Cinéma/TV

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Les familles face à la politique

Présenté en avant première au festival de Cannes, Nos frangins sort le 7 décembre 2022 sur les écrans français. Un film incisif et éminemment actuel, qu’il est intéressant de comparer avec la série Oussekine. « Et puis ces déchirures à jamais dans ta peau / Comme autant de blessures et de coups de couteau / Cicatrices profondes pour Malik et Abdel / Pour nos frangins qui tombent… » La chanson « Petite » de Renaud reprise au générique final de Nos Frangins donne la clef du film, celle des cicatrices. Il rappelle une vérité historique sur les « affaires » Malik Oussekine et Abdel Benhiaya…

Afriques en Vision est une manifestation qui met en lumière le cinéma indépendant africain. À l’initiative de Documentary Africa, Africiné, la Chaire Diasporas Africaines et en collaboration avec l’Institut des Afriques, du 1er au 4 décembre se tiendra l’événement dans les salles de Bordeaux et de Poitiers. Axée autour de journées de rencontres et d’échanges entre les professionnels du cinéma, les cinéphiles, étudiants, enseignants-chercheurs ainsi que d’autres petits curieux du grand écran, cette édition s’oriente vers le cinéma féminin d’Afrique et de sa diaspora. Une programmation qui met également la pluralité du continent africain à l’honneur, afin d’évoquer des enjeux…

Avec Zinder, la réalisatrice nigérienne Aïcha Macky s’est intéressée aux « palais », ces groupements de jeunes du quartier de Kara-Kara, de mauvaise réputation. Le résultat est remarquable (cf. critique n°15481) et le film a été vu et primé dans de nombreux festivals. Il est visible en replay sur Arte jusqu’au 1er février 2023. Entretien. Olivier Barlet : Vous êtes originaire de Zinder mais n’avez pas grandi à Kara-Kara : qu’est-ce qui vous a poussé à vous intéresser à ce quartier ? Aïcha Macky : Quand j’étais enfant, on racontait le quartier de Kara-Kara comme une fable. Un quartier où vivent des lépreux et…

Je suis Médée

En sortie le 23 novembre 2022 dans les salles françaises, le huitième film et premier long métrage de fiction d’Alice Diop est à la fois magnifique et complexe. Jusqu’ici, le parcours du film est un incroyable sans faute : en première mondiale au festival de Venise, il obtient le Lion d’argent, deuxième prix de la Compétition officielle, ainsi que le Lion du meilleur premier film. Egalement auréolé du prix Jean-Vigo qui distingue l’indépendance d’esprit et l’originalité d’un auteur d’avenir, Saint Omer accumule de festival en festival les distinctions et, suprême reconnaissance riche en signification pour un film mettant en scène…

Un parangon de la génération perdue

Présenté dans la sélection Un certain regard au festival de Cannes au mois de mai, où Adam Bessa à reçu le Prix d’interprétation, Harka sort en salles en France le 2 novembre 2022. Britannique d’ascendance égyptienne copte, Lotfy Nathan a grandi aux Etats-Unis et étudié les Beaux-Arts. Son documentaire démonstratif 12 O’Clock Boys (2013) a fait le tour des festivals, reçu le prix de l’artiste émergent de HBO et a servi de base à la fiction co-écrite par Barry Jenkins Charm City Kings (2020). Il est aussi l’auteur de spots publicitaires. Il prépare en outre une adaptation d’un évangile apocryphe…

La complexité reste confidentielle

En sortie dans les salles françaises le 26 octobre 2022, le nouveau film de Tarik Saleh a étonnamment obtenu le prix du scénario au festival de Cannes 2022. Navigant entre cinéma de genre et méditation politique, il intrigue mais peine à convaincre. Le Suédois égyptien par son père, Tarik Saleh est connu pour Le Caire confidentiel (The Nile Hilton Incident, 2017), un polar ou un inspecteur découvre les implications de proches du pouvoir égyptien dans le meurtre d’une jeune chanteuse. Outre ce succès en salles puis sur Netflix, il a également réalisé aux Etats-Unis un épisode de la série Westworld…

Aux Etats généraux du film documentaire de Lussas, du 21 au 27 août 2022, le séminaire « du politique au poétique » ainsi qu’un bon nombre de films nous permettent de mieux cerner comment le documentaire transgresse l’illusion que la réalité pourrait être saisie sans un véritable travail de cinéma. Hommage à Jean-Louis Comolli Une séance était consacrée à un hommage à Jean-Louis Comolli, grand critique, écrivain, théoricien et réalisateur disparu le 19 mai 2022, qui avait largement participé aux Etats Généraux. Animée par la philosophe Marie-José Mondzain, cette séance présentait Face aux fantômes, un film coréalisé en 2009 par Jean-Louis Comolli…

