« Vous connaissez Tchicaya U Tam’si ? » Posée dans les rues de Brazzaville, la réponse devrait être évidente. Et pourtant : bien peu connaissent le plus grand poète congolais. Aucun ne l’a lu Et pourtant, ses mots ont tant à dire aux hommes d’aujourd’hui « Quand on est seul, on est fou ou poète : j’étais poète ». Comment filmer la littérature ? La dire ou l’évoquer ? Dans son précédent film sur Sony Labou Tansi, Léandre-Alain Baker avait multiplié les interviews, les alignant par bribes à l’américaine. Cette fois, heureusement, il prend le temps de souffler. Cette fois, il donne envie de mieux connaître l’uvre. Il explore les lieux, les images, va voir un voisin, se concentre sur quelques voix : le biographe de Tchicaya, Joël Planque, l’écrivain Robert Sabatier, sa cousine Aimée Gnali aujourd’hui ministre de la Culture et écrivain -, l’écrivain Frédéric Pambou Il tente de saisir ce Tchicaya « qui nous montre les plaies et les dérives du Continent ». Il s’attache à l’homme pour mieux saisir le sens de sa quête : « Je suis homme, je suis nègre, pourquoi cela prend-il le sens d’une déception ? » Il partage ses désillusions, cerne son repli, sa difficulté. Pour conclure avec la voix de Tchicaya, au nom de tous : « Pourquoi me priverais-je de parler ? »
2001, 52 mn, image : François Kühnuel, Assistant : Nicolas Bissi, Textes dits par Eduard Maunick et Matondo Kubu Turé.///Article N° : 2464