Débats-forum Fespaco 2025 / 2 : Chloé Aïcha Boro parle de Les Invertueuses

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En compétition officielle, le premier long métrage de fiction de Chloé Aïcha Boro a déclenché des polémiques dans les débats et dans la presse. Le principe des débats-forum est pour les animateurs de donner la parole à la salle après avoir lancé les échanges. Des étudiantes et étudiants de l’université libre du Burkina Faso ont notamment participé au débat.

Annick Kandolo : Chloé Aïcha Boro a étudié la littérature à l’université de Ouagadougou avant de faire du journalisme. Elle a ainsi collaboré avec plusieurs médias avant de se lancer dans l’écriture. Elle est aujourd’hui écrivaine et réalisatrice. Ses films précédents sont des documentaires. Le Loup d’or de Balolé a obtenu l’Etalon d’or du documentaire au Fespaco 2019. Avec Les Invertueuses, elle aborde l’autonomisation et de la quête de liberté de la femme et à travers l’histoire d’une adolescente et de sa grand-mère. Au fond, l’écrivaine qui écrit des histoires a-t-elle influencé le passage à la fiction ? Ou bien serait-ce pour qu’une femme gagne également l’étalon de la fiction ?

Chloé Aïcha Boro : Les films documentaires, je les ai faits sans aucune formation. Avec le temps, j’ai appris à assumer le qualificatif de documentariste et réalisatrice. Écrivaine, j’ai mis longtemps à accepter ce terme car il y a des très grands auteurs et toi, tu es là, toute petite, toute minuscule, tu n’es pas grand-chose. C’est un grand qualificatif pour mes petites épaules.

Sinon, je n’ai clairement pas fait ce film pour qu’une femme gagne l’Etalon d’or de la fiction. Cependant, j’entendais dans une table-ronde une femme remarquer qu’aucune des statues de l’allée des cinéastes n’est une femme. En 57 ans, aucune femme n’a reçu l’étalon d’or. Que propose-t-on comme rêve à nos filles ? Soit on n’est pas capable et alors autant nous fermer la compétition. Soit il y a une erreur dans l’équation. Elle est où l’erreur ? Peut être au niveau de la formation des filles, au niveau de l’accès des filles à ce métier ?

Ma motivation à faire ce film est simplement à chercher dans le fait que je suis venue en vacances avec ma fille lorsqu’elle avait 16 ans. Aujourd’hui, elle en a 23 et c’est elle qui joue le rôle principal de Nati, la jeune femme. Elle avait avec sa grand-mère, qu’elle appelait Mamie Yaba, comme dans le film, une relation bienveillante inversée, essayant de l’encourager à s’affirmer. Ma mère est maintenant décédée mais ma fille était convaincue d’avoir découvert que sa grand-mère avait avec elle un monsieur de son âge. Je ne sais pas s’il y avait quelque chose. Ça ne m’intéresse pas de savoir. Mais cela me faisait rigoler de voir cette jeune de 16 ans dire à sa grand-mère : « Mais bien sûr que tu peux. Tiens, demain, on va au marché, c’est moi qui choisis le boubou que tu portes. Tiens, on va te faire coudre un nouveau boubou. » Je me suis dit qu’il y avait là une histoire à développer.

J’ai écrit ma première fiction il y a une vingtaine d’années. Et ce film, je ne l’ai toujours pas fait parce que je n’ai pas pu trouver le financement, ni le producteur. C’est un film d’époque, qui coûte cher. On m’a souvent rétorqué que je n’ai pas fait d’école de cinéma, jamais fait de fiction. On ne me faisait pas confiance. Cela fait des années qu’on me dit ça. Et un jour, j’en ai eu marre et je me suis dit que j’allais écrire une fiction et la tourner. J’ai écrit ce projet et ai commencé à en parler autour de moi. On m’a conseillé de passer d’abord par un court-métrage et de suivre tout le processus d’acquisition des financements qui prend des années. Or, moi, je n’aime pas qu’on décide pour moi, sinon j’ai l’impression de perdre le contrôle de ma vie.

