Fo Niemi

Centre de recherches action sur les relations raciales
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Pas de dialogue culturel sans partage des espaces culturels : c’est à cela que se heurte encore la société québecoise.

 » Nous avons réalisé un sondage sur la représentation des minorités visibles au sein des radiodiffuseurs québécois. En huit ans, le taux de recrutement de minorités visibles ne dépassait pas 1% alors que ce groupe représente entre 9% et 12% de la population de Montréal. Un autre constat quand on regarde la programmation télévisuelle de cet automne, je vous invite à me parler d’un personnage de premier plan issu des minorités visibles raciales ! Ce genre de situation résume assez bien la réalité : une résistance à la diversité ! Une forme de racisme structurel et institutionnalisé au sein des industries de la culture et des communications. Les barrières sont systématiques et il faut trouver une autre façon de définir les enjeux de l’avenir.
Après trente ans, on ne peut plus dire que la diversité est un phénomène nouveau, ni dire que le Québec n’est pas encore prêt avec la présence d’ethnies à l’écran des télévisions québécoises. Avec la mondialisation et les voyages, c’est faux.
Il est essentiel de remplacer le concept du dialogue des cultures par celui du partage équitable des espaces culturels qui nécessite une redéfinition des rapports de pouvoir. Ce n’est pas un problème strictement québécois mais nord-américain parce que jusqu’à maintenant on voit encore une sous-représentation ou des représentations biaisées, surtout quand on parle de définition de la culture et des critères de subvention culturelle. Dans le cadre du partage équitable, la culture est en soi un espace de plus en plus réclamé et contesté dans lequel les minorités et les peuples autochtones clament leur place juste et bien méritée dans la redéfinition des cultures canadiennes et québécoises.
Avec ce genre de cadre conceptuel, peut-être pouvons-nous guider nos actions pour obtenir l’égalité raciale dans les arts. La notion d’antiracisme évoque les notions d’accès aux subventions, l’accès aux postes sur les conseils d’administration d’organismes tel que le Conseil des arts et des lettres du Québec, l’accès aux jurys de sélection. Il n’y a aucune intention de discriminer mais dans les faits, certaines agences créent l’exclusion des minorités. Après, si vous avez un bon produit à vendre, les consommateurs vont être là.  »

Fo Niemi : Co-fondateur et directeur général du Centre de recherches action sur les relations raciales depuis 1983. A siégé à la Commission canadienne des droits de la personne en 1991 et au Conseil d’Administration de la Fondation canadienne des relations raciales depuis 1996.///Article N° : 704

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