Chaque année en septembre, le Festival international des films de la diaspora africaine (FIFDA) nous permet de découvrir, avec la programmation concoctée par Diarah N’Daw-Spech et Reinaldo Barroso-Spech des films rares, inédits ou inconnus explorant la grande panoplie des cultures afro-descendantes de par le monde mais aussi des films réalisés en Afrique par des réalisateurs vivant sur place. C’est à nouveau le cas cette année avec cette 13ème édition, avec des films qui tournent autour de la résistance.
Musiques de résilience
C’est en musique que s’ouvre le festival le 8 septembre avec The Woodstock of House de Rodrick F. Wimberly et Senuwell Smith, suivi d’un débat avec l’équipe du film. Il retrace la montée et la renaissance de la House music, un genre musical développé à Chicago en réaction à la violence qui décimait les Noirs, les Latinos et les Homosexuels. D’abord attaquée, ostracisée et réduite à la marginalité par l’Amérique blanche, cette musique développée par des DJ et diffusée lors de rassemblements prenant peu à peu de l’importance dans les années 70 était toujours accompagnée de danseuses et danseurs. Ces mélodies hypnotiques se partageront entre une tendance underground et une tendance commerciale, le disco, notamment popularisé par Saturday Night Fever (La Fièvre du Samedi Soir, John Badham, 1977). A son apogée, des campagnes anti-disco (« disco sucks »), clairement antiféministes et contre les minorités, débouchèrent sur la Disco Demolition Night, autodafé du 12 juillet 1979 au Comiskey Park de Chicago, qui dégénéra en émeute.
Réfugié dans des clubs privés, le mouvement disco, fort de sa capacité à mettre les corps en mouvement et de sa reprise des idéaux du rock des années 50′, va évoluer vers la house.
qui a été attaqué et apparemment détruit par l’Amérique dominante à la fin des années 1970 parce qu’il était trop noir, trop latin et trop gay. « Woodstock of house » explore la mutation, le développement et la renaissance de cette musique sous le nom de House Music par des adolescents afro-américains désœuvrés des quartiers sud de Chicago, dans le cadre d’une culture souterraine de marginaux et des habitués de boîtes de nuit.
Woodstock Of House Trailer FIFDA from ArtMattan Productions on Vimeo.
Ce type de documentaire est passionnant, même si la forme typiquement américaine peut gêner un public français habitué : un gros paquet d’informations, de partage de vécus, de ressentis et d’anecdotes grâce une multitude d’extraits d’interviews avec les personnes centrales pour le sujet, ici les organisateurs et les DJs. Le tout devient une analyse grâce à un montage circulaire égrenant à la fois l’Histoire et les grands thèmes. Le point de vue des cinéastes s’appuie sur de remarquables documents d’époque et ce qui a été sélectionné dans les interviews. Les éventuelles contradictions émanent dès lors davantage des juxtapositions verbales que de la possibilité pour les interlocuteurs de développer leur point de vue.
Ce documentaire est bien complété par la reprise de The Story of Lovers Rock du renommé Menelik Shabazz, cette fois dans l’Angleterre des années 70 et 80, un film de 2011 qui fonctionne sur le même credo esthétique (extraits d’interviews / illustrations par la musique) mais avec davantage de maîtrise et d’originalité. Lovers Rock, c’est le titre d’un superbe film de Steve McQueen dans sa série Small Axe, hommage à cette école de reggae doucement chaloupée où les corps sont invités à onduler et se rencontrer. Comme chez McQueen, les tensions raciales sont présentes et motivent comme échappatoire le romantisme d’un genre musical dont l’amour est le leitmotiv. Les morceaux sont en général chanté par des femmes noires, comme Louisa Mark avec « Caught in a Lie » (1975), la magnifique chanson produite par Lloyd Coxsone.
Lovers Rock Trailer – FIFDA 2023 from ArtMattan Productions on Vimeo.
