Alain Mabanckou entre en littérature en 1993, avec le recueil de poèmes Au jour le jour. Suit deux ans plus tard un autre recueil qui confirme son talent poétique, L’Usure des lendemains, couronné par le prix Jean-Christophe de la société des poètes français. Viendront ensuite notamment Les arbres aussi versent des larmes (L’Harmattan, 1997) et Quand le coq annoncera l’aube d’un autre jour (L’Harmattan, 1999). Mais c’est surtout après la parution de son premier roman, Bleu blanc rouge (Présence Africaine, 1998) qu’il se fait connaître du grand public. Mabanckou y dépeint le phénomène des dandys congolais à Paris, analysé en amont par son compatriote le sociologue Justin Gandoulou.
Avec Les Petitsfils nègres de Vercingétorix, il revient sur la dernière guerre civile congolaise en un pays fictif, le Viétongo. Le président Lebou Kaya, Sudiste, vient de perdre le pouvoir à la suite d’un coup d’Etat fomenté par Le général Edou et ses milices, les Anacondas. Vercingétorix, chef rebelle sudiste, aidé par ses miliciens, va reconquérir le pouvoir.
La langue limpide de Mabanckou se met au service du récit d’une femme : la Nordiste Hortense Iloki. Fuyant la guerre, elle traverse le pays en notant dans un cahier d’écolier les violences, les haines et les atrocités qui endeuillent le Viétongo. Mais choisissant une structure éclatée, il écrit un texte polyphonique. D’autres voix conduisent le récit : Mam’Soko, ou Christiane, l’amie de la narratrice. Ponctué de clins d’il à l’histoire coloniale et congolaise, Les Petits-fils nègres de Vercingétorix est, en écho à Tombeau transparent de Léopold Congo-Mbemba (1997) ou Johnny Chien méchant d’Emmanuel Dongala (2002), une méditation sur les conséquences psychiques, sociales et affectives des dernières guerres civiles congolaises. Il le fait en explorant une problématique classique de la littérature : l’amour en temps de guerre. A la fois précis de mentalités, travail de mémoire sur l’adolescence de l’auteur à Brazzaville et Pointe-noire, mine de clins d’il intertextuels, ce roman dédié à Mongo Béti, Dongala et Lopès est aussi un vibrant hommage à ces aînés romanciers qu’il appelle affectueusement les Balakissi nzéla, les éclaireurs !
Les Petits-fils nègres de Vercingétorix, d’Alain Mabanckou, Le Serpent à plumes, Paris 2002, 262 p. 15 ///Article N° : 2558