Musique

Musique


De Sonny Rollins

La pratique du saxophone (et des instruments à vent en général) est tellement physique que les atteintes de l’âge y sont inévitables. Même s’il apparaît dans une forme exceptionnelle pour ses 77 ans, Rollins ne joue évidemment plus comme au temps du disque qui lui valut son surnom, « Saxophone Colossus » (1956). Enregistré un demi-siècle après, ce nouvel album en studio (son premier depuis cinq ans) s’intitule d’ailleurs ironiquement d’après les deux mots que ne cessait de lui adresser sur un ton maternel son épouse Lucille, décédée il y a deux ans et demi. « Sonny, Please » lui signifiait à peu près…

3 premiers titres : Sina Sinayoko, Boula - Ibrahim Nabo, Dounia - Adama Coulibaly, Baba (Le Village / Wanda Records / Universal)

Coup de Cœur

Ne fût-ce que par sa présentation – magnifiques photos de Malick Sidibe – le nouveau label que vient de lancer Salif Keita a vraiment fière allure. Dire que le contenu musical est à la hauteur pourrait sembler superflu, quand on sait l’importance que le génie du Mandingue accorde à ce vieux projet. Élégance, simplicité, convivialité et intimité : dès ces trois premières productions – qui seront demain, n’en doutons pas, des pièces de collection –  » Le Village  » s’impose en tout par un vrai  » style « . Même si le mot  » authenticité  » est toujours à prendre avec…

Les images de l'article




D'Ibrahim Ferrer

Mort en août 2005, Ibrahim Ferrer aurait eu quatre-vingts ans au moment de la sortie de ce disque testamentaire. Dès les premières notes, il est difficile de ne pas regretter que ce  » miraculé  » (son propre mot) du « Buena Vista Social Club » n’ait pas eu l’occasion de l’enregistrer vingt ans plus tôt. C’était en effet son rêve de toujours (d’où son titre) de faire un album de boleros. La mort a interrompu son enregistrement, et cette voix suave était devenue bien chevrotante. Pourtant, elle avait gardé son élasticité et sa précision rythmique, particulièrement fascinante en tempo lent. Au fil…

De Dee Dee Bridgewater

Coup de foudre

Nous reviendrons sur cet album événementiel et propre à faire l’unanimité. D’abord il est sûrement le meilleur d’une artiste qui s’est toujours manifestée par son goût du risque, au cours d’une carrière parfois erratique. Il fera vite oublier l’épisode précédent : sa tentative de réincarnation maladroite, parfois même consternante, de Joséphine Baker. Surtout, « Red Earth » va sans aucun doute faire date dans l’histoire compliquée et trop souvent décevante des croisements entre jazz et musiques africaines. C’est en écoutant le sublime album « Sarala » enregistré il y a douze ans par l’organiste malien Cheick Tidiane Seck avec le légendaire pianiste afro-américain Hank…

De Ba Cissoko

Coup de coeur

La harpe à chevalet kora du Mandingue a été dès le XIX° siècle l’instrument africain le plus apprécié en Occident, pour ses vastes potentialités mélodiques et harmoniques, et pour sa sonorité cristalline. Il y a longtemps aussi qu’elle se prête à de nombreuses rencontres expérimentales hors du champ traditionnel – du travail de Foday Musa Suso avec Herbie Hancock, Bill Laswell ou Mandingo Griot Society, au Symmetric Orchestra de Toumani Diabaté, sans oublier bien sûr Mory Kanté… Le titre de ce second album de Ba Cissoko (trois ans après « Saboland ») est bien sûr un clin d’œil au chef-d’œuvre de Jimi…

De Rido Bayonne

Coup de cœur

Rido Bayonne fête ses soixante ans – nous allons les fêter avec lui par un « portrait-entretien ». Il est sans doute le plus ambitieux (artistiquement) des musiciens congolais contemporains. On ne sait d’ailleurs par quel miracle il réussit depuis vingt ans à faire vivre un grand orchestre, d’un niveau si exceptionnel dans le paysage actuel. Dédié à Brazzaville (où il est né) et à Douala (où il a grandi ensuite), cet album est, dans la lignée du précédent « A cœurs et âmes », une œuvre de grande ampleur : une sorte d’oratorio autobiographique auquel ont participé près d’une centaine de musiciens. La…

