Une voix un peu lyrique évoquant celle de Frédéric Mitterrand légende sans légèreté ce documentaire bien documenté. Cela ne l’empêche pas d’être bien construit, toujours intéressant et instructif. Le rôle central tenu par les cafés des pays arabes dans la vie sociale et culturelle est mise en avant à force d’extraits de films, d’interviews, de visites dans des cafés historiques. Le café y est tour à tour lieu ouvert sur la rue et de toutes les rencontres, lieu stratégique, lieu du fantasme occidental de l’Orient, lieu de l’indicateur politique, lieu du conte avec les Akawaki, lieu par excellence des écrivains. Le narguilé y fait davantage de recettes que la vente du café lui-même et la tradition des cafés dansant se maintient. Même au quartier latin parisien, des cafés orientaux ouvrent leur porte, qui permettent un voyage express dans cet Orient socle de l’imaginaire, source du soleil et de la religion, qu’Edward Saïd décrivait comme « un tableau vivant du bizarre ». Aujourd’hui, le café Riche du Caire, dont Naguib Mahfouz est un habitué, et autres cafés historiques des grandes villes de l’Orient arabe voient apparaître des concurrents modernes où les ordinateurs voisinent avec les narguilés, comme si l’internet n’était qu’un développement de plus d’une longue tradition.
Comme le suggère le titre, les cafés sont ici le prétexte à une vision historique et synthétique de l’Orient d’hier et d’aujourd’hui.
2001, vidéo, coul. 52 min, image : Jérôme Roguez, Casadei Productions, Paris (33 1 45 50 38 65).///Article N° : 2689