Tout le monde m’a dit : « Ne le fais pas ! » Effectivement, je ne le referais pas ! Un documentaire sur fonds propres, c’est une très bonne idée. Une fiction à fonds propres, prenez vos jambes à votre cou, ce n’est pas à faire ! Je ne le savais pas, maintenant, je le sais ! Donc, j’ai pris tous mes deniers, qui étaient les montants des prix que j’ai reçus pour mes deux derniers documentaires, que j’avais mis de côté, et je me suis lancée, à corps perdu. Très vite, je me suis rendue compte que l’argent ne suffirait pas pour aller au bout. Beaucoup de femmes ont travaillé pour très peu d’argent. Une amie a dû m’envoyer de l’argent. Bref, aujourd’hui, ma coproductrice et moi, on est très endettées !

Ce scénario, je l’ai écrit toute seule, avec moi-même, dans mon coin, pendant trois mois. Je n’avais pas l’argent de payer un coscénariste, ou une consultante. J’avais juste un regard en face. C’était mon fils, il a 17 ans aujourd’hui. Il en avait 16 ou 15 et demi, je ne sais plus. À l’époque, il lisait et me faisait des retours. Ça m’aidait beaucoup à avoir un autre regard. Tout ça pour dire que c’est une sorte de passion qui nous dévore, qui ne laisse pas la place au vrai choix. Moi, j’ai plus l’impression d’être choisie par ce truc que je ne l’ai choisi ! Et c’est très bien, je le vis comme une chance !

Le film parle de l’autodétermination de la femme à disposer de sa vie, à disposer de ses idées, à disposer de son corps, de ses décisions. Et cela à travers l’histoire de cette grand-mère qui a encore des sentiments amoureux pour son amour de jeunesse, mais avec qui elle n’était jamais allée très loin parce que son père l’avait obligée à épouser un autre homme. Elle a fondé une famille, elle a eu des enfants, des petits-enfants. Elle est veuve, elle a entre 65 et 70 ans. Et elle a encore des sentiments et du désir. Et oui, j’assume de dire qu’à 65 ans, une femme peut encore avoir du désir, une femme peut avoir un corps qui parle encore. Et j’espère que vous allez en être choqués, vu que c’est le but !

En face, il y a sa petite-fille de 16 ans qui se bat pour que sa grand-mère puisse vivre cet amour avant de partir. Et cela dans un contexte d’avancée djihadiste, pour installer la notion de l’urgence. C’est maintenant ou jamais de trouver la force qu’elle n’avait pas trouvée à 20 ans de dire non à son père et de vivre pour elle-même. Moi, je suis mandingue et les Mandingues disent que la mort ne ferme pas les yeux d’un être en prenant l’âme d’un autre. Cela signifie que c’est de son vivant qu’il faut prendre sa part de vie. Quand on est parti, c’est fini. Kamel Daoud, mon écrivain préféré, dit cette phrase toute simple mais si belle et profonde : « Personne ne mourra à ma place, donc je ne laisserai personne vivre à ma place ». C’est vraiment de ça qu’il s’agit.

Quant à cette jeune femme de 16 ans, elle ne sait pas qui elle est. Elle sent juste que dans cette société, il y a une minuscule petite place, taillée sur mesure pour la fille et ensuite pour la femme. Et qu’il faudrait qu’elle rentre dedans parce qu’elle est dans ce corps de femme. Mais elle sent bien que ce n’est pas fait pour elle. Elle sent que son combat est ailleurs, mais elle ne sait pas exactement où est son combat. Elle a 16 ans, elle se cherche, elle se pose des questions sur elle-même. A 16 ans, on ne sait pas encore qui on est.

Olivier Barlet : Tu as déjà répondu à toutes les questions !

