« La musique m’a ramenée à la vie »

Rencontre avec Gasandji

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Avec son premier album éponyme, la chanteuse Gasandji surfe sur le jazz, la soul avec des airs de rumba congolaise. Après avoir fait les premières parties Lokua Kanza, Kéziah Jones, Nneka, Imany, ou Amadou et Mariam, elle tourne en ce moment en France et prochainement à Brazzaville. Rencontre.

Entre deux interviews à Paris, c’est dans un café du quartier de la Bastille que Gasandji m’accordera un entretien. C’est mercredi, c’est la rentrée des classes, elle profite du jour de congé de son conjoint pour sortir de sa banlieue parisienne dans le Val d’Oise pendant que lui s’occupe de leurs deux filles. C’est aussi sa rentrée. Elle vient de sortir le clip Libela, tiré de son tout premier album Gasandji sorti en avril dernier. Mi-rasée mi-rasta, elle arrive détendue avec sa guitare presqu’aussi grande qu’elle. Elle vient d’intervenir en live dans une radio où elle a séduit l’auditeur en interprétant Na Lingi Yo, un des titres figurant dans son nouvel album. Taille fine, corps chétif, elle paraît presque fragile. Mais sa coupe de cheveux fougueuse la trahit, c’est une femme forte, une battante.

En écoutant ce registre au mélange de jazz, rumba congolaise, classique, folk et de soul, on ne peut s’empêcher de le fredonner sans cesse. Onze morceaux titres répartis en français, anglais et lingala, la langue de son pays d’origine, la république démocratique du Congo. Originaire du Sud-Est, elle appartient à l’ethnie Pende. Dans cette langue, gasandji signifie « Celle qui éveille les consciences ». Un nom prédestiné ? On y croit quand on entend ces messages d’amour et d’espoir qui transpercent tous les morceaux de cet album éponyme. Elle raconte notamment que le choix de langue ne s’est pas fait, il s’est imposé. « Toutes les chansons sont des petites histoires qui arrivent comme un miracle, comme un rêve », dit-elle « Les premiers mots arrivent et décident du reste de la chanson. Chaque chanson fait partie d’une histoire. Elles sont toutes personnelles, j’y mets 300 % de moi, je me livre complètement parce que je ne saurais travailler autrement ».
Il lui aura fallu dix ans pour se faire une place dans la chanson. Auparavant, elle a évolué dans la danse et le théâtre. Elle avait d’ailleurs failli quitter le milieu artistique à plusieurs reprises. « C’est un métier où tu apprends énormément de l’autre, de l’être humain. Il m’a fallu dix ans pour trouver un équilibre, moi il fallait que je sois habitée par l’amour ; la musique m’a ramenée à la vie« , confie-t-elle. Lors d’un échange au téléphone, le musicien Koto Brawa qui l’accompagne à la batterie et percussion durant les tournées dira que ce qu’il apprécie le plus chez Gasandji, c’est son côté humain. « La musique vient même après, dit-il, « quand ça se passe bien humainement, ça ne peut que bien se passer sur scène et puis ça se transmet au public« .
En travaillant sur l’album, elle avait une idée précise de ce qu’elle voulait « Comme quand tu attends un enfant et que tu le vois dans un rêve avant. J’ai décidé d’être le capitaine de ma propre vie, c’est mon cœur que je dépose ici ». Et elle ira jusqu’à produire ce premier album.
Aînée de 8 frères et sœurs, Gasandji a dû quitter la république démocratique du Congo à l’adolescence. Son père l’envoi en Europe pour étudier et « chercher la vie », elle y apprendra l’art. Elle emportera avec elle trois cassettes de la collection de son père : Tabu Ley Rochereau, Georges Moustaki, Otis Redding ainsi qu’un album de musique country, qu’elle écoutera pendant toutes ses années d’internat. « C’était une façon d’emmener ma famille avec moi« . De retour au pays après plusieurs années, son père n’acceptera pas dans un premier temps son choix de devenir chanteuse, lui qui est adepte de musique. Ils se quitteront ainsi laissant planer un froid pendant des années, raconte-t-elle avec une émotion qu’elle ne peut contenir. Aujourd’hui, son père s’en est allé mais elle a pu se réconcilier avec lui et il a fini par accepter sa voie. Un soulagement, une délivrance selon l’artiste. La sortie de l’album suivra.
En décembre prochain, Gasandji donnera son premier concert sur le continent africain ; C’est le Congo Brazza qui aura le privilège de cette exclusivité. L’occasion aussi de s’impliquer auprès de la jeunesse comme elle le fait déjà ici en France. « J’ai envie d’aller à la rencontre des jeunes congolais, leur demander quels sont leurs rêves, quels sont leur exemple de réussite, j’ai envie de leur dire que c’est possible. J’ai plus de chances de toucher les jeunes, car la mentalité est différente de génération en génération. C’est les enfants de demain à qui je m’adresse ».

Retrouvez toutes les dates de concert de Gasandji sur : [www.gasandji.com]///Article N° : 11853

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Gasandji © Thomas Millet





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