Lyonel Trouillot : « Haïti et l’Afrique sont des terres de contradictions et de vie ».

Entretien de Guy Tegomo avec Lyonel Trouillot, Port-au-Prince

Print Friendly, PDF & Email

Auteur de poèmes, de nouvelles et de plusieurs romans publiés en Haïti et en France, Lyonel Trouillot compte parmi les écrivains caribéens les plus importants aussi bien par son œuvre que par ses idées et son engagement. Il nous a reçus à Port-au-Prince, sa ville natale où il a presque toujours vécu. Dans le premier volet de cet entretien qui sera publié en deux parties, il nous parle des rapports entre Haïti et l’Afrique, et de l’évolution de son pays depuis deux cents ans.

En tant qu’Haïtien et homme public, pouvez-vous nous parler de la perception que les Haïtiens ont de l’Afrique ?
Je crois qu’il y a deux attitudes qui ont traversé l’histoire de la pensée haïtienne. La première, qui est très forte au XIXe siècle, c’est presque un mépris caractérisé par la conviction qu’avaient les intellectuels haïtiens et les élites haïtiennes qu’Haïti avait une fonction de représentation de la race noire en tant que pays ayant assimilé les valeurs occidentales et ayant créé un État moderne. Donc, Haïti se voyait un peu comme l’exemple ou la preuve de la capacité de l’Afrique d’être civilisée. Ce n’était pas de mauvaise foi mais, c’était quelque chose de profondément aliéné. C’est là qu’intervient Price Mars et tout un mouvement d’époque ayant opéré ce que mon ami sociologue Michel Acacia appelle « la révolution épistémologique », ce à partir du moment où Price Mars dit : « Nous n’avons pas de mission civilisatrice envers l’Afrique. Tout au contraire, nous avons à assumer cette part d’Afrique en nous. »
Ceci ayant été dit, il y a eu par la suite une sorte de récupération politique de la proposition de Price Mars et la construction d’une Afrique mythique comme l’Alma mater – une expression chère à François Duvalier -, et il y a eu tout un courant politique qui s’est réclamé de l’Afrique, de la Négritude, du Noir, d’une sorte d’essentialisme noir, pour ne pas voir les contradictions qu’il y avait réellement en Afrique ; et aussi pour assurer la pérennité d’un pouvoir qui s’est révélé un pouvoir totalitaire et qui n’a pas servi à grand-chose de bien. C’est un peu cela les deux perceptions.
Bien sûr, il y a quand même des points de vue plus nuancés et on peut dire que l’indigénisme a apporté une solidarité vis-à-vis des peuples d’Afrique. Quand on lit la poésie de Jacques Roumain, de Roussan Camille, de [Jean Fernand] Brière, il y a de la part des poètes haïtiens de la fin des années 1920 jusqu’aux années 1960 un discours de solidarité vis-à-vis de l’Afrique noire qui traverse la poésie haïtienne.
Cet esprit se retrouve-t-il en dehors de la poésie, dans le roman ou dans le théâtre ?
Pas tant déjà sur le plan quantitatif. Le roman haïtien est resté assez collé à la description de la réalité haïtienne immédiate. Néanmoins, on trouve cet esprit dans des réflexions chez certains personnages, dans des citations de comportements ou de discours sociaux. Mais, je ne dirais pas que du point de vue du romancier, on le retrouve. Même pour ce qui est du roman historique de la traite par exemple, il y en a très peu.
Et vos perceptions personnelles, vos représentations du continent africain ?
Les représentations, je les évite. J’essaie d’être profondément matérialiste et humble. Ce que je peux dire et que je regrette – pourtant, je crois être de ceux qui essayent de suivre l’évolution de l’Afrique et des littératures africaines -, c’est que j’ai le sentiment d’être en perpétuelle méconnaissance des littératures africaines. Pourquoi ? Parce que ce qui nous arrive, c’est ce qui transite par l’Occident. Nous n’avons pas encore trouvé les canaux pour établir nos propres réseaux de circulation. Ce qui me dérange le plus, c’est mon ignorance des écritures africaines. D’un autre côté, j’essaie de garder à l’esprit qu’Haïti et l’Afrique sont des terres de contradictions. Donc, j’évite de caricaturer, d’en faire soit un paradis, soit un enfer.
