Femme de combat/Combat de femme 9 : Zara Moussa, rappeuse insoumise

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Avec la série Femme de combat/combat de femme, Africultures vous propose des portraits choisis de femmes. Elles utilisent leur art ou tout simplement leur voix, pour parler, montrer, décrire la place de la femme dans la société. L’occasion pour Africultures de compléter la thématique de son magazine interculturel Afriscope, consacrée en janvier et février à la question du féminisme.

Le hip-hop africain sévit aussi au féminin au Niger. Zara Moussa en est l’une des plus sémillantes représentantes. Auteure de deux albums, le dernier en date s’intitule Ma Rage. Résolument préoccupée par le sort de la femme sur le continent, ses textes sont truffés d’appel à la résistance. Rencontre avec une MC engagée.

Un retour aux fondamentaux. C’est ce qu’on se dit après écoute des titres colère, portés par la voix rugueuse de Zara Moussa, nouvelle voix du hip-hop nigérien. « Le rap, c’est la musique de ma génération, idéale pour attirer l’attention de tout le monde », dit la jeune femme. Pas de cérémonie, Miss Moussa a des messages à faire passer. « Je ne prétends pas faire quelque chose de neuf », tempère-t-elle, lucide. Consciente du risque d’enfoncer des portes ouvertes sur la condition des femmes au Niger, la rappeuse aborde ce mode d’expression dans sa fonction première. Parler des problèmes pour tenter de changer les choses et ainsi « éviter de répéter les erreurs de nos aïeux ».
Les femmes rurales, la difficulté de s’émanciper… Zara Moussa dénonce, mais le fait avec soin. Sa musique est relax, audible. « Pour que les gens puissent l’écouter. Ce que font les femmes. Les hommes aussi, ils me trouvent même courageuse. » Sa vocation n’était pourtant pas évidente. Née à la toute fin des années soixante-dix, la jeune femme grandit dans une ville très conservatrice, mais biberonnée à Tracy Chapman. Adolescente, elle découvre Tupac Shakur, MC Solaar et plus tard, The Fugees. Contest songs au cœur, tempérament trempé dans l’acier, cette guerrière du mot à de qui tenir. Issue d’une lignée de femmes fortes, Zara Moussa admet avoir eu la chance de pouvoir s’exprimer très tôt. « J’ai arrêté l’école. Quand je me suis lancée dans le rap, j’ai eu le soutien de ma grand-mère ! ».
À l’assaut des scènes du monde entier
Les concerts qu’elle donne aux Vieilles Charrues en 2012 font sensation. Sa carrière se déploie désormais entre le Niger et la France. À Niamey la bouillante, où elle réside en permanence, pas d’industrie discographique, pas un studio. « J’ai eu la chance de rencontrer [le label Caravan]. Ollivier Leroy a produit bon nombre des titres du dernier album », note-t-elle. Les guitares parfois maladroites alourdissent parfois les douze morceaux où Zara fait part de « sa rage, sa haine ». Pas de samples, tout est joué live. Les morceaux les plus convaincants sont ceux chantés en haoussa. « Ils racontent la même chose que ce que je dis en français : mes sœurs, réveillons-nous ! » comme l’incantatoire Prends le mic ou le titre éponyme Ma rage.
Sa musique, pourtant appréciée, ne nourrit pas encore son homme. En plus de ressources financières, Zara Moussa puise dans son boulot de cadre en marketing social, les thèmes au cœur de son album. Et prône très clairement l’égalité. « Mon disque est un cri. Les conditions de vie de la femme sont injustes. L’accès à l’éducation pour tous est essentiel », explique cette militante, concernée par les êtres humains en général. « Il ne faut pas mélanger égalité en droits et égalité des sexes. Chacun son rôle », complète cette maman de trois enfants. Rétablir l’équilibre grâce à la musique, telle est la mission de la MC. Que son message soit entendu.

Discographie :
Zara Moussa, Ma Rage, Label Caravan
///Article N° : 11357

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