Dans le sud de Londres, « l’incendie de New Cross » avait coûté la vie à treize jeunes Noirs le 17 janvier 1981. Il était l’apogée d’une ambiance délétère et de multiples attaques racistes. Margaret Thatcher n’avait pas hésité lors de sa campagne électorale de 1979 à jeter de l’huile sur le feu en déclarant que « les Britanniques ont peur d’être submergés par des gens de culture différente ».[1] Le film s’arrête longuement sur le drame et la manifestation qui avait suivi, mais aussi sur les « sus laws » qui faisait de tout Noir un suspect devant être fouillé au corps. L’émeute de Brixton de 1981 représenta un tournant : l’Etat comprenait qu’un pouvoir noir pouvait se manifester. « Quarante ans après, l’affaire continue à marquer les esprits », comme le dit Alex Wheatle, un des jeunes Noirs emprisonnés lors de ces émeutes de Brixton et devenu un romancier en vue, auquel Steve McQueen a également consacré un film éponyme dans sa série Small Axe.
On l’a compris, politique et musique sont largement entremêlés dans le film. Il fallait donc des sound systems pour diffuser la musique dans des endroits protégés. Qu’avait de subversive cette musique langoureuse se dansant avec des mouvements sensuels du bassin, si ce n’est d’affirmer une culture de résistance à la haine et la bêtise ? Elle était tellement envoûtante qu’elle trouva même des interprètes au Japon !
Des films d’Afrique
Le festival est à remercier de donner à voir Nome de Sana na N’Hada, qui bien qu’il ait été sélectionné à la section ACID du festival de Cannes 2023 ne semble pas être annoncé sur les écrans français. Fait avec des bouts de ficelles, le film profite de cette énergie pour tenter une écriture mosaïque, aussi bien dans le temps que dans la forme. Il raconte en effet, à partir de l’histoire de Nome (qui veut dire homonyme, c’est-à-dire tout le monde) celle de la Guinée Bissau dans la guerre d’indépendance et ensuite. Et cela en mêlant des archives (Sana na N’Hada avait été chargé par Amilcar Cabral d’apprendre le cinéma à Cuba pour pouvoir documenter la guerre de libération), des scènes empreintes de réalisme magique et la présence d’un esprit au visage peint en blanc, à la fois sage et guide qui se désespère devant les choix des humains – à l’image de ce que ressent aujourd’hui le réalisateur (cf. entretien avec Sana na N’Hada).
Raci, cet enfant qui nous regarde en début de film, enterre son père, « le meilleur joueur de bombolo« . Télégraphe des temps anciens, compris seulement par les initiés, ce tambour a joué un rôle essentiel de communication durant la guerre. On l’entendra parler durant tout le film, lui conférant une impressionnante force poétique. Raci doit en fabriquer un pour honorer son père et « pour rétablir l’équilibre du village« . Voici donc la politique s’infiltrer dès le départ dans cette histoire familiale alors même que les villages s’engageaient peu à peu dans la guerre de libération, suivant l’appel du bombolo.
Nome, son grand-frère, compte un peu trop les étoiles avec Nambù, une nièce venue aider sa mère veuve. « C’est toujours sur la femme que tombe la honte » : ils risquent d’être bannis en ayant un enfant hors mariage. Nome part à la guerre où il devient « le cauchemar des Portugais » tandis que Nambù et son bébé auront un destin dramatique. A la fin de la guerre, Nome s’installe à Bissau pour « faire des affaires » avec ses compagnons d’armes, au grand dam de l’un d’entre eux et de l’esprit qui constate que « l’espérance et l’utopie se battent chaque jour contre la cupidité et le mal« .
Comment retrouver l’innocence, l’esprit d’enfance nécessaire pour choisir l’utopie ? « Le monde est aveugle, ne te laisse pas aveugler », souffle l’esprit à Nome. Cette inquiétude traverse tout le film, d’une criante actualité. « On s’appelle tous Nome : nous sommes tous responsables, du succès comme de l’échec », dit Sana na N’Hada. A la fois épique et fascinant par la richesse de ce qu’il tresse, Nome est l’interrogation essentielle d’un réalisateur de 73 ans qui s’est battu toute sa vie pour que son pays se développe dans le respect de ses valeurs, dans l’esprit de la Révolution.
