Homosexualité et écriture en Afrique francophone

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Dans La Rive noire (1) essai dans lequel Michel Fabre analyse l’émigration des écrivains et artistes noirs américains en France, sont évoquées, entre autres, les relations complexes du grand écrivain Richard Wright à l’égard de James Baldwin, son fils spirituel. L’une des raisons de cet agacement n’est autre que l’homosexualité de James Baldwin. Richard Wright avait quitté les États-Unis à cause de son intolérance raciale ; il était intime de Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre ; il avait aussi écrit dans Black Power une lettre assez paternaliste à Kwame Nkrumah, dans laquelle il lui demande de tourner le dos à l’Afrique ancestrale pour accélérer la modernisation du Ghana ; il se disait occidental par l’histoire et la culture. Le grand écrivain noir américain, esprit éclairé s’il en est, avait la plus grande peine du monde à accepter l’homosexualité d’un noir américain, qui de surcroît, était un écrivain. Ce détour par Richard Wright, pourtant ardent défenseur des libertés individuelles, montre toute l’ambiguïté des noirs par rapport à l’homosexualité. Comment expliquer ce déni de réalité ? Peut-être faut-il en chercher les causes dans la longue lutte contre l’esclavage et le racisme, qui supposait un courage, une détermination, un moral d’acier, que l’on soupçonnait, à tort, absent chez l’homosexuel.
Dans le cas de l’Afrique noire, ce déni s’explique par le rejet d’un Occident supposé décadent, comparativement à une Afrique saine, même si les travaux des anthropologues démontrent, essai après essai, la prégnance de cette pratique sexuelle dans nos sociétés précoloniales. Ce présupposé explique en partie la rareté de l’homosexualité dans la littérature africaine francophone. Ce qui conduit certains auteurs réputés iconoclastes à user du détour pour donner à lire l’homosexualité.
Manifeste littéraire et roman de la déconstruction d’une Afrique édénique, Le Devoir de violence de Yambo Ouologuem, pourtant traversé d’un bout à l’autre par des scènes de fornication, ne met en scène que la relation homosexuelle de l’étudiant Kassoumi avec un blanc. Et encore, il ne s’agit pas ici d’une amitié amoureuse, mais d’une prostitution de Kassoumi pour financer ses études.
L’art du détour
Tout comme Yambo Ouloguem, Calixte Beyala, réputée féministe, use de stratagème pour évoquer un désir lesbien dans une société hétérosexuelle. Dans un texte intitulé : Écriture du corps féminin dans la littérature de l’Afrique francophone : Taxonomie, enjeux et défis, la critique camerounaise Nathalie Etoke met en exergue la stratégie littéraire de la romancière. Elle écrit :
Bien qu’elle ne décrive pas en tant que telle l’attraction physique entre femmes, Calixte Beyala aborde également la question lesbienne dans C’est le soleil qui m’a brûlée. […] Le désir lesbien se réalise par l’intermédiaire d’un homme mort qui devient Irène, la meilleure amie d’Atéba. Par cette métamorphose de l’homme mort en femme, le texte produit un brouillage référentiel qui empêche d’étiqueter son héroïne de manière définitive même si un ensemble d’indices pourraient permettre une lecture lesbienne. […] Le tabou du dire sur les inclinaisons/fantasmes homosexuels est levé. Celui du faire demeure. La narration explicite de l’acte sexuel entre deux femmes est évitée voire totalement inexistante. Dans de telles circonstances, dire ce n’est pas faire (2).
Ce que Calixte Beyala n’ose dire, sa compatriote Frieda Ekotto le réalise dans Chuchote pas trop qui s’ouvre sur une scène de baiser entre Affi et sa mère, baiser qui évoque la force de leur relation, contre le destin du mariage :
À ce moment-là se révèle quelque chose d’inexplicable entre Affi et sa mère. La fille ressent soudain un frisson. Une force irrésistible lui fait relever la tête. Elle approche sa bouche, effleurant le menton de sa mère. Leurs lèvres se touchent en un baiser d’une violence ininterrompue. La boucle en acier rouillé qui orne la lèvre inférieure de la mère s’ouvre et accroche la langue d’Affi. […] « Mon sang et le tien se mélangent comme deux amoureuses qui signent le pacte de l’union, contrat charnel qui lie la vie à la mort. » (3)
Ce baiser défie dans les pages qui suivent :
Les coutumes du village où les jeunes filles entassées dans une masure sans lumière attendent l’instant fatidique où elles s’ouvriraient à la vie. C’est un jour honorable pour les parents dociles et soumis aux traditions. Que peuvent ces gens-là ? (4)
La description de ce baiser entre mère et fille, d’une tendresse absolue, amène le poète et romancier Nimrod à ce constat :
Affi et sa mère s’embrassent ; elles sont amantes. Peindre une liberté de cette sorte dans les sociétés peules du Cameroun revient à ourdir une révolution. Frieda Ekotto l’assume tranquillement. Elle y donne moins à voir l’histoire de l’homosexualité féminine que celle de la quête identitaire ou, si l’on veut, de la requête amoureuse. Quel que soit son rang, un opprimé n’est jamais renvoyé qu’à sa différence sexuelle et à sa race l’Histoire universelle en témoigne à l’envie (5).