Chloé Aïcha Boro : Oui, c’est mon défaut ! (rires)

Olivier Barlet : C’est parfait parce que ça nous permet d’aller plus loin ! Effectivement, tout ce que tu dis là, en termes d’autonomie dans ta vie personnelle, c’est exactement l’histoire du film. C’est d’ailleurs annoncé au départ par un insert très fanonien : « Réalisez ce que vous avez à réaliser ! » Tu déclines peu à peu les thèmes, on voit même des jeunes manifester pour leur liberté de choix et c’est bien là le focus du film qui s’avère être une ode à la liberté, et notamment la liberté de la femme, laquelle se pose directement pour Mamie Yaba et Nati. Et pour la jeune femme, cela va jusqu’à la question de son propre genre. Je sais qu’il y a débat sur la chose. C’est normal : le cinéma est là pour bousculer un peu les gens, comme tu le disais. On voit dans nos débats-forum qu’au Burkina, comme dans plein d’autres pays, on pourrait dire dans le monde entier, la femme lutte pour prendre sa place, que les choses se disent avec le mouvement MeToo, et que les films en parlent. Cet environnement global permet de mettre les choses sur la table. Ton film va loin et ma question serait dès lors de savoir comment cela se passe pour toi à l’écriture : est-ce que tu hésites à aller aussi loin ?

Chloé Aïcha Boro : À l’écriture, non. En fait, je ne me suis pas beaucoup posée de questions au niveau de l’écriture. Au montage par contre, effectivement, je me suis encombrée de toutes ces questions : comment ça va être reçu, comment ça va être perçu, comment ce sera pour la société qui est la mienne. Je suis burkinabée et pas « d’origine burkinabée » comme l’a écrit un journaliste qui voudrait laisser supposer que je ne suis pas une bonne burkinabée. Eh bien non, je suis née à Dédougou, de deux parents burkinabés, et je suis aussi burkinabée que chacun d’entre vous. J’ai le droit de penser un peu différemment, cela ne me rend pas moins burkinabée. Mais en tout cas, concernant l’écriture du scénario, je me suis concentrée sur ce que j’avais envie de raconter, de quoi je voulais parler, ce qui me parle à moi, comment je vois le monde, et comment je retranscris cette perception dans un récit. Je me suis donnée la liberté et l’attitude d’écrire ce que j’avais envie de raconter. Ce faisant, je me suis totalement inspirée de ma fille. En fait, quand elle était petite au Burkina, il est arrivé que des gens la prennent pour un garçon. Elle aimait se couper les cheveux, et elle n’aimait pas qu’on lui mette des rajouts. Ma mère voulait lui en mettre, moi, je m’en fichais un peu. Et comme elle avait souvent les cheveux coupés, vous l’avez vu dans le film, cela lui faisait les traits un peu durs. Du coup, on l’a souvent prise pour un garçon. Je sais qu’elle s’est cherchée pendant longtemps. Ce n’est pas une question de sexualité mais d’identité de genre.

Dans le film, le flyer qu’elle consulte dit « girl or boy ». Et quand elle dit : « je souffre quand on me déforme », pour moi, c’est quand on l’oblige à rentrer dans un corps qui n’est pas le sien, donc une identité de genre. C’est-à-dire que c’est un garçon manqué. Mais c’est quoi un garçon manqué ? C’est quand on a 16 ans et qu’on est dans un corps de fille, et qu’en même temps, on n’a aucune envie de porter des jupes pour aller séduire des garçons, aucune envie de se mettre des cheveux comme tout le monde… Son combat est ailleurs. Cela parle de ce que la société donne comme définition d’une fille. Une fille, c’est ça : tu vas te faire belle, tu vas réussir à trouver un homme, à le séduire et à le garder.

Moi, j’aime beaucoup David Lynch et j’adore Mulholland Drive, où il y a mille interprétations possibles. Tout le monde a raison et tout le monde a tort. Eh bien mon film permet mille interprétations, permet plusieurs pistes, plusieurs façons de le recevoir. Tout le monde peut avoir raison et tout le monde peut avoir tort.