Le film Thiaroye 44, réalisé par Marie Thomas-Penette et François-Xavier Destors, coproduit par Public Sénat, sorti en mai dernier, est toujours visible sur France 24. Une manière d’explorer le passé et ses zones d’ombres et de les questionner au présent.  Thiaroye 44 débute sur un large plan fixe, sur une plage de Thiaroye, ville au large de Dakar au Sénégal, où des jeunes s’amusent, sans conscience aucune du massacre dont ont été victimes leurs ancêtres, appelée “ tirailleurs sénégalais”, en ce lieu, en 1944. C’est par les paroles de trois artistes que le spectateur va cheminer dans cette histoire. Par…

Allégorie de la perte

Présenté en clôture de la sélection ACID au festival de Cannes de juillet 2021 (reporté en raison de la pandémie de covid 19), le premier long métrage du Belge Simon Coulibaly Gillard sort dans les salles françaises le 12 octobre 2022. La bande de terre de Lahou entre fleuve, lagune et océan en Côte d’Ivoire dans la région des Grands-Ponts, est rongée par l’érosion côtière. Cela fait des années qu’on la considère comme perdue. Les derniers habitants déménagent sur le continent, les tombes du cimetière sont cassées pour que les corps soient déplacés, leurs objets soigneusement rangés… Simon Coulibaly Gillard…

Lorsque les corps parlent

Si la guerre d’Algérie a largement été abordée au cinéma, la question des Harkis ne l’est que très peu. L’initiative de Philippe Faucon est à saluer, d’autant que comme toujours, il marque par la justesse de son traitement et la pertinence de son propos. Présenté à la Quinzaine des réalisateurs du festival de Cannes, le film sort le 12 octobre 2022 sur les écrans français. Ce pourrait être un deuxième volet à La Trahison qui abordait déjà la question des « supplétifs » algériens dans l’armée française. C’est au Maroc dans la région d’Oujda, où est né Philippe Faucon, qu’il a tourné…

Le regard des enfants

En sortie sur les écrans français le 5 octobre 2022, le 12ème long métrage de fiction des frères Dardenne est un magnifique et déchirant regard sur des enfants pris dans les pièges de l’immigration. De film en film, les Frères Dardenne affinent leur méthode et présentaient au dernier festival de Cannes leur neuvième film en compétition, une performance. Ils ont déjà obtenu la palme d’or pour Rosetta en 1999 et L’Enfant en 2005, mais avaient aussi obtenu le prix du meilleur scénario pour Le Silence de Lorna en 2008, le grand prix du jury pour Le Gamin au vélo en…

Les esprits de réconciliation

En diffusion à minuit (!) le 21 septembre 2022 sur France 2, cet impressionnant documentaire a pu passer inaperçu. Il est cependant visible en replay sur france.tv jusqu’au 29 janvier 2023. Les réalisateurs du remarquable Kongo (cf. critique n°14941) persistent et signent : ce nouvel opus arrive comme un complément et un approfondissement à leur recherche au Congo-Brazzaville sur la guérison traditionnelle. Déjà, dans Kongo, un tribunal coutumier est convoqué pour juger l’apôtre Médard parce qu’on le soupçonne de sorcellerie. On retrouve ici ce tribunal qui devient le centre du film. « Nous ne sommes pas là pour défendre les sorciers…

Jubilatoire débrouille

En sortie sur les écrans français le 28 septembre 2022, La Cour des miracles traite du malaise des profs de banlieue sans être victimaire ou accusatoire. Il est certes sans illusion mais joue la carte d’une utopie jubilatoire bien ancrée dans le présent. Carine May et Hakim Zouhani avaient été sélectionnés à Cannes dans la programmation ACID en 2011 pour leur premier film autoproduit Rue des Cités (cf. critique n°10173). Ils sont revenus à Cannes en mai dernier pour présenter ce nouveau film en officiel à un cinéma de la plage plein de jeunes enthousiastes. Ils se saisissent ici du…