Précisons : contrairement à Calixte Beyala, qui écrit à partir de la France, où la question homosexuelle est restée longtemps marginale dans les débats, Frieda Ekotto, elle, vit, travaille, et écrit dans une société américaine, où la question des minorités et des genres fait l’objet d’enseignement dans les universités. Du reste, la romancière elle-même, spécialiste de Jean Genet, revendique son identité homosexuelle et milite pour sa reconnaissance en Afrique. Tout ceci donne à Frieda Ekotto une latitude et une distance pour donner à lire l’amour entre deux personnes du même sexe.
La même année où paraît Chuchote pas trop, la romancière malgache Michèle Rakotoson publie Lalana aux éditions de l’Aube, un roman décrivant une histoire entre deux adolescents malgaches dont l’un, homosexuel, est atteint du sida et que l’autre accompagne dans sa maladie. S’il n’est jamais dit que l' »ami » partage les penchants du premier, Michèle Rakotoson joue sur la polysémie du mot pour évoquer une relation qui reste floue.
Vers un regard du dedans
Notons qu’un an auparavant, l’écrivain togolais Sami Tchak avait publié un récit intitulé La Fête des masques, dans lequel la question de l’homosexualité était évoquée à travers le prisme des figures littéraires et culturelles gays et lesbiens (Genet, Baldwin, Lara Elton John, Antinoüs, Didier Eribon, etc.).
Il s’agit ici d’un regard artistique extérieur qui témoigne chez cet écrivain, admirateur de Sade, auteur de plusieurs essais sur la sexualité, une certaine sensibilité par rapport à l’homosexualité. Si l’écrivain togolais évoque l’homosexualité du dehors, le jeune romancier camerounais Max Lobe propose une véritable immersion dans la vie d’un jeune homosexuel. Son roman 39 rue Berne paru en 2013 aux éditions Zoe en Suisse, relate une expérience amoureuse belle et douloureuse vécue par un narrateur qui raconte en parallèle l’histoire de sa mère, prostituée. Comme dans le premier roman de Yambo Ouologem, Le Devoir de violence, on est face à un couple mixte. La différence avec le romancier malien réside dans l’intensité de la relation. Dipita, le narrateur de 39 rue de Berne, est épris de son amant William. Dans un jeu de monologues intérieurs, il le décrit beau comme un dieu grec, évoque l’accélération de son pouls cardiaque lorsqu’il l’approche, si bien qu’aucun doute n’est possible sur la nature de ses sentiments pour lui. Voici la description d’une scène de baiser :
William me tint par la main. Que signifiait ce geste ? Où étaient donc les filles de l’AFP pour me dire comment me comporter dans ce genre de situation ? Ce n’était apparemment pas une blague. Il y avait du concret. Je vivais mon rêve. Je me rapprochai de William. Je levai les yeux et croisai son regard. Je lui caressai le visage. Nos lèvres s’approchèrent mécaniquement, comme portés par quelque chose de gracieux. Nous nous embrassâmes, tendrement, passionnément, sauvagement. Je lui bouffai la bouche et il en fit autant. Il baissa rapidement son pantalon et j’aperçus un slip déformé façon-façon par son machin-là. C’était aussi raide et doux que les bananes sauvages que ma tante Bilolo utilisait pour faire sa pâte de beignets. BojeunMec, oups ! William avait de quoi être fier là-bas en bas. Dans le jargon des depsos, on dirait qu’il est TbM. Très bien monté. Je palpai la chose pendant qu’il me déshabillait vite-vite (6).
Récit savoureux mêlant le français imagé de la rue camerounaise à une langue classique, 39 rue de Berne est un roman des marges. Marge de la prostitution, marge de la drogue, marge de l’homosexualité. Le fait qu’un tel roman, qui ose mettre sur la place publique l’accouplement de deux jeunes gays, nous vienne du Cameroun, n’est pas anodin. Le pays des crevettes est en Afrique francophone l’un des rares lieux où l’homosexualité a quitté depuis la fin des années quatre-vingt-dix les bas-fonds pour s’exhiber sur la place publique.
