Une prière à l’humanité

Il faut rendre à Césaire

D'après le discours sur le colonialisme
Print Friendly, PDF & Email

Le petit théâtre de la Salamandre en Avignon a accueilli pendant le festival 2010, place de Jérusalem, un très touchant duo poétique nourri des textes d’Aimé Césaire et de quelques-uns de ses compagnons de route comme Léopold Sédar Senghor et Léon Gontran Damas.

Un spectacle qui a déjà fait une très belle tournée dans la Loire et devrait repartir sur les routes à la rentrée pour rencontrer de nouveaux publics. Tandis que Yao déploie ses grandes et belles mains pour empoigner les sons, que ses longs doigts aux ongles de coquillages nacrés courent frénétiquement sur la peau du tam-tam, et que les battements sourds des percussions nous touchent au cœur, Djamila fait retentir les mots de Césaire et porte haut et fort l’énergie généreuse et idéaliste du grand homme pourtant tellement lucide et en avance sur son temps. Djamila et Yao sont de formidables conteurs-musiciens dont l’expressivité passe par le corps et les regards, par la présence aussi des instruments… kora, balafon et gro Ka qui habitent l’espace de cette « blessure sacrée » dont parle Césaire, mais quand Djamila donne enfin sa voix de chanteuse et que l’on bascule dans le blues, c’est un grand moment d’émotion que le public de la Salamandre blotti sous les voûtes du caveau du théâtre n’a pas envie de voir s’achever. Ce spectacle force l’écoute au creux du brouhaha ambiant de notre société en perdition et fait entendre une parole qui monte au ciel comme une prière à l’humanité.

Théâtre de la Salamandre
Production : Théâtre de la Citadelle
Adaptation et mise en scène : Djamila Zeghbab
Lumières : Gérard Col
Avec Djamila Zeghbab et Yannick Louis dit « Yao »///Article N° : 9705

  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Laisser un commentaire