contemporain…

La barbarie est de retour

En sortie le 20 novembre 2019 dans les salles françaises, le sixième long métrage de Rabah Ameur-Zaïmeche évoque la montée des oppressions policières. Un film sombre mais fascinant. Le moment est grave. Des violences sont à l’œuvre, portées par des forces qui ne disent pas leur nom. Il y eut certes les soviétiques aux dents longues, la décennie noire en Algérie, les naufrages libyen et syrien. Il y a encore le terrorisme au Sahel, les répressions des peuples qui se soulèvent un peu partout. Mais aussi en France l’Affaire Benalla, les violences policières, les discriminations, les stigmatisations et les relents…

La 30ème édition des Journées cinématographiques de Carthage, créées il y a 53 ans en 1966, s’est déroulée à Tunis du 26 octobre au 2 novembre 2019, avec comme film d’ouverture Les Epouvantails de Nouri Bouzid qui ouvrait la thématique centrale de l’émancipation face à la violence, Eros et Thanatos, qui traverse tous les films. Le grand jury présidé par le réalisateur franco-sénégalais Alain Gomis a décerné son palmarès. Analyse critique des films de la compétition longs métrages de fiction. Devant la grande salle Opéra pleine à craquer de la toute neuve et monumentale Cité de la Culture de l’avenue…

Le danger du millefeuille

Le nouveau film de Nouri Bouzid a ouvert les Journées cinématographiques de Carthage – session Nejib Ayed 2019. Le réalisateur redéploie avec le brio qu’on lui connaît sa panoplie de métaphores mais peine à émouvoir. Djo et Zina sont parties en Syrie dans le Djihad en suivant un homme qu’elles aimaient, s’y sont trouvées piégées, livrées à l’Emir, violées, battues, séquestrées, et ont réussi à s’enfuir pour revenir en Tunisie. Elles sont soupçonnées de terrorisme autant que de prostitution et sont rejetées et agressées, autant qu’objet médiatique. Une avocate et une médecin les prennent en charge, ainsi que la mère…

Deux mois avant le festival, le 16 août 2019, les Journées cinématographiques de Carthage (JCC) ont perdu, leur directeur, soudainement terrassé par une crise cardiaque. Un vibrant hommage lui a été rendu durant cette session qui a porté son nom, mais qui était Nejib Ayed ? Une couverture noire pour le catalogue, des badges à son effigie, des hommages dans les journaux et lors d’une émouvante cérémonie, une présence dans toutes les prises de parole… Cette 30ème session des JCC a porté le nom de celui dont cela devait être la troisième édition en tant que directeur. Avec lui, les JCC…

Le 2 novembre 2019, la candidature de la Cinémathèque tunisienne a officiellement été acceptée par la FIAF (Fédération Internationale des Archives du Film) en tant que membre associé. Elle regroupe les institutions les plus importantes en matière d’héritage cinématographique et a pour principale mission de faciliter la coopération entre ses membres. Faten RIDENE RAISSI fait ici le point sur la conférence inauguratrice d’un espace dédié à la conservation du patrimoine cinématographique dans les locaux de la Bibliothèque nationale de Tunisie. Nous avions publié l’épisode I en septembre 2018. Les JCC 2019, -session d’hommage à feu Nejib Ayed-, représentent bien un…

Entretien avec Alain Gomis aux JCC 2019, Tunis

Le réalisateur franco-sénégalais Alain Gomis est président du jury des Journées cinématographiques de Carthage qui se déroulent du 26 octobre au 2 novembre 2019 à Tunis. C’est l’occasion d’une conversation à bâtons rompus sur les projets du réalisateur autant que sur la relation nord-sud au sein de l’Afrique. En quoi consiste le centre Yennenga que vous avez contribué à créer à Dakar ? Nous organisons des ateliers. Le premier a été de recevoir des étudiants suisses et de les mélanger à des étudiants sénégalais. L’idée n’est pas de faire une école mais d’accompagner les jeunes qui ont fait parfois des…

Ne pas lâcher son rêve

En sortie dans les salles françaises le 13 novembre 2019, le premier long métrage de fiction de la Tunisienne Hinde Boujemaa a reçu le Tanit d’or aux Journées cinématographiques de Carthage (26 oct. – 2 nov.). Un film au scalpel qui remet en cause les lois rétrogrades mais explore aussi la représentation du mariage en société tunisienne. Noura (Hend Sabri) est amoureuse de Lassad (Hakim Boumsaoudi). Son mari Jamel (Lotfi Abdelli) est en prison et elle cherche à divorcer. Mais voilà que Jamel sort plus vite que prévu… Un adultère en Tunisie, cela peut aller jusqu’à cinq ans de prison.…

Le trouble de l'homme invisible

Présenté à la sélection ACID du festival de Cannes en mai 2019, le nouveau film du duo Patrick Mario Bernard et Pierre Trividic (Une Famille parfaite, Dancing, L’Autre) sort le 16 octobre dans les salles françaises. Autour des enjeux du regard et de la corporalité, une métaphore fantasmatique du devenir noir dans la société française. Qu’ont-ils bien voulu dire ? La force de L’Angle mort est qu’il déjoue les plans d’analyse, les messages et les pédagogies trop rapides. Oui, le personnage principal, Dominick, est joué par Jean-Christophe Folly, d’ailleurs excellemment, mais le fait qu’il est noir n’est pas en soi le…

