La BD en République Démocratique du Congo : introduction

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La République Démocratique du Congo (RDC) est un vivier de talents reconnu dans le monde de la bande dessinée. À la différence d’autres pays d’Afrique, le nombre de dessinateurs de talent se compte par dizaine et impressionne toujours les professionnels européens qui viennent encadrer des stages sur place. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette situation exceptionnelle : seule colonie de la Belgique (le Rwanda-Urundi, ancienne colonie allemande, était un territoire sous mandat de la SDN puis de l’ONU), le Congo démocratique a été fortement influencé par son ancienne métropole. Dès 1948 apparaît dans des journaux locaux la bande dessinée Bob et Bobette, suivi par Les aventures de Mbumbulu dans les années 50 ainsi que plusieurs autres séries dans diverses publications, en particulier en 1958, Antilope, première série BD du continent noir (qui deviendra Sambole en 1971). En parallèle, les autorités religieuses créaient une annexe de l’Institut des Beaux-arts Saint Luc, annexe qui deviendra plus tard l’Académie des Beaux-arts de Kinshasa qui formera des générations entières de bédéistes, sans avoir de section spécialisée dans la BD. Après l’indépendance, le souffle ne retombera pas, avec en particulier la revue BD Jeunes pour jeunes en 1965 – créée par le futur auteur de romans policiers, Achille Ngoy – véritable coup-de-poing graphique pour des milliers d’adolescents. Dès la fin des années 70, Mongo Sisé était le premier dessinateur africain à effectuer un stage au studio Hergé. Par la suite, les guerres et l’invasion rwandaise ont bien sûr eu des répercussions négatives sur les conditions de vie des dessinateurs congolais, quelquefois menacés du fait de leurs activités de caricaturistes. Leur émigration s’accentue dans les années 90 avec les premiers troubles puis s’accélère au début des années 2000 avec l’installation en Europe de Masioni, Paluku, Al’Mata, Salla, Fifi Mukuna, Mombili… Ceci explique la situation paradoxale d’aujourd’hui : si la BD congolaise se porte bien en Europe avec une production régulière d’albums depuis plusieurs années : Pat Masioni (Rwanda 1994), Barly Baruti (Eva K. et Mandrill), Thembo Kash (Vanity), Hallain Paluku (Missy), Pat Mombili (Blagues coquines 21), Alain Kojélé (Vies brisées), le nombre d’albums commerciaux produits en RDC se compte sur les doigts d’une seule main depuis la fin des années 80. Les années 2010 et 2011 n’échappent guère à la règle. A coté de la réussite de l’album collectif Congo 50 (édité avec le soutien de l’ONG belge « Africalia » et de « AfriBD »), peu d’albums commerciaux ont été publiés dans le pays, hormis Akilimali à la rescousse de Flavien Ntangamyampi à Bukavu et Tchoutchou de Jérémie Nsingi. A l’étranger, par contre, le rythme est resté important. Serge Diantantu a publié pas moins de trois albums (!) cette année-là : le tome 3 de sa série sur Simon Kimbangu (Mandala édition sur Rouen), Grand père raconte nous le Congo (MYK à Brazzaville) et Bulambemba (Caraibéditions aux Antilles). De son côté, la fondation Tilder a soutenu une BD de Séraphin Kajibwami, Les diamants de Kamituga.

///Article N° : 10188

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