A quel niveau se situeraient ces contradictions ?
Au niveau économique comme dans toutes les sociétés de classes et au niveau de l’inadéquation entre les structures étatiques issues de la colonisation et les réalités culturelles et tribales. Pour moi, l’Afrique est une terre première, une terre de rencontre pour nous Haïtiens au même titre que l’Amérique latine. Je crois que ce sont des terres qui ont quelque part des destins communs, des difficultés communes et qui peuvent constituer de nouveaux axes.
Vous avez voyagé dans plusieurs pays d’Afrique, avez-vous trouvé des similitudes avec Haïti ?
C’est une chose assez intéressante que d’arriver dans un pays et de voir que la majorité de la population est noire… Oui, je suis allé au Benin et au Mali plusieurs fois, au Sénégal, au Burkina Faso… Mais quand j’y suis, je ne suis pas dans le travestissement pour dire que je suis chez moi. Il y a des choses qui nous rapprochent, et pas seulement au niveau de la couleur ou de la race. Cela dit, Haïti est dans une situation assez particulière à cause des conditions de notre indépendance, ensuite à cause de notre situation géographique ; ce qui fait que nous sommes en situation d’adoption.
En même temps – et je ne suis pas le seul à avoir ce sentiment -, je me sens souvent, je ne dirais pas agressé mais, intrigué par cette notion de « diaspora de l’Afrique » qu’ont nos amis Africains. Quand des collègues écrivains ou intellectuels des pays d’Afrique noire parlent des Haïtiens, ils en parlent comme étant la diaspora de l’Afrique. Je ne suis pas sûr que les Haïtiens se vivent comme étant de la diaspora de l’Afrique. Il y a des doutes et même des réticences à affirmer cela ; même si en général, je crois que les Haïtiens admettent tous que nous venons de là-bas, hormis quelques malades mentaux.
Sur les plans politique et socio-économique, il y a un certain nombre de similitudes entre Haïti et les pays africains qui sont pour la plupart indépendants depuis seulement cinquante ans. Qu’est-ce qui, selon vous, explique la situation d’Haïti depuis plus de deux siècles d’indépendance ?
C’est une indépendance qui a été récupérée par les élites qui constituaient les catégories de go-between durant la période coloniale. Je crois que l’assassinat de Dessalines en 1806, deux ans après l’indépendance, a fondé quelque chose d’horrible dans ce pays. Il a fondé l’État contre la Nation. C’est un État qui n’a jamais tenté de créer une sphère commune de citoyenneté. Il y a eu des luttes de partage de pouvoir entre les métis qu’on appelle ici les mulâtres (héritiers des affranchis) et la nouvelle classe dirigeante issue de l’armée indigène ; et cela fait deux cents ans qu’ils nous emmerdent, ce en ayant toujours abandonné la production à la paysannerie sans aucune aide, sans aucun soutien et en instituant un État qui ne s’est jamais préoccupé d’amener des services à l’ensemble de la population.
Le problème viendrait donc de l’intérieur et non de l’extérieur…
Il vient aussi de l’extérieur. Il ne faut pas oublier qu’Haïti a été ostracisé pendant des années ! Souvent, on parle de l’échec haïtien mais, on pourrait aussi parler du miracle haïtien, lorsqu’on voit des élites aussi corrompues et aussi racistes ; lorsqu’on sait que l’Occident chrétien blanc-capitaliste a nié l’existence de ce pays pendant si longtemps ; lorsqu’on pense à la pression économique exercée sur le pays pour qu’il n’échange pas ; lorsqu’on sait à quel point ce pays a été surveillé…
Revenons aux littératures africaines. Comment sont-elles perçues en Haïti ?
