Nous connaissions Michael Raeburn comme réalisateur de Jit, une comédie musicale zimbabwéenne tonique et bien enlevée de 1991. Il revient ici en vidéo numérique avec sa compagne, Heidi Draper, pour une méditation sur la mémoire familiale. Un film intimiste essentiellement composé de voix-off et de natures mortes où ce couple se remémore à travers lieux, objets et réunion de famille ce que fut le drame de leurs enfances. Le drame parce qu’elles furent dures et durement vécues. Au protestantisme puritain et rigoureux de la Nouvelle Angleterre des parents d’Heidi Draper répond en un terrible écho l’Afrique coloniale de l’apartheid rhodésien vécu par Michael Raeburn. La remise en cause des valeurs de leurs familles les conduira à l’anthropologie et au combat anticolonial. Mais de tout cela, nous ne saurons que peu car le film est avant tout la re-création illustrative du souvenir à partir des lieux et des objets du passé. Cette exploration proustienne, psycho-thérapeutique, touche par ce contenu très personnel, mais dans la dimension d’un long métrage, le film pêche tant par itération et redondance que cette méditation-mémoire très construite laisse finalement les objets inanimés et leur âme l’affaire personnelle des réalisateurs.
1999, 1 h 25, prod. Lizard CSE et Mukuvisi Films, 35mm coul., distr. Doc Diffusion (01 48 25 85 66). Sortie France le 7 mars.///Article N° : 1825