Aujourd’hui, ma fille est en couple avec un garçon, mais elle garde ce côté très masculin, et ne veut pas se laisser enfermer dans la place prédéfinie pour la femme. Je pense que le film parle de ça. Ceux qui ont dit que c’est un film sur l’homosexualité, pour moi ça n’est pas ça, sachant que je n’ai rien, strictement rien, contre l’homosexualité. Chacun dispose de son corps et fait ce qu’il veut avec. Le corps, c’est l’assignation à résidence. C’est-à-dire qu’on est dans un corps, on ne le choisit pas. Qu’on l’aime ou pas, qu’il soit malade ou pas, on est dedans, on doit faire avec. Il n’y a pas besoin que la société vienne ajouter une autre prison en décidant ce qu’on fait de son corps. Moi, je crois en la liberté de chacun de disposer de son corps. Ce film défend la liberté. Mon combat n’est pas d’empêcher les autres. Mon combat est de permettre aux autres de se réaliser. Je ne crois pas que le triomphe du féminin équivaut au déclin du masculin : je veux une société où chacun peut se réaliser. Ce n’est pas un combat des femmes contre les hommes, c’est un combat avec les hommes pour qu’on puisse tous se réaliser.

Olivier Barlet : Tu marques sur l’écran à la fin du film qu’il est dédié à ta mère « dont tu n’as pas su comprendre la soif de liberté ». J’imagine que cela a joué aussi dans l’écriture ?

Chloé Aïcha Boro : Ah oui, oui, c’est une façon de me faire pardonner, c’est une façon de me rendre compte que moi aussi j’ai joué le jeu de cette société beaucoup trop conservatrice, beaucoup trop carcérale. J’ai pris conscience de certaines choses et c’est une façon de demander pardon. J’ai souffert à Dédougou, à Ouaga, que les autres enfants aient des mères au foyer et que ma mère n’était pas au foyer. Je sentais bien qu’elle était marginale et perçue comme une demi-femme, parce qu’elle refusait de s’imposer un homme qui ne la rendrait pas heureuse. Elle assumait son célibat. Mais les autres enfants me taxaient de « fille de… » Et au lieu de leur en vouloir, j’en voulais à ma mère, ce qui était idiot. C’est elle qui avait raison. Et donc oui, je lui demande pardon quelque part avec ce film et avec cette dédicace. Je me rachète en quelque sorte. Et je veux, pour que ce rachat soit complet, participer avec mes filles à bâtir une société où la femme peut se réaliser et décider pour elle-même, au moins autant que l’homme. Un monde à 50-50. Et il n’y a pas de raison qu’on ait 2% du monde. On en veut 50%. Pas plus, mais 50% !

Question de la salle : Bonjour et merci, je suis père Zombre.

Chloé Aïcha Boro : Vous allez me tirer les oreilles, mon père ! (rires)

Père Zombre : Non, non, non. J’ai beaucoup aimé votre œuvre. Et je me dis que le questionnement que vous avez posé sur l’identité est un questionnement de tous les temps. Cela dépasse l’âge de l’adolescence, l’âge adulte ou l’âge d’un certain troisième âge. Parce qu’à chaque étape de la vie, l’être humain se pose la question : « qui suis-je ? » Et cela nous accompagne jusqu’à la fin. Et le « qui suis-je ? » n’a même pas commencé avec nous. Moi, je suis prêtre, et catholique. Jésus-Christ a commencé à nous poser cette question : « Pour vous, qui suis-je ? » La réponse d’un moment sera remise en cause plus tard, et ainsi de suite. Donc, c’est une vie en dents de scie qui montre que nous sommes perfectibles, jour après jour. Et il faut chercher à monter haut. Parce qu’il y a quelqu’un qui est plus haut, qui nous tire vers le haut. Donc, je trouve que c’est un questionnement de tous les âges de la vie.

Chloé Aïcha Boro, émue : Mais mon père, vous me donnez tellement d’espoir ! J’ai gagné mon festival ! J’ai gagné mon pari ! Entendre les mots que vous venez de dire dans la bouche d’un prêtre, au Burkina Faso, je ne sais pas quoi dire ! J’ai l’impression de rêver ! C’est inattendu. C’est un prêtre qui nous parle, qui comprend ces questionnements, qui ne condamne pas. Ça me touche à un degré, vous n’avez pas idée. Alors, je vais me ressaisir. Je vais me ressaisir. C’est juste que c’est tellement inattendu…

Père Zombre : Ma question serait de savoir quelle a été votre approche pour le casting de vos comédiens.

