Kina Konto

Ministère de la Culture et des Communication
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Un petit tour du côté du ministère : évolution des soutiens, vision de l’intégration culturelle, obstacles…

 » Depuis très longtemps les artistes africains et créoles sont connus et reconnus dans le milieu underground et par le public. Mais le gouvernement et l’industrie faisaient la sourde oreille et refusaient de leur accorder la reconnaissance officielle, c’est-à-dire de les intégrer au système officiel de production et de distribution. Et puis, le gouvernement, à son plus haut niveau, a pris position en faveur de l’intégration de ses communautés. À partir de ce moment là, tous les ministères ont reçu des directives très précises. Dans le cas du ministère de la Culture et des Communications, cela signifiait établir un plan d’accès aux bourses ou aux jurys d’évaluation pour les membres des communautés immigrantes. Puis, le Conseil des arts et des lettres du Québec a pris le relais pour venir soutenir les artistes, et nous avons conservé l’aide aux organismes. Bien sûr, il reste encore beaucoup d’efforts à faire pour rendre ces démarches systématiques, mais les artistes ont eux aussi du mal à reconnaître ce qui a été accompli au cours des dernières années.
Depuis six ans, nous avons créé la table de concertation sur le dialogue des cultures, et chaque année nous amenons de nouveaux moyens pour soutenir l’interculturalisme et son application concrète. Mais il est vrai qu’il existe des différences notables par disciplines. Si la musique demeure le domaine le plus ouvert en matière d’intégration, la danse est un registre où les efforts se mesurent moins facilement. À l’heure actuelle, on ne reconnaît toujours pas les critères de formation autres qu’occidentaux. Donc tout danseur qui n’a pas reçu une formation dite classique n’est pas considéré comme professionnel ; on dit qu’il pratique du folklore et, à ce titre, il n’a pas accès aux bourses des professionnels. Du côté du théâtre, là encore les institutions bougent peu. C’est un réseau très fermé malgré le nombre de comédiens d’origines diverses qui sortent du Conservatoire ou de l’École nationale. Ce n’est pas parce qu’on est Noir qu’on ne peut pas jouer du Shakespeare ; c’est la qualité de l’interprétation qui devrait primer. Des changements ont été amorcés mais il ne faut surtout pas baisser les bras, il faut travailler très fort parce que le moindre raté peut faire tomber le fragile équilibre que nous tentons d’atteindre. Ainsi, quand une pièce de théâtre au sujet extra territorial avec une distribution multiethnique se plante et fait un fiasco, tous les efforts investis depuis 10 ans se plantent en même temps et sont rayés du même coup.
Un autre problème repose sur l’image du professionnel. Il y a des prétendus pros et des professionnels. L’histoire du soi-disant décalage entre les réalités africaines et les réalités montréalaises est un faux problème. Si on décide de vivre en Amérique du nord, il faut s’adapter et se conformer aux réalités nord-américaines. Cependant, il est vrai aussi qu’à l’inverse, les producteurs sont très frileux et n’osent prendre aucun risque. Quelque soit la discipline dans laquelle on s’affirme, les jeunes artistes ont tendance à oublier que Rome ne s’est pas faite en un jour. Il faut travailler fort et ne jamais lâcher. Cette remarque s’applique tout autant pour les institutions qu’elles soient gouvernementales ou privées !  »

///Article N° : 702

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