Cinéma/TV
Entretien d'Olivier Barlet avec Mahamat Saleh Haroun
Propos recueillis à Apt, novembre 2004
A l’occasion du festival d’Apt, une rencontre amicale où l’on explore les tendances actuelles des cinémas d’Afrique et les enjeux.
Cinéma/TV
A l’occasion du festival d’Apt, une rencontre amicale où l’on explore les tendances actuelles des cinémas d’Afrique et les enjeux.
Deux cinéastes confirmés s’associent : le Brésilien César Paes, qui déjà offrait dans Saudade do futuro une vision musicale de São Paulo à travers les poètes de rues, et Raymond Rajaonarivelo, que ses deux longs métrages Tabataba et Quand les étoiles rencontrent la mer ont hissé comme le plus important cinéaste malgache. Quel résultat ! Quelle beauté ! Tout converge dans ce film vers une émotion véritable. Bien sûr et avant tout, grâce au blues des Mahaleo, ce groupe de sept enragés musiciens qui a maintenant plus de 30 ans d’âge et avait contribué par ses chansons à la chute…
Vous avez déjà un parcours impressionnant. Quels sont vos souvenirs les plus marquants ? Mon tout premier film, Le Royaume du passage, d’Eric Cloué. Grâce à ce tournage, j’ai pu voyager jusqu’au Zimbabwe. J’avais 19 ans, ne savais pas si j’allais devenir comédienne ou pas, je sentais une envie grandir que je n’assumais pas encore. J’ai alors été en contact avec une pratique de cet art qui me parlait beaucoup : nous travaillions avec une troupe de comédiens du Zimbabwe très engagés et en prise directe avec la réalité sociale. Le théâtre m’apparaissait ainsi comme un moyen de prendre position dans la…
Elle est à la radio, face au micro. Elle allume des bougies autour de ses notes, en cercle, comme pour une messe. Sa voix enveloppante, récurrente mélopée, écho poétique répétant sur le mode littéraire les scènes marquantes, nous suivra tout au long du film : à travers elle, Patrick Chamoiseau raconte « la fabuleuse histoire d’une ville », St Pierre, à l’époque où la biguine s’est emparée d’elle. Le rite est nécessaire car c’est bien de possession qu’il s’agit : comment cette musique a-t-elle pu faire ainsi vibrer St Pierre jusqu’au drame de ce petit matin de mai 1902 où « la montagne devint…
Ils traînent, tchatchent, fument des pétards, vivent de rapines dans les villas chics et de plans foireux. Ils ressemblent à tous ces jeunes désoeuvrés qui investissent dans des fringues formatées modèle rap et cultivent une langue convulsive qui leur sert d’art de vivre. Mais ici, en Guadeloupe, c’est sur un créole vivant qu’ils la batissent. Des sous-titres sont nécessaires. Plongée dans le ghetto antillais, « Nèg Maron » documente la schizophrénie ambiante de ces exclus modernes aux familles explosées. Autour d’eux le chômage et la menace d’une destruction du quartier de cases au profit du béton touristique, mais aussi des pères absents…
Le réalisateur angolais, auteur du film intitulé » Un héros « , a été lauréat du prix de la première uvre et du prix COE aux Journées cinématographiques de Carthage (JCC) 2004.
A l’occasion de l’enregistrement à Lagos du dernier disque de Femi Kuti, « Africa Shrine », le réalisateur français Raphaël Frydman* a filmé l’héritier de Fela sur le vif dans son antre de l’Africa New Shrine. Inauguré en octobre 2000, un an après la destruction du mythique Shrine crée par son père en 1978 et définitivement détruit deux après sa mort en 1997, le Shrine version Femi Kuti est avant tout un lieu de partage. Enflammé les soirs de concert par l’énergie explosive de Femi, saxophoniste virtuose et bête de scène, il devient lieu de vie le jour animé par le quotidien…
3ème édition du festival Quintessence du 7 au 12 janvier à Ouidah, Bénin : le festival dirigé par le cinéaste Jean Odoutan est un incroyable et attachant mélange à l’image de son infatigable instigateur.
LUMIERE !
Jamais deux sans trois
Du 26 août au 10 octobre dernier, des films sud-africains ont été présentés dans le cadre de la manifestation Afrique du Sud Ubuntu organisé par l’espace international de la ville de Nantes, Cosmopolis. L’occasion de voir un grand nombre de films sud-africains, ainsi que quelques documentaires français ou américains sur l’Afrique du Sud ; des films qui, dans leur très grande majorité, ne sont pas actuellement distribués en France. (1)
La participation d’une trentaine de films prouve s’il le fallait encore l’engouement des jeunes réalisateurs à réveiller le cinéma camerounais.