Chloé Aïcha Boro : J’ai cherché une vraie grand-mère. J’ai cherché. Je n’ai pas réussi à trouver. Je me suis même dit à un moment donné que j’allais assumer le rôle, mais cela aurait été totalement suicidaire pour le film. Je n’ai aucun talent d’actrice. Même si les maquilleuses ont tenté de faire ce qu’elles pouvaient, Mamie Yaba n’a pas le corps d’une grand-mère. Elle a 32 ans et elle est jeune et elle est magnifique. Du coup, dans la scène d’amour du film, sa jeunesse se dévoile… Comme c’est un film à tout petit budget, on n’avait pas les outils. On a fait un peu de VFX en post-production, c’est-à-dire qu’on a truqué l’image, on l’a vieillie à l’image après le tournage, mais si on regarde objectivement, ça se voit clairement que ce n’est pas une grand-mère, malheureusement pour nous ! J’avais lancé des recherches à Bobo, à Ouaga, au Mali, à Bamako, dans tous les réseaux africains à Paris, en Normandie, même dans d’autres pays européens en passant par Internet, on a mis des annonces en ligne, on est passés par les réseaux. J’ai bien trouvé des personnes âgées, mais ça ne collait pas. Le jeu n’était pas là ou physiquement ça ne collait pas. Ou bien les personnes âgées qui collaient physiquement n’étaient pas prêtes à aller jusqu’au bout.

Olivier Barlet : Tu tenais absolument à cette scène de nudité ?

Chloé Aïcha Boro : J’espère qu’il est clair que cette scène est un rêve. Donc on est parti du postulat que dans le rêve, on a le corps qu’on a. Dans le rêve tout est possible. On peut avoir son corps de 20 ans et son visage de 70 ans. Sinon, on aurait pu faire du VFX sur son corps aussi pour la vieillir

Question de la salle : Avez-vous déjà d’autres projets de films ?

Chloé Aïcha Boro : Un autre projet, qui s’appelle Démocratie. C’est une libre adaptation du soulèvement populaire du 3 janvier 1966. On n’a pas toujours été ce peuple qui est en train de reculer aujourd’hui au niveau de ses valeurs, qui aujourd’hui, au nom du fait de refuser ce qu’on appelle soi-disant la dépravation de l’ailleurs, on est en train de reculer au niveau des libertés. Le 3 janvier 1966, on a fait une révolution dans ce pays. Les femmes et les enfants devant, les hommes derrière, on est sortis et on a marché. Je n’étais pas née mais je le revendique comme si j’étais là. On est totalement capables de penser notre société et de la décider. Aujourd’hui, on est en train de reculer. Les Invertueuses, c’était le marchepied pour ouvrir la voie à Démocratie et on se bat pour ce projet.

Question de la salle : Pourquoi ce titre, Les Invertueuses ?

Chloé Aïcha Boro : Je pense que le mot n’existe pas ! Les Invertueuses parce que dans cette société ici, et c’est encore accentué avec les déplacés de guerre, on peut encore donner une fille de 15 ans à un homme de 65 ans, parfois juste pour le remercier, et ça ne choque personne. Et ensuite on me dit que si tu as 65 ans et que tu as encore des sentiments et du désir, alors c’est sale, donc c’est invertueux ! Ce film dit que non, la vertu ou la non vertu est dans le regard que l’on porte. Dans le film, c’est le matriarcat qui empêche d’autres femmes de s’émanciper et de se réaliser. Dans le regard de ce matriarcat, nos deux personnages, Mamie Yaba et sa petite fille Nati, sont des invertueuses, mais dans mon regard à moi, les invertueuses sont celles qui veulent empêcher l’une de se réaliser et l’autre de décider de sa vie. Je suis contente que ce soit un mot inventé. Je trouve que ça apporte encore plus de force que ce soit un mot inventé !


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