Jalaldine fait penser à Jalalou’ddin Roumi. Le film parle effectivement un peu de soufisme mais ce n’est pas sa vie. En fait, j’ai choisi ce prénom comme titre car les gens vont penser à lui », me disait Hassan Benjelloun lors d’un entretien consacré à son précédent film, Habiba. Effectivement Jalaldine n’est pas le biopic du célèbre poète, théologien et mystique persan du XIIIème siècle qui a profondément influencé le soufisme. L’inspiration est cependant là : il s’agit d’un mari très épris de sa femme Hiba et profondément choqué par son décès. Jalal se réfugie dans une zawiya auprès d’un sage à qui il confie son désarroi et qui lui répond : « La vérité est un miroir tombé des mains de Dieu et qui se casse. Celui qui en ramasse un morceau croit que c’est toute la vérité. La vérité est plurielle dans tout être humain et unique dans l’univers. Cherche la lumière en toi-même et tu trouveras la vérité« . Vingt ans plus tard, le sage soufi mourant lui laisse sa place pour qu’il prêche à son tour. Adil, le fils d’Hiba et Jalal, vit avec une ancienne prostituée, Rabia. C’est au tour de leur fils Walid de chercher la vérité. Il veut se rendre pour cela en Inde mais Adil lui dit d’aller écouter Jalal dont il lui avait peu parlé. Pendant ce temps, la mère de Rabia, Djila, qui tenait la maison close, revient après cinq ans de prison et quinze ans d’Italie pour regagner sa dignité. Adil lui refusant son aide, elle cherche à salir la mémoire de son Jalal et de Rabia…
Ces complexes entrelacs tournent encore autour de la vérité, avec pour enjeu de ne pas croire qu’on la saisit si on n’a qu’un morceau du miroir. Une harangue télévisée de Jalal attaque directement ceux qui estiment la détenir, les islamistes prêts à tout. Les intrigues romancées du film conduisent ainsi à un appel à la tolérance. Avec 8 millions de dirhams de budget (750 000 €), ce film tourné avec une certaine magnificence convainc paradoxalement par la simplicité de son propos : sa sincérité s’impose, à l’image de tout le parcours cinématographique d’Hassan Benjelloun.
Avec Epines du Sahel, le Burkinabè Boubakar Diallo s’attaque à la question terroriste qui bouleverse son pays. La jeune infirmière Naïma espère retrouver dans un camp de déplacés son frère disparu et doit finalement y rester longtemps pour y assurer un remplacement. Femme moderne, elle apporte son engagement et sa spontanéité, distribuant volontiers des préservatifs au grand dam du pieux Béchir, et s’insurgeant contre le harcèlement sexuel de ceux qui distribuent la nourriture. Elle résiste à la radicalité militaire du Lieutenant qui affirme qu’ « un terroriste inoffensif est un terroriste mort » malgré le fait qu’elle a elle-même perdu sa mère par leur faute.
L’art de Boubakar Diallo est d’instiller des romances qui émoustillent le public ainsi que des réparties qui le font rire. Malgré la gravité des situations, l’ambiance du film est donc plutôt légère. Il ne tourne cependant pas autour du pot. Le lieutenant ne croit pas pouvoir gagner une guerre asymétrique. Le groupe sera effectivement rattrapé par la réalité de la violence, des infiltrations et des traîtrises. « C’est ce que nous vivons : j’ai voulu fixer la tragédie pour la postérité« , avait déclaré Boubakar Diallo après la projection au Fespaco de février 2023. Les déplacés du camp sont de vrais déplacés qui prenaient peur dans certaines scènes, et la police a également fourni des figurants. Sans complaisance pour personne, Epines du Sahel constitue un témoignage actuel et honnête.
Epines du Sahel / The Thorns of the Sahel – Trailer from ArtMattan Productions on Vimeo.
