Mickey Dube, cinéaste « dégoûté »

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Avant de quitter Los Angeles pour retourner en Afrique du Sud, Mickey Dube espérait faire des films. Des long-métrages de fiction. Quelques mois avant de rentrer à Johannesburg, en 1995, il avait présenté Imbazo (La Hache) au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). Ce premier court métrage a ensuite remporté de nombreux prix, dans plusieurs festivals. Il n’a jamais été présenté en Afrique du Sud.
Mickey Dube, 40 ans, estime n’avoir rien fait ces six dernières années. Il a d’abord travaillé un an au département éducation de la SABC, la télévision nationale. « Ce service est népotiste, corrompu et raciste, affirme-t-il aujourd’hui. Entre 90 % et 98 % du travail est confié à des Blancs, et plus de la moitié à des copains, parmi lesquels une société de production qui fait office de travesti : soi-disant noire, parce que contrôlée par le groupe industriel Johnnic, mais dirigée par des Blancs. Au total, aucun producteur noir n’a jamais passé un seul contrat. C’est dégoûtant. »
Il a fondé sa propre société, Waapiti Productions, puis engagé ses fonds personnels pour produire, en 1997, A walk in the night. Ce téléfilm, tiré d’une nouvelle de l’auteur sud-africain Alex La Guma, raconte le drame d’un Métis tellement frustré par son environnement qu’il tue son voisin, un Blanc. Bien que co-financé par le ministère des Arts et de la culture et la SABC, il n’a jamais été programmé. « Sa diffusion a été annulée trois fois, sans que je sache pourquoi », explique le réalisateur.
En 1998, Mickey Dube a dirigé, à la demande d’une société de production extérieure à la télévision, un épisode de la série télévisée (et cette fois bien diffusée) Saints, sinners and settlers, qui mettait en scène le témoignage imaginaire de grandes figures du passé devant la Commission vérité et réconciliation (TRC). En 2000, il a réalisé la version sud-africaine du programme pour les enfants Sesame Street, diffusé à la SABC. Pour vivre, il s’est rabattu sur la publicité et le film d’entreprise. Il avoue être terriblement désillusionné. Au point de se demander s’il n’aurait pas mieux fait de rester à Los Angeles.

///Article N° : 1887

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