Elles ne sont pas vraiment connues. Pour ce qui est des auteurs par exemple, on a toutes les peines du monde à faire comprendre, même aux écrivains haïtiens, que ce sont des écrivains importants. C’est vous dire l’ignorance qu’il y a…
Au niveau des étudiants, j’imagine que c’est pire encore…
Il y a un Institut des études africaines ici, l’IERAH (1). Je ne sais pas ce qu’ils font là-bas. Mais, je peux dire qu’il y a une véritable ignorance des littératures africaines ici. Cependant, il peut y avoir un intérêt pour certains événements. Lorsque Ahmadou Kourouma est venu ici, la plupart des gens ne savaient pas qui il était mais, nous avons fait un travail d’information et quand Kourouma est intervenu au Rex, la plus grande salle de théâtre ici, il y avait huit cents personnes pour l’écouter.
J’ai un peu discuté avec des étudiants et apparemment, ils semblent davantage connaître Senghor…

C’est vrai. Je crois que Senghor a été fortement récupéré par ce qu’on peut appeler l’essentialisme nègre. Ici, depuis Duvalier, Senghor est un peu la vedette de ce côté « le Noir est beau »… Mais, il y a une peur du texte. Ils connaissent la légende de Senghor mais, ils ne connaissent pas les textes. Il y a très peu de textes africains vraiment lus ici.
Pour revenir à vous, avez-vous toujours vécu en Haïti ?
Non. J’ai vécu aux États-Unis quand j’étais jeune. Un peu malgré moi. Je suis parti quand j’avais 14 ans et je suis revenu en Haïti à 19 ans.
J’en suis reparti un an, à une période de forte répression. Mais depuis que j’ai 20 ans, vivre en dehors d’Haïti est une question qui ne m’a jamais effleuré l’esprit.
Pourquoi ? Qu’est-ce qui vous attache tant au terroir ?
Je ne sais pas. Ce n’est pas une gloire non plus. Je crois que l’on peut librement partir et être heureux et tranquille dans sa vie. C’est juste que cela me soit venu comme ça… Peut-être aussi parce que j’appartenais à une classe moyenne, relativement aisée, et lorsque je suis revenu, je ne connaissais pas vraiment l’Haïti du peuple. Je connaissais mon quartier, mon école, les amis de mes parents. Haïti est un peu comme un pays d’adoption pour moi. J’ai découvert ce pays…
C’est qu’en fait, la communauté haïtienne aux États-Unis ou au Canada (particulièrement à Montréal), est impressionnante. Et j’ai le sentiment que c’est le même phénomène qui se produit en Afrique où, nombreux sont ceux, surtout les jeunes, à vouloir partir. Qu’auriez-vous à dire par rapport à ce phénomène d’immigration massive qui devient quand même assez problématique et inquiétant ?
Il y a même un phénomène un peu plus grave : même ceux qui ne partent pas [physiquement], partent dans leur tête. Mais, on ne peut pas dire de la réalité qu’elle a tort. Elle est ce qu’elle est. Les gens rêvent de partir majoritairement, pas tous… Je suis quand même étonné de voir qu’il y a aussi de la part des jeunes un mouvement de retour vers les provinces. Je vois des jeunes qui ont étudié à Port-au-Prince et qui sont repartis vers leurs provinces en se disant : « Et si j’essayais de créer quelque chose chez moi ? » Mais, pour ce qui est de ceux qui veulent partir, tant que ne seront pas aménagés une sphère de citoyenneté et la capacité de se reproduire plus ou moins dans de meilleures conditions et dans son individualité sans être en conflit avec sa communauté, il y aura ce besoin de partir.
En tant qu’écrivain et homme public, est-ce que le fait que vous viviez en Haïti peut aussi être considéré comme une façon de montrer aux jeunes Haïtiens que l’on peut rester chez soi et y travailler ?