Du 22 septembre au 2 octobre 2004 pour la Rétrospective puis du 5 au 9 octobre pour le festival, la ville du Port de l’île de la Réunion avait la chance d’avoir accès à des films rares et ancrés dans les différentes composantes de sa population.
Jean-Marie Mollo Olinga : Pourquoi un film aussi grave, si sérieux comme premier long métrage ? J’ai toujours fonctionné par urgence. Et quand un sujet vient à moi je ne trouve le repos que quand je l’ai mis en image. La gravité du sujet n’était pas un critère de choix pour mon premier long-métrage. Je devais absolument faire ce film. J’étais bien consciente du risque que je prenais parce que c’est un film difficile dans l’approche et dans le choix artistique. La guerre en Yougoslavie a été le déclencheur de cette histoire. Les images atroces diffusées à la télévision, les témoignages des femmes yougoslaves…
La caméra de bois aurait pu s’intituler L’enfant à la caméra tant le film s’engage sur les chemins de l’initiation à la vie par l’art. Au dévoilement du film, les spectateurs de cinéma redeviennent cet enfant de cinéma, pour qui cet imaginaire bigger than life, nous est tout aussi essentiel que l’air que nous respirons. Madiba, avec toute la violence poétique de sa jeunesse, rejoint tous les grands cinéastes, pour qui le cinéma, c’est la vie vingt-quatre images par seconde. Il s’agit, à chaque regard, à chaque geste de cinéma, de capter la vie, d’en tracer sa beauté, et d’enregistrer…
« L’amour n’a pas d’âge », mais Alain est nettement plus âgé qu’Aline. Marié et père de famille, il ne veut pas quitter sa femme pour cette liaison mais Aline insiste, essaye de le faire fléchir avec les sortilèges d’un marabout, fait un forcing qui se termine dans le drame. Zoom sur le revolver, hémoglobine, jeu forcé avec force cigarettes et whisky, beaucoup de maladresses et de théâtralisation faisant penser aux vidéos nigérianes mais un récit construit qui parle au public local. La folie reste la voie de sortie des femmes qui se sont révoltées. Face à un homme qui voudrait préserver…
Le jeudi 11 novembre 2004, lors du Festival International du Film d’Amiens, Hassan Legzouli répondait aux question du public à l’issue de la projection de son film Tenja, lauréat de la bourse de promotion d’un film du sud de l’Agence Intergouvernementale de la Francophonie.
Des lionnes ! Qui savait que des équipes féminines de foot sont nombreuses et se mesurent elles aussi aux équipes des autres pays comme les Lions du Cameroun, l’équipe masculine qui déchaîne les stades ? Le public est loin d’être aussi nombreux mais les préjugés pullulent, auxquels elles doivent s’opposer. Le film d’Honoré Noumabeu donne la voix à tous les points de vue, alternant images de terrain, d’entraînement et de matchs prises à travers tout le Cameroun et des entretiens mettant à jour les pratiques rétrogrades qui gardent les femmes à la maison ou les idées reçues qui craignent de…
Le mariage forcé peut détruire un avenir prometteur. Il se pratique encore sur le Continent dans certaines régions. Est-ce par cupidité ou par égoïsme que des parents n’hésitent pas à forcer leurs filles au mariage même quand leur vie est menacée ? Nous voici donc au domicile de Tchamamangaboua, qui après la visite simultanée de deux hommes » importants « , Youssouf, un grand commerçant exportateur et Belinga, un politicien et futur président de la République, décide de marier de force sa fille. Djomo voit son sort scellé : à 16 ans, ses projets, ses rêves et son avenir sont brisés. Elle doit interrompre ses…
Projeté dans le cadre du festival Yaoundé Tout-court 2004, le film de Bamdiram Bamba jette un regard sur l’irresponsabilité parentale. Comment ne pas condamner ces pères qui se démettent de toutes leurs responsabilités familiales au profit des futilités ? Et qui devrait répondre des actes de sa progéniture lorsqu’on a en face de soi une mère démunie, dépassée par les évènements et un père toujours absent, ignorant les réalités de sa cellule familiale ? Dans une société déjà en déperdition et en proie aux difficultés du mal de vivre, c’est pour mettre l’accent sur les conséquences d’une irresponsabilité parentale notoire que Bamdiram…