De Malouma

A force d’abuser des raccourcis réducteurs (ici « la blues woman mauritanienne ») les producteurs, même les meilleurs et les mieux intentionnés, finiront par tomber tête baissée dans le piège que leur tendent les adeptes à tout prix du marketing menteur. On cherche en vain dans cet album, bien sûr, la moindre trace de blues, même dans l’excellent « Yarab « , qualifié qui plus est à contre-sens de  » blues rugueux  » alors que ce chant religieux, comme tout le reste de ce disque d’ailleurs, n’est vraiment que douceur et délicatesse. S’il y a quelque chose de rugueux ici, ce n’est (parfois, pas…

Entretien de Gérald Arnaud avec Emmanuelle Honorin, organisatrice de l'événement

Paris, mars 2007

Comment avez-vous été amenée à découvrir les Repentistas ? J’ai été élevée à la campagne, à Sainte-Maure de Touraine : là où les « Maures » sont arrivés, où leur expansion vers le nord s’est arrêtée. Ma grand-mère, qui a éduqué la plupart de ses petits-enfants, et qui est presque centenaire, vivait dans la ferme où elle est née. Elle était factrice, et elle nous baladait à deux sur son grand vélo hollandais quand elle allait faire ses tournées… Je suis toujours restée fascinée par le monde paysan, partout où il a conservé une culture complexe, enracinée et aristocratique. J’avais déjà beaucoup…

Les images de l'article
Alexis Pimienta Diza © Emmanuelle Honorin




Du 28 mars au 1° avril, le Musée du Quai Branly accueille une quinzaine de ces artistes paysans. C’est l’occasion ou jamais de découvrir un art musico-poétique méconnu et encore très vivant qui revendique ses origines dans l’Age des Troubadours.

Les images de l'article
Luis Martins et Raoul Herrera © Thomas Dorn




De Lura

Elle a tout pour plaire depuis le début de sa carrière. Du talent, du charme et du peps. Découvert par le public des boîtes de nuit sur un air de zouk (Nha vida) depuis Lisbonne, où elle a vu le jour en 1975, cette fille d’immigrés capverdiens a fait le pari de tourner le dos à la facilité des tubes de saison estivale pour s’intéresser davantage au riche patrimoine de sa patrie d’origine. Funana, batuque, coladeira ou mazurka : elle puise à pleines mains dans l’imaginaire transmis d’un pays qu’elle n’a vraiment connu qu’à l’âge de vingt et un ans…

D'Ornette Coleman

Il peut paraître bizarre de chroniquer, six mois après sa sortie, un cd aussi prodigieux et, qui plus est, enregistré en octobre 2005 ! Il ne s’agit pourtant pas d’un oubli ; plutôt d’une hésitation légitime, d’une marque de respect particulière à l’égard d’un authentique génie. Inventeur patenté (quoique involontaire) de ce qu’on a appelé le « free jazz », d’après le titre du disque révolutionnaire qu’il signa en 1960, Ornette Coleman a eu 77 ans le 9 mars 2007 : l’âge où paraît-il on cesse de lire Tintin. La fraîcheur irrésistible de sa musique semblerait plutôt prouver qu’il a 7 ans,…

De Dobet Gnahoré

Future diva panafricaine ?

Hasard symbolique : au moment même où devrait paraître cette chronique, la turbulente Ivoirienne doit décoller vers son Afrique ( » Na Afriki  » = mon Afrique) pour lui offrir la primeur de ce deuxième album, avant l’Europe et Haïti. (1) Son Afrique : ce possessif n’est pas ici qu’une métaphore amoureuse. En effet peu d’artistes peuvent se vanter à son âge (elle a moins de trente ans), de  » posséder  » aussi pleinement l’Afrique de tous les sons. Son talent s’est épanoui dans ce phalanstère fascinant qu’est le Village Ki-Yi d’Abidjan, dont son père Boni Gnahoré est le maître-tambour depuis…

