Fragments de vie

De François L. Woukoache

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En alignant en flashs les images colportées par les média et les bandes-dessinées, Woukoache poursuit ici sa réflexion sur les conséquences et la violence des modèles machistes amorcée dans La Fumée dans les yeux. Construit en trois parties et tourné avec un budget réduit, le film fait penser à l’époque du cinéma direct mais joue à fond la carte de la fiction. Il va jusqu’à orchestrer la vengeance d’une femme contre un commissaire qui avait tué son père lorsque celui-ci s’interposait alors qu’il cherchait à forcer sa mère. Utilisant ses charmes pour l’amadouer, elle l’assassine et l’émascule, déclarant le lendemain à sa mère qu’elle est guérie. Nous sommes au cinéma : le meurtre symbolique de l’Autre permet la reconstruction de l’image de soi. Et c’est sans doute le projet du film : explorer à travers des vécus individuels les voies et les impasses de la recomposition de soi. La caméra se rapproche des corps car c’est au plus profond de l’intime que cela se passe, dans la chair que les drames de l’Afrique sont ancrés. Sans proposer de solutions toutes faites moralistes ou sentencieuses, ces histoires qui s’entremêlent sont dramatiques mais ouvertes : elles se terminent par la possibilité du deuil, la guérison, le retour d’un père, le rétablissement de la relation. En fait, des idées simples mais complexes à mettre en action.

1998, 35 mm; 87 mn, Image : Bonaventure Takoukam, Prod. : PBC Pictures/Zala’men Prod. (+32 2 223 34 59, [email protected], [email protected])///Article N° : 2062

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