Fictions de la diaspora
Film de clôture, Ludi, le premier long métrage d’Edson Jean, est une histoire touchante qui montre bien ce qui est à l’oeuvre dans le melting-pot de Miami. Un insert au départ mentionne en créole : « Les seins ne sont jamais trop lourds pour ceux qui les portent« . Et pourtant… Ludi (Shein Mompremier) est une aide soignante haïtienne qui envoie régulièrement de l’argent à sa famille en Haïti pour que ses cousines ne manquent de rien mais a du mal à le faire avec son petit salaire. Elle se tue au travail en cherchant à faire davantage de gardes au détriment de sa vie privée et de son sommeil. Coincée par une promesse à sa cousine, elle prend des risques et se retrouve avec un vieux particulièrement acerbe et agressif. L’essentiel du film concerne l’évolution de cette relation où Ludi est parfois intrusive mais essaye de rester à la fois professionnelle et attentionnée jusqu’à un final inattendu. « Le rêve américain n’est plus ce qu’il était« , dit le vieil homme : aux Etats-Unis non plus, il ne fait pas bon d’être immigrée, surtout quand il faut faire face à des harcèlements de tous genres. Mais le film n’est pas à charge : chaque personnage a ses tares et ses beautés. Quant à Ludi, elle apprend à savoir garder son intégrité.
trailer LUDI – Fifda from ArtMattan Productions on Vimeo.
Le confinement suite à la Covid 19 a donné quelques films plus ou moins réussis : l’enfermement s’ajoutant à l’angoisse de cette épidémie mondiale débouche sur une impasse. C’est le cas de Spleen de Fabien Carrabin, thriller psychologique qui tourne au film d’horreur. « La matière noire. Elle coule le long de tes veines et t’empoisonne le cerveau« , entend-on au départ. Jo (interprété par le réalisateur), la quarantaine, essaye d’occuper ses journées et son seul contact avec l’extérieur est son copain Franck au téléphone. Une bouche de ventilation semble lui envoyer des objets qui déclenchent chez lui des visions de plus en plus obsédantes et sanglantes, en lien avec son propre passé. Il essaye désespérément de résister à l’engrenage, mais Franck est-il vraiment son ami ? Il se met à délirer jusqu’à un final lui aussi assez désarçonnant. Pour les amateurs du genre.
Le vécu noir : clichés, discriminations, résilience
Je suis Noires de Rachel M’Bon et Juliana Fanjul oppose le consensus et la neutralité suisses aux clichés que doivent supporter les femmes noires ou métisses, des assignations d’ordre coloniales alors que le pays n’a pas eu de colonies. Il est cependant connu pour son chocolat sans produire de cacao. Le film est issu de la honte ressentie par Rachel M’Bon d’avoir un père noir. D’autres femmes témoignent de leurs années scolaires où étaient comparées au caca, vues comme moches ou sorcières. Les publicités confirmaient cette pyramide des races. Toutes ont vécu ce mélange de distance et de méfiance qu’ont les gens vis-à-vis d’elles au quotidien. « Je ne suis pas une menace, je ne suis pas une tigresse, je ne dégage pas d’odeur particulière » ! Les échanges entre femmes facilitent la réaction, surtout en temps de Black Lives Matter. Une action politique est nécessaire pour soutenir l’évolution des mentalités, « comme pour le changement climatique« . Mais il faut oser son look à soi, sa coupe afro, pour arriver à s’accepter telle qu’on est.
Le Brésil a absorbé à lui seul presque la moitié des esclaves africains de la traite négrière et le dernier pays des Amériques à avoir aboli l’esclavage en 1888. Aujourd’hui, malgré le mythe officiel de la démocratie raciale, le racisme et le sexisme font système. En réaction, les Brésiliennes afrodescendantes quittent les places qui leur sont assignées. « Nous devons être fortes parce que l’Etat est négligent« , dit Djamila Ribeiro.[2] Petites virées (Rolé) de Vladimir Seixas montre comment l’empowerment n’est pas seulement un individualisme consumériste mais des initiatives collectives.