C’est au Cameroun que sont publiés pour la première fois un essai et un numéro spécial de revue sur l’homosexualité (7). Mieux, il y a eu en 2006 un véritable débat, parfois à des buts politiciens, dans les journaux, comme le relate Christophe Broqua :
Dans ce pays, où le fait d’avoir « des rapports sexuels avec des personnes de son sexe » est sanctionné par le Code pénal et passible d’amende et de prison, différents titres de presse ont publié en janvier 2006 une liste d’homosexuels présumés appartenant aux hautes sphères de la société, et notamment aux milieux politiques. L’affaire a alors suscité un débat public d’une ampleur sans précédent dans le pays, occasionnant l’expression d’opinions diverses, allant de charges fortement hostiles à l’homosexualité à des critiques dénonçant cette hostilité, en passant par des appels à la délation ou des déclarations du chef de l’État lui-même (8).
Inspiré en partie de l’histoire du Camerounais Donatien Koagne, l’un des plus grands escrocs, ou feyman dans le jargon local, de tous les temps, le dernier roman du Togolais Sami Tchak, Al Capone le Malien, illustre certaines pratiques dénoncées par les quotidiens à scandale. En effet, Sami Tchak ne cache pas s’être directement inspiré d’articles de journaux camerounais et de l’affaire dite du « Top 50 », qui n’a pas visé la seule classe politique ou plutôt, qui a dénoncé ses liens étroits avec la mafia et ses orgies où l’homosexualité ne serait pas en reste. Si le feyman de Sami Tchak est tout sauf homosexuel, il est fortement suggéré qu’il a connu certains rites initiatiques ; en mentionnant les débats sur l’homosexualité au Cameroun, Sami Tchak ancre son roman dans l’actualité politique de l’époque.
Éloge du flamant noir
S’il y a un livre qui invite le lecteur à s’interroger sur l’identité homosexuelle, et particulièrement, ce qu’être homosexuel africain veut dire, c’est Le Flamant noir, récit autobiographique du Congolo-Vietnamien Berthrand Nguyen Matoko. Biographe de la chanteuse congolaise Abeti Massikini, Berthrand Nguyen Matoko nous donne à lire un texte poignant, narratif et méditatif sur la condition homosexuelle. Tout s’est joué très vite. Il y a d’abord ces longues jambes fines, qui lui valent le beau sobriquet du flamant rose donné par sa mère à sa naissance. C’est par cette scène que s’ouvre le récit :
Hôpital général de Brazzaville. À deux heures dix, passé minuit, des sanglots évoquaient les instants fatidiques de ma vie. Dans une chambre à la lumière tamisée, où s’entassaient des nouveau-nés dans des berceaux semblables les uns aux autres, j’étais comme quelque chose qui s’éveillait et combattait sa propre existence. Ma mère qui m’avait étreint dans ses bras dès mes premiers cris, n’avait pas trouvé mieux que de verser une larme en susurrant « Mon petit flamant », ignorant réellement tout de cette appellation et de l’impact que cela aurait dans ma vie (9).
Puis vint la désapprobation de ce surnom par le père qui supporte difficilement l’excès d’affection dont bénéficie le « flamant ». Plus tard, à l’école, il est au centre d’une attention particulière de l’institutrice. À sept ans, il est proclamé meilleur danseur de l’école lors d’un concours. Or, pour son père, la danse est avant tout une affaire de femmes. Autant de signes qui accroissent l’inquiétude du père, qui pense sérieusement à l’envoyer dans une école militaire. Finalement, il l’expédie au séminaire de Linzolo, au sud du pays, non loin de Brazzaville, la capitale du Congo. Deux événements au cours de ce séjour vont définitivement déterminer la vie sexuelle de Berthrand Nguyen Matoko. L’irruption brutale de son frère (jalousie ? haine ?) dans sa relation avec une amie d’enfance, Marianne, lors des vacances de Toussaint, et l’amitié particulière du père Basile « au visage poupon », un curé originaire du Cameroun, qui se masturbe devant lui tout en lui léchant les fesses. Plus tard a lieu à Brazzaville son violent dépucelage. Mais c’est surtout en France, lors de son séjour estudiantin, que s’affirme son homosexualité. C’est, au demeurant, la partie la plus riche de l’ouvrage. Non seulement pour ses multiples expériences amoureuses, mais surtout pour les réflexions de Berthrand Nguyen Matoko au fil de ses aventures. L’originalité du texte réside en ceci : l’auteur part du vécu pour en donner son interprétation, qui s’apparente à certains égards, à l’étude partiellement autobiographique du philosophe français Didier Eribon, Réflexion sur la question gay.
