Recentrer le Fespaco sur son objet

Entretien d'Olivier Barlet avec Baba Hama, secrétaire général du FESPACO

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Centré sur le problème des circuits de diffusion en Afrique, le prochain Festival Panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou se tiendra du 27 février au 6 mars 99. Attaqué de toutes parts après l’édition 97 du Fespaco, le secrétaire général du Fespaco, répond à ses détracteurs.

Comment réagissez-vous aux reproches de la presse sur l’organisation du Fespaco 97 ?
Les problèmes d’organisation soulèvent des critiques légitimes mais le problème qui a été monté en épingle ne concernait que 15 personnes, signataires de la pétition. J’ai l’impression qu’on ne s’intéresse pas assez à l’objet du festival qui est le cinéma africain, son évolution, ses tendances et ses espoirs, ses nouveautés et ses chances face au cinéma mondial. Je suis journaliste de formation et je sais qu’on s’intéresse plus facilement au croustillant, c’est-à-dire à ce qui ne va pas. Mais il convient de relativiser. Des pas considérables ont été faits au niveau technique qui ont permis au festival de répondre aux attentes de chacun concernant le cinéma africain. Je n’occulte cependant pas les critiques qui marquent l’intérêt porté au festival : il appartient aux organisateurs que nous sommes d’aplanir les difficultés rencontrées.
Comment comptez-vous faire face au développement permanent du festival ?
Le moment est sans doute venu de contrôler davantage et d’être plus sélectif afin de contenir cette affluence. Pour honorer notre hospitalité coutumière, des conditions correctes de travail et de logement sont nécessaires. Il s’agit de concilier l’esprit de rigueur et le sens africain de l’hospitalité.
Pensez-vous infléchir à l’avenir la philosophie du festival ?
Nous opérons un recentrage vers l’objet même du festival : la promotion du cinéma africain. Production, distribution, exploitation : il est grand temps de trouver des pistes de solutions. Le Fespaco réunit un maximum de professionnels et de critiques du cinéma africain en un même lieu : il peut être un centre d’échange et de réflexion sur ces thèmes.
L’appellation  » cinéma africain  » est aujourd’hui décriée par certains : qu’en pensez-vous ?
Je n’en fais pas une polémique : toute appellation est une commodité. Cela concerne les problèmes que rencontrent les réalisateurs africains qui ont grand peine à s’insérer dans le circuit mondial du cinéma. Cette typologie conduit effectivement cette cinématographie à être marginalisée et considérée comme objet de curiosité. Je comprends que les réalisateurs veuillent que leurs films ne soient pas considérés comme de seconde zone ou insérés dans des sections particulières, mais qu’on comprenne qu’ils s’adressent à tout le monde, utilisant un langage universel pour un public mondial. Cela va dans le sens d’une civilisation de l’universel où chacun apportera sa contribution.
C’est ce que voulait exprimer l’enfant blanc et l’enfant noir se tenant bras dessus-bras dessous sur l’affiche du Fespaco 97 ?
C’est effectivement ce que nous avions voulu traduire : il n’y pas de barrière dans le cinéma, lequel va à l’encontre des barrières d’ethnies ou d’exclusions. L’Afrique est elle-même multicolore et multiraciale. Ce n’est pas une seule race qui sauvera l’humanité !
Reprenez-vous à votre compte la perspective d’un Fespaco annuel ?
Tout à fait. Le développement des moyens de communication provoque une telle effervescence que deux ans est un trop long délai pour se rencontrer. Pour mettre en place cette industrie cinématographique pratiquement inexistante sur le continent, il faut multiplier les rencontres et réduire les intervalles. Un Fespaco annuel est possible. La production est certes faible mais cette régularité peut avoir un effet d’entraînement. C’est un défi à relever, tout comme c’était un défi à l’époque de faire un festival en Afrique.
N’est-ce pas mettre de côté l’alternance avec Carthage ?
Je ne pense pas. Carthage est en novembre et Ouagadougou en février, soit quatre mois d’écart… Si Carthage pouvait également avoir un rythme annuel, cela dynamiserait le cinéma africain en général.
Cela ne sera-t-il pas contradictoire avec l’objectif de sélectivité affirmé ces dernières années ?
La sélection se fera quand même en jouant sur les différentes sections, l’accès à la compétition restant sélectif. J’ai toute confiance dans l’effet d’entraînement d’un Fespaco annuel.

///Article N° : 590

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