« Mets le mal à genoux juste en évoquant Ogùn » : la chanson que fredonne une Afrodescendante qui se maquille donne le ton dès le début du film. Suit une avalanche de documents depuis 2013 sur les petites virées, ces descentes en groupes d’Afrodescendants des quartiers pauvres dans les centres commerciaux qui les excluent : un mouvement à la fois social et antiraciste. « La vie des Noirs compte aussi ! » : le slogan apparaît lorsque des vigiles tabassent un jeune à mort. Le film se situe quelques années après cette vague de petites virées et documente comment ce mouvement a encouragé l’affirmation individuelle. Certes, les magasins ont encore peur que les Noirs menacent leur sécurité, des favelas ont été détruites, relogées toujours plus loin des centres, et le règne de Jair Bolsonaro à partir de 2019 a encouragé les dérives racistes et sexistes que l’on trouve déjà dans les publicités. « Sachez-le, nous serons là ! » est la réaction. Cela se manifeste par la revendication des coiffures afro, une mode et des parures idoines, des expressions théâtrales très physiques, l’ancestralité, le kizomba, la référence à Zumbi dos Palmares et des performances dans l’espace public organisées par des groupes d’échanges afrocentrés. « Notre réaction n’est pas la violence mais l’intelligence« , mais lorsque le 20 novembre 2020, un Afrodescendant est roué de coups durant 5 minutes à Porto Alegre, des émeutes embrasent tout le Brésil au nom de « Au feu les racistes ! »
On retrouve Miami avec Invisible color : les Afro-Cubains à Miami du Cubain Sergio Giral, célèbre pour sa trilogie El otro Francisco, Rancheador et Maluala portant sur l’esclavage dans les Caraïbes au XIXe siècle. Si l’on parle de couleur invisible, c’est que personne ne semble se rendre compte de la présence de Cubains afrodescendants à Miami. Ils n’entrent dans aucune catégorie et sont perçus de différentes façons : les Africains-Américains les considèrent comme hispaniques et les Hispaniques comme noirs. Ils existent pourtant, arrivés plus tard que les émigrés blancs qui avaient les moyens du voyage (140 km par la mer) et de l’installation. La première vague fut en 1980 l’exode de Mariel (port à 40 km de La Havane), lorsque Fidel Castro a expulsé 125 000 « contre-révolutionnaires ». D’autres suivirent, notamment 30 000 balseros en 1994. Séduits par le discours égalitaire développé par le pouvoir cubain, ils se rendirent vite compte que la réalité restait autre : « Le problème des régimes communistes est qu’ils donnent les outils pour penser mais qu’ils ne veulent pas que vous pensiez« . Une initiative de rapprochement entre les Afrodescendants (Africains-Américains, Jamaïcains, Cubains noirs) est évoquée sans qu’aucun détail ne soit donné. Le film est un peu touche-à-tout, manque de documents d’époque, mais a l’avantage de mettre un projecteur sur une communauté méconnue, invisibilisée, et comme toujours reléguée au bas de l’échelle sociale.
Quant à Alma no Olho (L’âme dans l’oeil) du Brésilien Zozimo Bulbul, décédé en 2013, dont la filmographie est impressionnante, avec notamment Quilombo. Ce 8 minutes est une pièce d’anthologie sans dialogues sur un freejazz de John Coltrane : la caméra cadre le rire, les oreilles, l’épaule, les aisselles en sueur, les poiles de la poitrine, le cul, les pieds, les jambes d’un homme noir en mouvement, qui rit et qui danse. Mais le voilà soudain enchaîné, qui hurle et se tord. Forcé à travailler, épuisé, il se bat, mendie, fume et finit par briser ses chaînes.
[1] Cf. Mogniss H. Abdallah, « 1981, l’incendie de New Cross, un tournant dans l’histoire des Noirs britanniques », Plein droit 2021/1 (n°128), p. 48-52.
[2] Djamila Ribeiro et Nadia Yala Kisukidi, Dialogue transatlantique – perspectives de la pensée féministe noire et des diasporas africaines, Anacaona éditions, 2021, p.40.