Ce double album fait partie de la collection « African Pearls », que vient de lancer le prolifique producteur sénégalais Ibrahim Sylla. Collectionneur passionné, il a accumulé dès son adolescence dans les années 1970 des milliers de disques vinyle africains et cubains, et nous entrouvre aujourd’hui sa caverne d’Ali Baba. L’objectif de cette série est clairement de faire découvrir à un public international néophyte – celui de la « génération world » – des disques qui jusqu’ici n’ont fait l’objet que de rééditions à l’identique et à la présentation sommaire, s’adressant à un public d’initiés principalement africain. Une grande cause nationale… et musicale En…

Conforme à l’esprit de la très esthétique collection « Accords croisés » cet album est bien plus qu’un énième document ethnographique sur les Gnawa : un précieux moment musical. Au lendemain du Festival d’Essaouira 2006, cinq grands maâlems (maîtres) se sont réunis pour enregistrer dans une maison de Tamesloht. Le lieu n’était certes pas neutre : ce village fortifié du XIII° siècle, proche de Marrakech, est depuis longtemps un fief des Gnawa qui y fréquentent la zaouia (sanctuaire) de la puissante confrérie soufie Jazouliya. Cependant, comme le suggère le titre du cd, on est ici à l’écart des manifestations publiques – rituelles…

Entretien de Christine Avignon avec Marcel Salem

Humble héros des temps modernes, Marcel Salem, combat avec la musique pour seule arme, depuis ce jour de 1986 où le reggae « est venu à lui ».

The Buskaid Soweto String Ensemble

Initié en 1992 en Angleterre par la violoniste Rosemary Nalden, le projet Buskaid (de busk, qui signifie en anglais « faire la quête en jouant dans la rue ») a débuté comme un soutien aux musiciens de Soweto en difficulté. De 1997 à 1999, il a pris de l’ampleur, avec la fondation d’une école et d’un ensemble du même nom, en Afrique du Sud. Aujourd’hui, « The Buskaid Soweto String Ensemble » effectue des tournées dans le monde entier et a enregistré de nombreux CD.

Les images de l'article
The Buskaid Soweto String Ensemble © James Sparshatt
The Buskaid Soweto String Ensemble © James Sparshatt




Baagal Safrea (1). Ainsi s’intitule la création du grand koraïste malien Ballaké Sissoko et du groupe mauritanien Diddal Jaalal. Initiée par la fondation de Royaumont, en France, ce projet ambitieux est l’occasion de découvrir l’un des groupes les plus prometteurs de la scène mauritanienne.

D'Africando

Tout d’abord, il faut accorder une mention spéciale à Fatalikou, avec un morceau tout en douceur, mi-guajira, mi-boléro. Le groupe dédie son titre aux femmes qui aiment les enfants sans pouvoir en avoir. Pour le reste de l’album, il faut croire que le feu est toujours là. Au menu : salsa mandingue, rumba ou même guaguanco. On ne change pas une formule qui gagne. La référence incontournable de la salsa africaine n’est pas prête de s’éteindre. Ibrahima Sylla, le producteur, a bien saisi quel était le sens du vent, en misant sur une production complexe, éclatée entre l’Afrique, l’Europe et les…

De Bi Kidude

Après un Womex World Music Award décerné en 2005 et un film dirigé par Andy Jones bientôt à l’affiche, l’Allemand Werner Graebner, en faisant paraître La mémoire de la musique zanzibaraise, rend un nouvel hommage à la diva Bi Fatma Binti Baraka alias Bi Kidude. Ce surnom qui signifie « La petite chose » lui vient sans doute de sa petite taille et de sa fragilité apparente. À près de 90 ans, cette figure emblématique de la scène swahilie, qui fit ses premiers pas dans les années 1940, revient ici sur ses premiers amours en musique. À commencer par le taarab, un…

De Frédéric Galliano

Branle-bas de combat sur les dance-floors français où l’on découvre enfin l’existence du kuduro (prononcez koudouro). Ce mélange lusophone de semba, de kizomba et de techno house occidentale est apparu en Angola, il y a une dizaine d’années. Pour mémoire, le premier tube date de 1996. Il était signé Tony Amado et bousculait les plus conformistes du bled de Bonga sur la base d’un air de carnaval détourné. Pulsions percussives à fond les manettes…  » C’est énergique et il faut voir comment ça se danse. C’est trop déjanté, sans parler de la sensualité des corps  » avance un mordu. Kuduro, qui signifie…

1 24 25 26 27 28 50