La tente du CNC sur la plage du Gray d’Albion a été mise à disposition le 12 juillet 2021 à Cannes pour une conférence de presse où la ministre burkinabée de la Culture, des Arts et du Tourisme, Dr Élise Foniyama Ilboudo/Thiombiano, et le délégué général, Alex Moussa Sawadogo, ont détaillé ce que sera la 27è édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO).
Mme Thiombiano est loin d’être une néophyte en matière culturelle. Archéologue et maître de conférences à l’Unité de Formation et de Recherche en Sciences Humaines de l’Université Joseph Ki Zerbo à Ouagadougou, elle était aussi chercheuse associée à l’Université Paris I. Députée, elle a été nommée ministre en janvier 2021. Elle a rappelé le thème de la prochaine édition : »Cinéma d’Afrique et de la diaspora : nouveaux regards, nouveaux défis », avec le souci que le FESPACO reste un pôle d’attraction pour les cinéastes africains et les professionnels internationaux.
Elle a assuré que pour cette édition dont la date a été reportée du 16 au 23 octobre toutes les dispositions seraient prises, mobilisant toutes les forces policières et de défense, dans le contexte d’insécurité auquel est confronté le pays mais aussi face à la crise sanitaire. Il est vrai que ce n’est pas la première fois que le FESPACO est confronté à ces problèmes : on se souvient du sérieux des contrôles et mesures sanitaires en 2015 lors de l’épidémie du virus Ebola et dans le contexte post-révolutionnaire, où était notamment projeté le film Timbuktu d’Abderrahmane Sissako, qui raille les Djihadistes.
C’est conscient de reprendre un étalon qui chevauche depuis plus de cinquante ans qu’Alex Moussa Sawadogo s’est engagé dans cette aventure. Il dirige notamment le festival Afrikamera à Berlin et le Ouagafilm Lab à Ouagadougou et est bien connu du milieu professionnel. Il était frappant de constater la bonne intelligence qui ressortait de sa relation avec la ministre, laquelle s’est effacée pour qu’il puisse présenter les grandes lignes du festival à venir.
« Nouveaux regards, nouveaux défis » : le Fespaco va chercher à répondre aux enjeux du temps présent sur trois plans. Artistique d’abord, car c’est le noyau du festival. Populaire ensuite car ce fut la clef de son succès et de son impact. Professionnel enfin car les besoins de la profession doivent être au cœur du festival.
Il fallait d’abord un outil internet adapté. C’est chose faite avec https://fespaco.org/, qui sera la base informative du festival. On y trouve déjà les « news » qui permettent de suivre les développements à venir.
Le plan artistique a été d’entrée renforcé avec une série de professionnels reconnus en provenance de toute l’Afrique. C’est la première fois que le Fespaco rend public son comité de sélection et l’on peut espérer que cet aréopage de compétences fera que le festival offrira les films marquants qui méritent d’y être.
Malgré les 1500 films reçus, le nombre de films en compétition sera notablement réduit : les longs métrages de fiction seront ramenés à 15 films et les courts métrages à 10. La section des longs métrages documentaires comportera 10 films et celle des courts aussi. On trouvera aussi 10 films dans la section films d’animation et 10 séries télévisuelles dans la section dédiée. Enfin, les films d’école seront également au nombre de 10.
Les autres sections ne seront pas compétitives, en dehors de la Section Burkina qui sera dotée du Prix du « Président du Faso ». « Pour ne pas écarter cette génération », a précisé Alex Moussa Sawadogo, Fespaco perspectives sera consacrée aux 1ers et 2èmes films. Le Panorama regroupera des films forts, et Fespaco Classics permettra de montrer les films récemment restaurés avec un forum sur les archives du cinéma africain. Fespaco Sukabè (enfants) regroupera les films ayant les jeunes comme cible principale et l’Etalon d’honneur honorera un cinéaste pour l’ensemble de son œuvre.
Le plan populaire sera renforcé sur la place de la Révolution qui retrouvera des projections gratuites en plein air et par la section consacrée au cinéma burkinabé. Des projections périphériques en plein air seront également organisées et la décentralisation ne sera pas oubliée, comme c’était déjà le cas à Bobo Dioulasso. L’ouverture et la clôture se dérouleront au Palais des sports de Ouaga 2000 (4600 places).
La traditionnelle « rue marchande », qui draine un grand public auprès des échoppes de marchands venant de toute la sous-région, ainsi que les bars et maquis seront dans un espace sécurisé en face de la cathédrale, 10 minutes à pied du siège du Fespaco qui sera réservé aux professionnels, notamment avec le MICA, le marché du film.
Le plan professionnel est en effet central. Les ateliers professionnels, les Ateliers YENNENGA, constituent un nouveau dispositif consacré à l’accompagnement des films au stade de post-production et à l’immersion des aspirants aux métiers du cinéma.
Le programme de formation Yennenga Académie s’adressera « aux nouvelles communautés de créateurs de films qui ne sortent pas d’écoles de cinéma », a précisé le délégué général, permettant de se former aux autres métiers du cinéma que la réalisation et facilitant l’émergence d’initiatives et collaborations.
Animées par des critiques et des universitaires, des discussions approfondies seront organisées avec les réalisateurs sur leurs films dans le cadre de Yennenga Libooni, un espace consacré à ce type d’échanges et aux masterclass.
Une coordination sera prévue (Yennenga Collection) pour que les différents événements ne se fassent pas concurrence dans les horaires et disposent du maximum de visibilité auprès des professionnels. Un espace Idrissa Ouédraogo sera aménagé avec une bonne connexion internet pour que les accrédités professionnels aient à disposition un espace de travail et d’échange. Et un espace Saint-Pierre Yaméogo proposera un lien convivial en soirée.
Suite aux questions du public, la ministre insista sur la dimension panafricaine du festival, sur l’importance de mettre davantage toutes les équipes de film en valeur et sur l’accueil chaleureux du Chef de l’Etat sénégalais lors du déplacement de la délégation du Fespaco à Dakar alors que le Sénégal sera le pays invité d’honneur de cette 27ème édition, et apportera un soutien technique pour les sonorisations des cérémonies d’ouverture et de clôture.