Mortu Nega était un hommage à la lutte pour la dignité des combattants de l’indépendance. Les Yeux bleus de Yonta était un regard sur une communauté urbaine. Dans Po di Sangui, j’ai voulu rechercher mes origines. La tradition est une source d’inspiration pour la vie présente et pour comprendre ce que nous sommes devenus. Notre problème est de savoir quelle chemise prendre car dans les pays chauds, il ne s’agit pas de porter les mêmes manteaux qu’en Europe !
Nos films provoquent des débats. Le cinéma joue un rôle important en Afrique, le pourcentage d’analphabètes étant très élevé. Le public perçoit bien l’intention des fictions que l’on fait.
Nous ne pouvons comprendre la société moderne qu’en tenant compte de ses bases culturelles traditionnelles. Le retour au village que j’opère est une recherche d’inspiration. Nous n’avons pas de littérature écrite ancienne mais les statues, les tissages de nos pagnes nous portent également à réfléchir. Les morts restent proches de nous. L’aller-retour est permanent. L’interrogation des ancêtres est possible. Un malade s’interrogera sur ce qu’il a fait de mal : cela fait partie de nos traditions. Il ne faut pas que cela nous empêche de nous développer ni de maîtriser la science et la technique. Nous faisons partie du monde d’aujourd’hui et devons profiter de ses progrès, mais le fait d’utiliser une caméra, un travelling ou une table de montage, ne doit pas m’empêcher de m’interroger sur mon origine. Notre inspiration doit venir des aspects positifs de notre société, comme le disait Amilcar Cabral.
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