Johnny chien méchant d’Emmanuel Dongala par Éloïse Brézault

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Publiée par l’ACEL (Association pour une Collection d’Études Littéraires), la collection Le cippe a pour but de favoriser l’accès aux littératures francophones et compte à ce jour plus d’une dizaine de titres.

C’est à Éloïse Brezault qu’il revient d’emmener le lecteur à la découverte d’un des auteurs les plus marquants de la littérature africaine francophone : Emmanuel Dongala, au travers de l’étude de Johnny Chien méchant. Ceci dit, cette étude n’a rien d’un parcours de lecture strictement balisé et se donne bien davantage à lire comme un essai qui s’intéresse à l’ensemble des œuvres de l’auteur : Jazz et vin de palme, Le feu des origines, Les Petits Garçons naissent aussi des étoiles, Photo de groupe au bord du fleuve apparaissent ainsi abondamment citées. Offrant une caisse de résonance à Johnny Chien méchant, ce jeu de lectures croisées souligne la cohérence d’un parcours littéraire où la question du politique est particulièrement présente.
Mise en perspective d’une œuvre, l’ouvrage est aussi contextualisation d’un parcours. À ce titre, le chapitre introductif « un parcours cosmopolite et citoyen » situe de manière très pertinente – mais aussi vivante et vibrante – la vie d’Emmanuel Dongala, rappelant les années de formation américaines (à la période capitale des Droits civiques), le retour au pays, puis la guerre civile et l’exil aux États-Unis, toutes ces expériences infusant l’œuvre d’un écrivain profondément humaniste.
L’analyse, conservant Johnny Chient méchant en fil rouge, explore notamment les questions de la guerre civile, des identités et de la nation – ces dernières entités donnant lieu à de multiples jeux de construction/manipulations que les textes d’Emmanuel Dongala contribuent à mettre en défaut. En effet, ce dernier, rétif à toutes les catégorisations arbitraires réussit à tenir ce qui prend parfois l’aspect de l’exploit : être un écrivain concerné par le monde et traduisant cependant celui-ci sans simplisme ni concession. Comme le résume Éloïse Brezault :
Les romans d’Emmanuel Dongala, loin de chercher le parfait bouc émissaire – ce qui serait trop simplificateur dans la dialectique des guerres actuelles – interrogent les fondements dangereux des ethnicités en tous genres. Ses histoires produisent un peuple qui tente de sauvegarder son appartenance à une nation hétérogène et multiple, malgré la barbarie des enfants-soldats. Elles racontent le chaos du monde actuel mis à mal par la rhétorique mortifère des appartenances claniques qui habitent encore l’Afrique aujourd’hui. Elles reflètent une « manière d’être au monde », à la fois engageante et « préemptive » en quête d’espoir et d’humanisme. (p. 110)
Nourri par de nombreuses lectures et des témoignages de l’écrivain qui éclairent également intelligemment le texte, l’ouvrage offre une très bonne introduction à l’œuvre de l’auteur, tout en replaçant celle-ci dans un horizon actuel d’analyse (les études postcoloniales sont particulièrement bien représentées). Nul doute que ce bref titre ne donne envie à tous de lire ou relire les textes d’Emmanuel Dongala !

Éloïse Brezault, Johnny chien méchant d’Emmanuel Dongala, ACEL/infolio, collection littéraire Le cippe, 2012. 119 pages, 9 euros.///Article N° : 11712

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Les images de l'article
Emmanuel Dongala © ACEL
Éloïse Brézault © ACEL





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