Le Chaos face à la censure

Entretien d'Olivier Barlet avec Khaled Youssef

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Coréalisateur avec Youssef Chahine de Le Chaos, le cinéaste et scénariste Khaled Youssef est venu présenter le film au Festival international du film de Dubaï de décembre 2007, Youssef Chahine n’ayant pu se déplacer pour raisons de santé. Il répond ici à nos questions sur leur collaboration et la réception du film en Égypte.

La première question est bien sûr de savoir comment va Youssef Chahine.
Son état de santé est stationnaire. Le problème est qu’il ne peut pas prendre l’avion, d’où son absence au festival de Dubaï.
Qu’est ce qui est important pour vous dans votre collaboration avec Youssef Chahine ?
Quand Youssef Chahine m’a proposé de collaborer sur Le Chaos, j’étais très impressionné. Ce n’est pas la première fois que nous avons travaillé ensemble : j’étais coscénariste et assistant réalisateur sur plusieurs de ses films, notamment Le Destin. Mais l’enjeu était de savoir comment trouver ma place comme coréalisateur auprès de ce grand monsieur.
Avez-vous hésité ?
Oui, mais Youssef Chahine a insisté. Le Chaos est finalement à 100 % un produit de Youssef Chahine mais aussi à 100 % un produit de Khaled Youssef : nous l’avons fait ensemble et le revendiquons chacun entièrement.
C’est un film très rentre-dedans. Chahine vous entraîne dans une aventure difficile à porter !
Une coréalisation avec un tel maître est déjà une aventure en soi ! En principe, en Égypte on critique le régime après sa chute et non lorsqu’il est encore au pouvoir, comme c’est le cas ici. C’est bien sûr le point délicat.
Comment a été reçu le film en Égypte ?
Il a rencontré un énorme succès qui a dépassé nos espérances. Il a été distribué sur 45 copies et les gens applaudissaient dans la salle ! Au niveau du régime, le film a provoqué des réactions bouillonnantes qui se retrouvent dans la presse progouvernementale et certaines déclarations.
Il n’y a pas eu pour le moment de décision de censure ?
Ils ont essayé de couper certaines parties. Ce sont des négociations que j’ai menées moi-même pour ne pas fatiguer Youssef Chahine qui est très sensible à la question. Ils ont du mal à interdire un film de Chahine et se sont donc concentrés sur des scènes précises. Finalement, nous sommes tombés d’accord pour couper dix secondes que nous avons remplacées par un noir bien identifiable pour les spectateurs qui savent ainsi où se trouve le passage incriminé.

///Article N° : 7212

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