Entretien d'Olivier Barlet avec Tiziana Manfredi et Marco Lena

Tiziana Manfredi et Marco Lena travaillent activement à la classification et la restauration des archives audiovisuelles et cinématographiques sénégalaises, en liaison avec la Direction du cinéma sénégalais. Olivier Barlet : Vous avez deux activités conjointes et parallèles. Comment en êtes-vous arrivés là, et de quoi s’agit-il ? Tiziana Manfredi : Personnellement, je suis arrivée au Sénégal en 2003. Je suis artiste vidéaste et ai écrit un mémoire sur le rôle de l’art dans les cultes traditionnels comme pont entre le monde visible et invisible. Cela avait donc à voir avec mes recherches. Pour mieux connaître le territoire, je me suis…

Premier rendez-vous de la rentrée, le Festival des films de la diaspora africaine poursuit avec sa douzième édition l’exploration de l’expérience diasporique dans ses pluralités, avec une grande variété de films pour la plupart inédits en France, cette année avec une dominante sur le combat des femmes. Un bel élan avec le film d’ouverture : Voodoo MacBeth ! Nous sommes à Harlem en octobre 1935. Rose McClendon (interprétée par la magnifique Inger Tudor) et John Houseman dirigent la Negro Theater Unit du programme fédéral de théâtre financé par le New Deal de Roosevelt durant la Grande dépression pour pallier aux…

Témoignage de Malek Kellou, à propos de A Mansourah tu nous as séparés

Après des études de cinéma à Bruxelles et à Paris, Malek Kellou a travaillé, durant 30 ans comme réalisateur à France 3. Documentariste de cinéma, il a également réalisé plusieurs films éducatifs pour la jeunesse. Il prépare un film sur la décolonisation autour de la statue du Sergent Blandan. Dans ce débat organisé par le festival des films d’Afrique en pays d’Apt, animé par Tahar Chikhaoui et Olivier Barlet, et enregistré le 10 septembre 2021 à la Médiathèque de Roussillon dans le cadre de la Saison Africa2020, il revient sur son expérience documentée par le film de sa propre fille,…

Critique et entretien

L’intérêt suscité par le long métrage de Youssef Chebbi, Ashkal, à la Quinzaine des réalisateurs au festival de Cannes de mai 2022 invite à revenir sur son dernier opus, réalisé avec Ismaël, Black Medusa – un film lui aussi fascinant et mystérieux qui joue sur des références au cinéma de genre pour développer des thèmes originaux sans offrir les réponses aux questions qu’il ouvre. Critique et entretien avec Ismaël enregistré au festival des films d’Afrique en pays d’Apt en octobre 2021. Un conte en neuf nuits : cette définition donnée par le carton de départ plonge dans Les Mille et…

Le viatique d'un grand cinéaste

« Les petites gens, c’est important car ce sont les seuls gens conséquents, les seuls gens naïfs, c’est pourquoi le courage leur appartient. Ce sont donc ces gens-là qui n’auront jamais de compte en banque, pour qui tous les matins constituent le même point d’interrogation, ce sont des gens francs… C’est une façon de rendre hommage au courage des enfants de la rue… L’amour des enfants me pousse à défier les vieux, les corrompus et ceux qui sont nantis sans pour autant être nantis d’une âme. » Djibril Diop Mambety, août 1994 (entretien avec Vincent Adatte, Pardo News 10, Festival de Locarno,…

Des conférences de presse sont toujours organisées au festival de Cannes par le Fespaco de Ouagadougou (sur la plage du CNC) et les Journées cinématographiques de Carthage (au stand Tunisie). Quelques nouvelles à savoir, à mettre en perspective avec un état du cinéma maghrébin et les débats qui agitent le cinéma français, en écho à notre premier article « L’inquiétude de la profession et les fulgurances de l’ouverture ». Fespaco et JCC Alex Moussa Sawadogo, délégué général du Fespaco, a rappelé les nouvelles sections compétitives mises en place en 2021 : Perspectives (1ère et 2ème œuvres) et Burkina (longs métrages de fiction…

Suite des analyses des films touchant à l’Afrique vus cette année au festival de Cannes, après le premier volet « L’inquiétude de la profession et les fulgurances de l’ouverture » et le deuxième « la forme et le fond » qui porte sur les films historiques et pose la question du spectacle ou de l’épure. Les films qui s’imposent répondent à cette magie du cinéma qui fait, comme le disait Jean-Louis Bory, que « le cinéma est comme l’amour : il est plus que ce qu’il n’est ». Ils convoquent parfois des mondes étranges…  Etre davantage que ce qu’il n’est, c’est cette magie du cinéma qui…

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