On retrouve dans Un soir de juillet la belle sensualité développée par la réalisatrice d’Avril et de Satin rouge : une attention pour les gestes et les corps respectant profondément ses personnages et sur laquelle peut se bâtir un langage. C’est après avoir fixé les va-et-vient des mains, les tentatives, les écoutes, les reculs, que la caméra pourra cadrer en gros plan le beau visage de la vieille chargée de préparer la jeune mariée pour la cérémonie. C’est après l’avoir suggéré par quelques remarques toutes en douceur que la connivence peut s’installer entre les deux femmes, et que l’impossible devient crédible : l’accueil de la jeune mariée en fuite chez la vieille dame impassible qui partagera son lit pour la cacher. La rupture s’opère quand la caméra quitte la procession nuptiale pour ne plus suivre que la vieille : c’est alors que la transgression est possible et que cette femme, malgré ses litanies sur le destin, se mettra à chanter joyeusement de sa voix éraillée. Cette fascination pour la transgression qui faisait déjà l’argument et l’intérêt de Satin rouge prend ici tout son poids de subversion.
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