La bande dessinée y fait son apparition dans le magazine Ivoire dimanche. Plusieurs séries de Ferrant (Yapi, Yapo et Pipo en 1971) puis de Jean de Dieu Niazébo (Les aventures de Grégoire Kokobé en 1972) y sont publiées. En 1973, démarre la première grande série ivoirienne : Dago, paysan court et trapu, vêtu d’une culotte, d’un pagne et d’un parapluie parcourt Abidjan. Cette uvre de Appollos et Maïga, introduisait pour la première fois, le français populaire dans la presse. Dago allait faire l’objet d’un album en 1977. En 1978, Monsieur Zézé (de Lacombe) faisait son apparition. Celui-ci est un parasite urbain sans emploi, anti-héros par excellence, occasion pour l’auteur de se moquer des travers de la société ivoirienne. Lacombe publiera trois albums chez le Gabonais Achka avant de partir en Corse, où il publiera plusieurs ouvrages (en 1989, Ziu mémé chez Albiana, La contre-enquête en 2004). D’autres créateurs se font remarquer, en particulier les caricaturistes Jess Sah Bi (Imbécile et heureux en 1984, recueil de ses meilleurs dessins et Yao crack en math en 1986, album pédagogique avec Joséphine Guidy Wandja) ainsi que Pépé et Soumaïla Adigun (Le rêve de Denis Kangui, beau conte de Noël en 1983). Les années 90 verront la parution de Kouassi et Ouattara : deux destins (de Chaboud et Gnénébé aux NEA), Qui aurait cru qu’une femme (CEDA – 1996) de Dan N’Guessan et Youkoua Kouassi et deux ouvrages de sensibilisation aux Nouvelles Editions ivoiriennes (NEI) : Cap sur Tombouctou (1999) et Kimboo contre la drogue (2001). En 1999, démarre l’aventure du journal Gbich !. Création de Zohoré et de Illary Simplice, anciens caricaturistes de Fraternité matin, Gbich ! a fait rentrer dans l’imaginaire collectif, nombre de personnages mythiques : l’homme d’affaires cupide Cauphy Gombo (adapté à la télévision en 2000), le musculeux Zekinan, le corrompu Sergent Deutogo ou le petit Papou. Zohoré et toute l’équipe (Mendozza y Caramba, Bledson, Karlos Guédé Gou, Kan Souffle, Désiré Atsain mais aussi les Congolais Bob Kanza et Willy Zekid) marquent leur époque. Le groupe a également lancé deux autres titres satiriques, Go magazine et Kpakpata. Zohoré a publié deux recueils (Katoubou et Le sida et autres affaires le concernant en 1997) et un album (Cauphy Gombo, no pitié in bizness en 2003). Il est également président de l’association « Tache d’encre » et du Festival International de BD de Côte d’Ivoire (3 éditions, mis en place par l’entrepreneur culturel Olvis Dabley). En 2006, Zohoré lance « Afrika toons », studio spécialisé dans la réalisation d’animation 2D et 3D. Les dessinateurs se sont également engagés contre la guerre en sortant deux albums collectifs : Cultivons l’amour en 2002 et On va où là ? en 2006. En Europe, quelques auteurs sont publiés, en particulier par la coopérative italienne Lai Momo. C’est le cas de Titi Faustin avec Une éternité à Tanger, un album sur l’immigration de 2003 et La réserve en 2006. Chez le même éditeur, Bertin Amanvi a publié un ouvrage sur la sorcellerie en 2003 : Blolo Bian, l’amant de l’au-delà, thème repris par Gilbert Groud avec les deux tomes de Magie noire (2003 – 2008) chez Albin Michel puis Vent des savanes. On peut également citer Dranael (Boris chez Soleil, 2007) et Marc N’Guessan qui sont d’origine ivoirienne. Mais le plus gros succès reste celui de Aya de Yopougon, scénarisé par l’Ivoirienne Marguerite Abouet (ill. de Clément Oubrerie) qui a attiré l’attention sur ce quartier d’Abidjan. Abouet a récidivé en 2010 avec un album pour la jeunesse, Akissi, attaque de chat et un album sans lien avec le continent, Bienvenue.
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