Une fois à Paris, Berthrand Nguyen Matoko s’initie à la drague homosexuelle. Le repérage des annonces des journaux, ou encore ses propres annonces, postées souvent sous un pseudonyme, puis la prise du rendez-vous, par courrier ou simplement dans un métro et enfin, le rendez-vous :
Ma première rencontre fut fixée un vendredi en début de soirée à la place Daumesnil, dans le douzième arrondissement. À la sortie du métro, côté rue Claude-Decaen, j’attendais, un peu inquiet, l’inconnu, mon premier correspondant qui avait pris le soin de me justifier que le journal Libé et une écharpe rouge seraient les signes de reconnaissance. Comme dans tout ce qui constitue un groupe, bien plus, une minorité, je constatais qu’il existait des codes par la tenue vestimentaire. Ce soir-là donc, je regardais, espiègle, tous ceux qui pouvaient ressembler à cette description. Après de bien longues minutes d’attente, où tous ceux qui portaient une écharpe rouge s’éternisaient dans mon champ de vision, une voix m’avait interpellé subitement au niveau de mon épaule gauche sur un ton assez familier :
– C’est toi Jean-Yves ?
Je me retournais, surpris et hésitant. Sûr de lui, mon inconnu m’avait entraîné dans une impasse à quelques mètres plus loin, où un café étalait discrètement son enseigne. À peine étions-nous assis, qu’il m’avait demandé tout souriant : « Actif ou passif ? », « combien de cm ? » Ignorant ce que cela voulait dire, j’avais pensé à ma taille. L’une comme l’autre, mes réponses n’avaient pas fait l’affaire. Dans le fond, à quoi correspondait ce langage ? Dans un sourire ironique où le complexe de supériorité s’affichait fièrement, mon interlocuteur me faisait passer pour un novice effarouché. Honnêtement, de par des explications irrationnelles, sans conviction de surcroît, je ne comprenais rien, mais absolument rien. Devant cette première rencontre qui dévoilait la sensation d’être en face d’un jury, je me sentis désarmé et humilié. La réalité de ces critères de sélection sur les mensurations me troubla et m’attrista dans un nuage de chimères, que je m’étais borné à alimenter, le jour de parution de mon annonce
 (10).
Ce va-et-vient entre l’expérience vécue et son interprétation rythme le récit et le nourrit de sens. Grâce à ce procédé, Berthrand Nguyen Matoko dresse habilement une typologie de l’homosexualité et de ses codes, ses mises en scènes, mais aussi des mensonges, de la haine de soi ou de la mégalomanie, etc. Au fond, toutes ces liaisons laissent au narrateur un goût d’inachevé. Sa lucidité foudroyante est paralysante. Désabusé, il finit escort boy grâce à sa rencontre avec le fils d’un riche Monégasque qui l’initie au mannequinat et lui présente des hommes d’affaire à accompagner dans les capitales européennes. Là, encore, il se lasse. On le retrouve prostitué à New York. C’est finalement la danse, où il incarne un beau flamant rose et où il rencontre Francesco, son beau Brésilien, qui lui redonnent le goût de vivre.
Récit picaresque, roman d’initiation et odyssée d’une conscience, Le Flamant noir est un texte sur l’altérité et la force d’un individu à s’assumer dans un environnement hostile, entre hypocrisie et vacuité. En pleine actualité de l’Afrique sur la question homosexuelle, Le Flamant noir invite à méditer.
En matière de droits de l’homme, l’Afrique du Sud demeure un modèle, avec une constitution ouverte sur les orientations sexuelles et reconnaissant le mariage homosexuel. Il n’est donc pas étonnant que les meilleurs romans et les plus hardis sur l’homosexualité (11) nous parviennent de la patrie de Mandela et influence toute l’Afrique anglophone. L’Afrique francophone cependant n’est pas en reste et on y trouvera des trésors dont la rareté ne fait qu’augmenter la valeur.

1 – Michel Fabre, La Rive noire, Marseille, André Dimanche, 1999, Nouvelle édition, revue et augmentée. La première édition de cet essai était publiée chez Lieu commun en 1985.
2 – Nathalie Etoke, « Écriture du corps féminin dans la littérature de l’Afrique francophone : taxonomie, enjeux et défis », CODESTRIA bulletin N° 3 et 4, 2006, p. 46.
3 – Friedda Ekotto, Chuchote pas trop, Paris, L’Harmattan, 2006, p. 10.
4 – ibid., p. 11.
5 – Nimrod, Phase critique 13- Poésie suburbaine de Yemy, africultures.com.
6 – Max Lobe, 39 rue de Berne, Genève, Zoe, 2013, 9 p. 110-111.
7 – Lire l’introduction de Christophe Broqua au numéro de la revue Politique africaine n° 126, août 2012 consacré à l’émergence des minorités sexuelles en Afrique dans l’espace public.
8 – Idem, ibid., p. 10.
9 – Berthrand Nguyen Matoko, Le Flamant noir, Paris, L’Harmattan, 2006, p. 11.
10 – Idem, ibid., p. 10.
11 – Lire à cet égard Un passé en noir et blanc de Michel Heyns, qui vient de paraître aux éditions, Michel Rey.
///Article N° : 11973

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