En compagnie d'une femme puissante

Deuxième long métrage de fiction de Boris Lojkine, Camille est tourné en République centrafricaine, malgré la violence endémique qui secoue encore le pays. Un film qui remue, en sortie dans les salles françaises le 16 octobre 2019. En octobre 2013, la photo-reporter indépendante Camille Lepage, 26 ans, se rend en Centrafrique où les Séléka, coalition de groupes rebelles a dominante musulmane, a pris le pouvoir en mars 2013 et sème la terreur. Le 5 décembre, les milices miliciens d’autodéfense anti-balaka (qui portent des gris-gris censés les protéger contre les balles des kalachnikovs : « anti-balles-AK ») attaquent Bangui, ce qui déclenche un massacre.…

L'apprentissage de la distance

Depuis son premier rôle au cinéma dans « La Graine et le mulet » d’Abdellatif Kechiche en 2007, la Marseillaise Hafsia Herzi a mené une carrière d’actrice marquée par son engagement tant physique qu’affectif. Elle passe à la réalisation avec « Tu mérites un amour », un film très personnel où elle prend à nouveau un maximum de risques. Présenté à la Semaine de la Critique au festival de Cannes 2019, il est sorti le 11 septembre dans les salles françaises. Ce qui réjouit dans le film d’Hafsia Herzi, c’est qu’on est proche d’elle durant tout le film. Oui, elle est belle et sensuelle…

Critique et entretien avec Katy Lena Ndiaye

En sélection à l’excellente compétition documentaire du Fespaco 2019, ce film marque le retour de Katy Lena Ndiaye après de longues années de travail au CIRTEF. La caméra le suit de près, le cadre de près : elle s’attache à l’homme, au militant, ses interrogations, ses réflexions, ses engagements. Le rappeur Smokey (de « S’moquer »), qui électrise les foules dans ses concerts, est aussi l’animateur du Balai Citoyen, un groupe de jeunes déterminés qui ont grandement contribué à la révolte populaire qui a dégagé le régime de Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 27 ans. On croyait Smokey fou, à oser ainsi braver…

Ne pas baisser les bras

Sorti le 28 août 2019 dans les salles françaises, le nouveau film de Grand Corps Malade et Mehdi Idir après Patients (2017) est-il juste un autre film de banlieue ou un film juste ? Samia, une CPE (conseillère principale d’éducation) novice, débarque de son Ardèche natale dans un collège réputé difficile de la ville de Saint-Denis. Elle se donne à fond, malgré la difficulté, notamment pour soutenir Yanis, un ado qui se cache derrière son insolence. Durant cette année scolaire, entre parents, élèves, personnel administratif et profs, elle va découvrir et devoir gérer une multitude de personnalités et de situations…

Critique et entretien d'Olivier Barlet avec Souheil Ben Barka

Amour et espionnage sont les axes du huitième long métrage du réalisateur marocain en sortie dans les salles françaises et de nombreux autres pays le 18 septembre 2019 : une fresque monumentale au budget de 9 millions d’euros qui se déroule à un moment clef de l’Histoire marocaine, lorsque l’Espagne de Charles IV craint le sultan chérifien Moulay Slimane. Une sorte de Lawrence d’Arabie marocain. Critique et rencontre avec le réalisateur, qui avait présidé le jury longs métrages du Fespaco 2005 auquel j’avais participé. O.B. Les Mille et une mains (1972, distribué dans plus de 115 pays), La Guerre du…

Le Festival International des Films de la Diaspora Africaine tient sa 9ème édition à Paris du 6 au 8 septembre 2019. C’est comme chaque année l’occasion de voir des films inédits ou rares portant sur le vécu diasporique et la diversité culturelle des sociétés modernes, avec pour objectif le dialogue des cultures. Cette sélection concoctée par Diarah N’Daw-Spech et Reinaldo Barroso-Spech privilégie la cohérence de films appelant au débat, avec une attention particulière pour les problématiques féminines mais aussi les interactions artistiques. Des femmes journalistes déterminées On l’appelle « la Rageuse ». Incarnée avec densité par Astrid Bayiha, elle se tient droite,…

Entretien d'Olivier Barlet avec Sol de Carvalho à propos de Mabata Bata

La beauté de Mabata Bata est fulgurante, adaptation d’une nouvelle éponyme de l’auteur mozambicain Mia Couto (meilleur montage et meilleure image au palmarès du Fespaco 2019). Retour avec son réalisateur sur un film important, malheureusement encore absent des salles françaises, et ouverture sur le travail esthétique en cours dans les cinémas d’Afrique. Ce film nous transporte dans un univers d’une saisissante actualité alors que l’actualité en est absente. Qu’est ce qui vous a poussé à prendre comme base cette nouvelle de Mia Couto ? J’ai opéré durant les quatre années précédentes des recherches historiques pour une série de 23 épisodes…

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