Revoici Mohamed Grayaâ qui jouait déjà le rôle principal dans le premier long métrage de Jilani Saadi, Khorma. Il y incarnait déjà un pauvre bougre qui paye toujours pour les autres. C’est le destin que se choisit Stoufa, pour montrer que dans cette meute de loups désoeuvrés qui violent la prostituée Salwa en pleine rue, l’un au moins est capable de tendresse. Sans doute parce qu’il est encore capable de se rêver aux antipodes, au Cap Vert dont il ne connaît que les chansons de Césaria Evora. Film d’une nuit, rythmé par une horloge qui s’affiche sur l’écran, Tendresse du loup sera la rencontre impossible entre Stoufa et Salwa. Débutant sur la description de ces exclus, jeunes chômeurs tuant l’ennui en se soûlant, se défonçant, voire s’automutilant, cette chronique urbaine se recentre sur ce couple explosif qui s’aime et se hait à la fois. « Si tu étais un homme, tu saurais garder une femme comme moi » : le retour à la réalité est aussi cruel que dans Khorma. Le film se veut miroir pour conjurer la violence qui gagne une société touchée par la crise. Inégal mais touchant et courageux, il témoigne de la complexité et des ambivalences d’une jeunesse tentée par la dérive.
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