Oui. Comme une façon de montrer cela à l’Occident aussi. Parce que souvent, on pense que les meilleurs écrivains doivent partir et vivre en Occident. Par exemple, il y a des gens qui ont même écrit dans des livres que je vis à l’étranger ou que je suis en exil. Et souvent, j’écris à un faux critique littéraire pour lui dire : « Cher Monsieur/Chère Madame, je ne suis pas en exil. Je vis chez moi. » J’ai même une nièce qui a étudié aux États-Unis et qui a fait un doctorat en littérature. Elle a eu une professeure qui parlait de Franketienne et de moi-même – c’était un cours sur la littérature antillaise – en disant que les grands écrivains haïtiens sont en exil. Et ma nièce lui a dit : « Mais non, Madame ! » Elle de lui répondre : « Ce n’est pas parce que vous êtes haïtienne. Moi, je fais mon boulot de professeure. » Alors, ma nièce lui a dit : « Ecoutez ! L’un est mon oncle et mon voisin parce que nous habitons le même quartier, et l’autre est l’un de ses meilleurs amis. Donc, je les vois pratiquement tous les jours et je vous assure qu’ils vivent en Haïti et que les deux n’aimeraient pas vivre ailleurs. » C’est très bien de dire ça en effet car, les choses finissent par avoir un sens.
Vous vivez justement en Haïti avec des écrivains comme Franketienne et Gary Victor par exemple. Quels sont les rapports qui existent entre vous ?
On avait créé il y a dix ans l’Association des écrivains dans laquelle on se retrouvait tous et qui a justement permis à la jeunesse haïtienne de dire : « Tiens ! Ils écrivent ici, ils sont avec nous et non ailleurs ; et ils peuvent faire des choses ensemble… » Aujourd’hui, l’Association est un peu moribonde parce que chacun est pris dans ses activités mais, le principe demeure sur des activités ponctuelles comme par exemple le festival Etonnants voyageurs piloté par Michel Le Bris et qui aura lieu à Port-au-Prince (2). Soixante écrivains viendront et tous les écrivains haïtiens sont invités – ceux de l’extérieur comme Dany Laferrière et ceux du terroir. Tout le monde est impliqué pour que les gens puissent voir que nous les Haïtiens, pouvons faire des choses ensemble et dialoguer avec le monde.
Justement, lorsque vous êtes hors d’Haïti, quel regard sentez-vous que les gens portent sur ce pays ? Y a-t-il des idées préconçues, des préjugés ?
Ah oui ! Il y en a plein. Par exemple l’étonnement devant la capacité d’écrire et de parler la langue française. Pour reprendre Dany Laferrière, on dit : « Il y a des Blancs qui ont perdu des nègres ». Ensuite, il y a la caricature : Haïti = pauvreté, tambour, violence. Il y a toute la vision caricaturale. Je crois que plus la littérature haïtienne sera connue dans sa diversité, plus on verra que comme tout pays, comme tout espace, c’est un territoire de contradictions et de vie. Parce que c’est un peu pareil pour l’Afrique quand les gens disent : c’est quoi l’Afrique ? Alors qu’il y a des pays, des ressources, des richesses…
Exactement ! Tous les problèmes de ce continent viennent aussi de là. C’est un continent extrêmement riche ! Avec des pays comme la République Démocratique du Congo, le Cameroun et beaucoup d’autres… J’ai l’habitude de dire qu’en Afrique, nous n’avons pas besoin d’aide, vu ce que nous avons dans notre sous-sol. Le problème se trouve au niveau de la gestion de ces ressources qui nous échappe totalement. Et par rapport à Haïti, on l’a appelée « La perle des Antilles » à un moment donné…
Oui mais, ça c’est la période de l’esclavage. C’est d’ailleurs une expression que je n’utilise jamais personnellement. C’était la perle des Antilles pour les Blancs, pas pour nous.
Mais, je pense qu’on l’a ainsi appelée parce qu’à l’époque, Haïti produisait beaucoup…
C’est vrai mais, sous le régime esclavagiste. Elle produisait pour Bordeaux et Nantes.
Qu’est-ce qui explique le fait qu’aujourd’hui, Haïti ne produise plus ?
