» Pourquoi as-tu créé les frères pour qu’à chaque génération revienne ce vent sec et cette soif ? » Surgissent aussitôt en nos têtes les images des génocides rwandais ou yougoslaves, de tous ces pays où les frères s’entre-déchirent. Dès son prologue, La Genèse, ce récit des aubes de l’humanité, est d’une poignante et douloureuse actualité. Mais il n’est ni Le soldat Ryan ni l’image misérabiliste des télévisions : il ne s’agit pas de seulement juxtaposer le témoignage et le recours à l’émotion pour écrire l’Histoire à la Spielberg. Ce récit ne se contente pas d’explorer l’humanité des origines, il ausculte les tréfonds de l’homme. Et y trouve la violence inhérente à la fraternité humaine. Son actualité n’est pas d’en faire le constat : elle est d’analyser ce qui tente de s’accomplir par la violence. Pour converger vers la solution.
C’est ainsi que La Genèse nous aide à répondre à cette lancinante question : pourquoi l’horreur ? Si l’univers biblique a séduit l’animiste Cheikh Oumar Sissoko, c’est par sa proximité avec le contexte agro-pastoral malien et les récents conflits avec les Touaregs. Mais c’est sans doute aussi par l’accent que met le récit sur les patriarches et leur aveuglement coupable. Le réalisateur y trouve l’occasion d’approfondir sa réflexion sur le pouvoir : familial et patriarcal dans Finzan, politique dans Guimba. Et d’y ajouter une dimension essentielle pour les temps présents : le dépassement du conflit.
1999, bambara, 35 mm, coul. 102 min. avec Sotigui Kouyaté, Salif Keïta, Balla Moussa Keïta, Fatoumata Diawara, Hélène Diarra.
Cf critique complète, synopsis et entretien avec Cheick Oumar Sissoko dans Africultures 18. ///Article N° : 2180