Samia étouffe comme ses surs sous le poids des interdits de sa famille algérienne. Le grand frère se fait le relais caricatural des peurs des parents pour transformer en prison l’appartement de la périphérie de Marseille : « C’est pas l’Amérique ici, à la maison tu es au bled ! » A sa violence verbale et physique répond celle du racisme quotidien signalé par les violences policières. Samia comprend vite du haut de ses quinze ans qu’elle doit ne laisser personne décider de sa vie. Chronique quasi documentaire adaptée du récit de Soraya Nini « Ils disent que je suis une beurette » (Fixot), Samia trouve le ton juste en laissant ses personnages aller au-delà de leur simple rôle. De la description d’un état, le film devient ainsi la tension d’une émancipation et, malgré l’absence de fiction, convainc complètement. Le métissage sous-jacent illustré musicalement par une fête avec les Barbarins Fourchus et les Gnawa marocains trouve alors tout son sens.
1 h 13, image : Jacques Loiseleux, Prod. Ognon Pictures, Arte ; avec Lynda Benahouda (Samia), Mohamed Chaouch (Yacine), Kheira Oualhaci (la mère). Distr. Humbert Balsan. Sortie France le 3 janvier 2000.///Article N° : 1708