Il y a eu une bourgeoisie de comptoir qui avait abandonné la production à la paysannerie et pendant longtemps, la paysannerie a tenu. La paysannerie haïtienne était quand même l’une des plus riches au XIXe siècle mais, à force de travailler dans les mêmes conditions… Puis, il y a eu l’occupation américaine qui a carrément détruit ce pays, avec la fermeture des ports et la centralisation. Ce qui fait que la paysannerie, le système de production paysan en a pris un grand coup. Ensuite, le peu d’union nationale qu’il y avait a été bouleversé parce que les Américains ont légitimé cette idéologie qu’on appelle le’‘mûlatrisme » au pouvoir, ce qui a foutu le’‘noirisme » en réaction. L’occupation américaine a vraiment foutu ce pays dans la merde !
Il y a aussi l’indemnité française, cette dette qu’Haïti a été obligé de reconnaître pour que son indépendance soit entérinée
Déjà, l’obligation de la dette a été reconnue par les élites politiques haïtiennes mais, pas par l’ensemble du peuple haïtien. Mais l’histoire, on ne peut pas la changer.
Néanmoins, quelle place cette dette occupe-t-elle dans l’histoire et dans la situation présente d’Haïti ?
Elle a coûté parce que ça a été une ponction sur l’économie d’un pays qui n’avait pas une véritable économie d’échange. C’est donc l’économie interne d’Haïti qui a payé la dette.
Peut-on dire que cette dette continue d’être payée aujourd’hui ?
Si vous parlez de la dette historique contractée vis-à-vis de la France, non.
Oui mais, j’aimerais savoir si elle a eu des répercussions aujourd’hui perceptibles sur le développement d’Haïti
Ça, je ne peux pas vous le dire de manière précise mais, certainement que oui ! Ça a été une grosse sortie d’argent pour Haïti et encore, de l’argent généré par l’économie interne du pays.
Toujours par rapport à cette dette, certains pensent qu’elle serait l’une des causes du départ d’Aristide qui, à un moment donné, a réclamé à la France la restitution des sommes perçues.
Honnêtement, je ne pense pas. J’avoue avoir combattu Aristide et je le ferais encore car, ce qui s’est passé avec lui, c’est justement ce qui s’était passé avec [François] Duvalier. Aristide a pris les frustrations légitimes d’un peuple pour les avilir et construire un pouvoir totalitaire et corrompu. A mon avis, le fait d’avoir réclamé la restitution de l’argent versé pour cette dette n’a pas grand-chose à voir avec son départ. Que la France ait été mécontente, en tant qu’ancienne puissance coloniale, qu’on lui rappelle les horreurs de son passé, c’est possible. C’est même probable. Mais, que cela ait été l’élément déterminant dans le processus d’éviction d’Aristide, je ne le pense pas. Ce n’est pas la France qui a mis 500 000 personnes dans les rues. Au moment où Aristide s’en va, il avait perdu toute la crédibilité dont il avait pu disposer auparavant auprès des Haïtiens. Tous les intellectuels qui avaient été avec lui l’avaient abandonné. Il avait avec lui ce qu’on appelle ici les Chimères, c’est-à-dire des hommes armés et des crapules qui avaient pillé l’État pour s’enrichir. Donc, il ne faut pas qu’on mélange les choses.
Vous attribuez donc ce départ à un mécontentement général des populations dû à sa gestion du pays…
A sa gestion du pays et à sa dérive totalitaire. C’était un gouvernement qui, depuis 2002, ne faisait plus de sens. Il a quand même tenu jusqu’en 2004 et je peux vous dire que la position des gouvernements étrangers n’était pas pour le départ d’Aristide. Les gens qui se sont soulevés en Haïti contre Aristide ont été pendant longtemps dans une grande solitude. C’est devant la force du mouvement que la communauté internationale, entre guillemets, a consenti au départ d’Aristide.
Pensez-vous que ce départ a donné lieu à de réels changements ?
Sur le plan de la gestion économique, pas grand-chose. Sauf que nous ne sommes pas dans une dérive totalitaire. Il y a des institutions qui fonctionnent relativement et nous ne sommes pas dans cet esprit d’accaparer le pouvoir. Je crois que c’est le seul progrès.

1. Institut d’Études et de Recherches Africaines d’Haïti.
2. L’Interview a été réalisée peu avant la tenue de cet événement à Port-au-Prince, du 1er au 4 décembre 2007.
///Article N° : 8705

  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Laisser un commentaire