Florisse est comédienne, actrice et écrivain béninoise. Elle a débuté en musique et au cinéma pour enfin démarrer une carrière théâtrale en 1984. Elle a longtemps évolué avec le théâtre Wassangari avant de créer sa propre compagnie « PAROLE EN SCENE ». Après avoir écrit « Atakoun », qui a été présentée au festival des francophonies en Limousin en 99, aux journées théâtrales de Carthage en Tunisie 99 (prix du meilleur texte), aux ReTIC 99 au Cameroun, au Bénin (Prix du meilleur spectacle Bénin Golden Awards 99) etc, elle écrit son deuxième conte théâtral intitulé « LA RESCAPEE » déjà joué au festival « Talent des femmes » au Burkina Faso et au centre culturel français de Cotonou – un spectacle de conte théâtralisé où chants, danses et mimiques riment avec l’expression corporelle dans un « one woman show ».
Elle a dirigé un master class sur comment faire parler le corps dans le conte africain lors du festival de La Fayette en Louisianne aux Etats-Unis en 2000. Avec Abbis Patrix et Muriel Bloch, elle a présenté un récital de contes à la maison du conte à Paris en 2000. Au cours de la même année, elle est allée en Autriche où elle a participé à la création d’une pièce théâtrale sur le no-théâtre dans « KINUTA », une pièce japonaise (prix Uchimura 2000) avec Abel Solares, metteur en scène de Asou Theater.
Florisse joue actuellement dans « La femme et le Colonel », une tragédie écrite par Emmanuel Dongala (écrivain congolais vivant aux Etats-Unis), dans une mise en scène d’Eric Mampouya (artiste et metteur en scène congolais installé au Bénin). C’est le spectacle qui a eu la lourde responsabilité de donner le go à l’inauguration officielle du Fia 2001 à l’hôtel Memling de Kinshasa.
Je suis frappée par ce masque si expressif que tu fais de ton visage…
Le travail de la comédienne que je suis est d’abord intérieur avant d’être extérieur. Dans un premier temps, j’ai lu et relu le texte. Et cette lecture était pour moi comme un long voyage dans le temps où il m’a semblé que je vivais en direct une histoire qui n’était pas mienne. Au fur et à mesure que j’évoluais, les images défilaient devant moi comme au cinéma, ce qui m’a permis d’être touchée dans ma sensibilité. Ce n’est qu’après cette étape que de vraies larmes coulaient sur mes joues et que le personnage de Lakisha commençait à se dessiner plus clairement. Il est à noter que mes différentes formations sur le jeu de l’acteur m’ont été d’une grande utilité.
Comment une Béninoise est-elle parvenue à évoluer dans ce texte d’un auteur congolais ? A ce que je sache il n’y a jamais eu de violentes guerres ni des déportations chez toi ?
C’est vrai, au Bénin, nous n’avons jamais été victime de la guerre, mais j’en ai entendu parler, tout comme de la traite négrière. Si j’ai pu évoluer dans ce texte, c’est grâce à la plume de Dongala. De plus, mon expérience en télévision en tant qu’assistante réalisatrice a cultivé en moi l’art de visualiser les scènes à partir d’un texte ou d’un récit. C’est un travail de longue haleine où parfois je n’avais pas envie de dévoiler mes sentiments en laissant couler des larmes. Mais il faut bien le faire pour la beauté du spectacle.
Qu’est-ce qui t’a le plus motivé à prendre ce rôle, à l’accepter, amitié peut-être mis à part ?
La question me renvoie à une très longue histoire que je ne tiens pas à relater. Si je suis là c’est d’abord par la grâce de Dieu, ensuite, c’est un défi qu’il me fallait relever. Un défi parce que, dans un premier temps, des gens mal intentionnés ont fait courir le bruit que je suis rentrée dans une secte qui m’aurait rendue folle. Dans un second temps, j’ai trouvé important de porter ce message que beaucoup de Lakisha auraient voulu porter à l’endroit des décideurs politiques. Je considère aussi que jouer cette pièce est une manière d’exorciser les victimes de ces guerres. En un mot, aussi bien à mes détracteurs qu’à ceux qui conduisent les peuples à la guerre, c’était un moyen pour moi de dire tout haut : « Arrêtez ça ! »
Quelle réaction après cette grande première, à Kin ? Le public, les angoisses, le jeu ?
La création s’est faite dans des conditions très difficiles: Le passage du Beach de Brazza à Kin pour une première en Afrique centrale n’était pas très enchanteresse ! Et une fois à Kin, les choses ne se sont pas passées comme voulues, les répétitions se sont faites sans le décor et sans les costumes restés au Bénin avec le régisseur et l’administration de la compagnie… Deux semaines de stress au quotidien ! Finalement, le décor et les costumes arrivent de justesse, l’après-midi même de la grande première
Bon, tout cela était vite oublié grâce au feed-back du public. J’étais épatée. J’ai été émerveillée par le public. Le public kinois est extraordinaire : il est averti et possède un niveau appréciable en théâtre. C’est quelque chose qu’on ne voit pas chez moi. Mon souhait, c’est que ce genre de rencontre se perpétue et se développe. Nous n’avons pas les mêmes sensibilités ni la même culture et c’est cela qui fait justement notre richesse…. J’apprécie l’initiative et que Dieu bénisse le FIA et le fasse toujours vivre !
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